Gouvernement intérimaire irakien : course contre-la-montre pour respecter
A l’approche du 30 juin, date fixée pour le transfert de souveraineté aux Irakiens une course contre la montre est engagée par l’émissaire de l’ONU en Irak, Lakhdar Brahimi, afin que cette échéance soit respectée.
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LE MATIN
26 Mai 2004
À 16:07
M. Brahimi qui se trouve en Irak depuis le 6 mai a pour mission de préparer une liste du futur gouvernement intérimaire qui détiendra le pouvoir entre le 30 juin et les élections générales prévues en janvier 2005 au plus tard. Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a rencontré mardi le Conseil de sécurité dans le but d’informer ses membres de la situation dans laquelle se trouve les préparatifs et les tractations pour former le gouvernement intérimaire irakien. Son porte-parole, Fred Eckhard a affirmé que personne ne peut prévoir si M. Brahimi respecterait l’échéance annoncée pour avoir la liste complète des membres du futur exécutif irakien à savoir la fin du mois de mai.
Trouver un consensus s’est avéré être une chose difficile vue les divergences qui existent entre les différentes composantes du paysage politique irakien et au fur et à mesure que la date fixée par l’émissaire onusien s’approche les marchandages deviennent plus difficiles.
Le gouvernement peut comprendre de 25 à 27 personnalités réparties selon le paysage politique et confessionnel de l’Irak. Le futur exécutif irakien doit comprendre un Président, deux vice-Présidents et un Premier ministre. Le Président devrait être sunnite, les vice-Présidents Chiite et kurde et le Premier ministre chiite. Le Washington postea affirmé dans son édition d’hier, selon des responsables irakiens et américains, qu’un scientifique chiite, spécialiste du nucléaire et emprisonné sous le régime de Saddam Hussein pourrait être le principal candidat au poste du Premier ministre. M.Hussain Shahristani, âgé de 62 ans et vue qu’il est sans affiliation politique peut servir de lien entre les différentes composantes politiques irakiennes. Il a d’ailleurs rencontré à plusieurs reprises l’émissaire onusien M. Brahimi.
Les Etats-Unis ont été obligés de demander l’intervention de l’ONU après que leur projet de transfert de souveraineté a été rejeté par le principal chef spirituel de la majorité chiite irakienne, Ayatollah Ali Sistani.
Un autre revers a été subi par Washington lorsque le conseil de gouvernement provisoire irakien, avait émis des réserves, mardi, sur le projet de résolution américano-britannique sur L’Irak, en raison du fait qu’il ne contient pas de date pour le départ des troupes étrangères.
Selon l’émissaire onusien en Irak, il est fort probable que la liste du futur gouvernement intérimaire irakien soit soumise à l’approbation des Nations unies, une option qu’il a considérée comme préférable à ce qu’elle passe par la coalition. Des divergences ont fait surface à plusieurs reprises entre M.Brahim et les Etats-Unis ce qui augure mal de la suite de ce processus si l’instance internationale et Washington ne réussissent pas à trouver un terrain d’entente maximal.
Toutefois les Etats-unis se trouvent aujourd’hui acculés à chercher l’aide des Nations unies qu’ils avaient boudé en ayant recours à la force contre l’Irak sans avoir son feu vert, il y a plus d’un an.
En ce qui concerne le statut des forces étrangères déployées en Irak des divergences sont apparues entre les Etats-Unis et leur principal allié la Grande-Bretagne. Dans un conférence de presse, le Premier ministre britannique, Tony Blair a affirmé que la décision en matière d’opérations militaires devait revenir aux Irakiens.
Le secrétaire d’Eta américain, Colin Powell a, pour sa part, déclaré que les forces de la coalition avaient le droit de se défendre même si leurs actions ne sont pas avalisées par les autorités irakiennes. Toutefois le vice-Premier ministre britannique, John Prescott, a affirmé, hier, qu’il n y a pas de désaccords entre Londres et Washington au niveau de la responsabilité militaire. Pour éclaircir davantage la situation, Le Premier ministre britannique a précisé, hier, que les décisions stratégiques finales seront du ressort du gouvernement intérimaire irakien et que la gestion des opérations militaires et sécuritaires restera du ressort de la coalition.
Colin Powell s’est dit confiant dans la possibilité de trouver des arrangements avec le futur exécutif irakien sur cette question pour coordonner entre ce dernier et la coalition. Des problèmes subsistent donc et risquent de prendre une plus grande ampleur ce qui porte à croire que la situation ne sera pas meilleure après le 30 juin qu’il ne faut pas considérer comme une date magique car beaucoup reste à faire et les cartes sont encore brouillées.