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Grand angle sur l'exposition régionale de l'artisanat : les artisans exposent leur production

Ils travaillent le bois, le cuir, le tissu, la soie, le fer, la laine, le verre. Ils sont artisans de tous bords et participent, jusqu'au 11 juillet, à l'exposition régionale de l'artisanat. Une manifestation organisée par les chambres d'artisanat de Raba

07 Juillet 2004 À 14:27


Dans artisanat, il y a bien le mot art. Et ce sont de vraies œuvres d'art, portant le cachet d'authenticité marocaine, qu'on a essayé de réunir pour cette exposition dédiée à l'artisanat marocain. Un domaine qui a relevé le défi de la modernité sans jamais rien perdre de son charme traditionnel.

Et il paraît que c'est un cliché usé, celui qui lie l'artisanat à la tradition. Mais il est vite écarté. "L'artisanat, ce n'est pas forcément le traditionnel, c'est plutôt le fait main", soutient ce jeune représentant d'une des plus grandes sociétés de tapisserie. Récemment certifiée ISO 9001, cette société continue à marier des principes bien de chez nous pour la confection de tapis à une technique importée. "L'artisanat n'avancera jamais si on l'emprisonne dans les bons vieux modèles. Rien ne nous empêche d'apporter quelques modifications tout en respectant l'esprit même de notre métier" continue Amine Majid, expert en gestion, mais que les problèmes du domaine ne laissent pas indifférent. "L'étiquette de secteur informel ne doit plus coller au domaine de l'artisanat" confie M. Majid qui fait partie d'une des sociétés qui ont opté pour le travail structuré avec tout un service de marketing qui lui permet de vendre à plus grande échelle.

Pourtant, ce n'est pas à ce genre de manifestation qu'ils rencontrent leur public cible. Les prix de tels tapis (fixés au m2 et selon les motifs choisis par le client), véritables chefs-d'œuvre dont la conception passe d'abord par l'outil informatique, restent hors de portée.

Ils ne sont vraisemblablement pas les seuls à ne pas s'attendre à réaliser de chiffre d'affaires à cette exposition. Un peu plus loin, une société de ferronnerie du bâtiment et de mobilier en fer forgé marque sa présence, sans plus. "Je ne sais pas si l'événement a été suffisamment médiatisé en tout cas sur les rares visiteurs qui font le détour, seuls deux ou trois peuvent être des acheteurs potentiels" explique, sourire aux lèvres, la responsable du stand. Et ce n'est pas pour autant qu'elle baisse les bras. Au milieu de lustres, de banquettes, de salles à manger, d'appliques…Elle attend encore ces "personnes de goût'' qui apprécieraient à leur juste valeur ces objets en fer plat, rond, martelé… Des produits qu'on peut marier avec du bois, du zellige ou du verre biseauté et qui durent toute une vie.

D'autres objets, plus fragiles mais tout aussi beaux, partagent cette attente de personnes averties. Sur le stand réservé à une des meilleures poteries du Maroc on affirme que "participer à ce genre de manifestation n'est intéressant que dans la mesure où ça nous permet de marquer notre présence. C'est l'occasion de voir de près l'accueil que les gens réservent à nos produits". De toute la fraîcheur de ses dix-neuf ans, Halima Rhalmi, qui travaille avec son père depuis deux ans connaît tous les secrets du métiers, ce qui évite à son père, de penser au problème de la relève. "La poterie est un art à part entière.

Malheureusement il ne rencontre de réel intérêt que chez les étrangers. Les Marocains se ruent sur la camelote croyant qu'elle durera plus longtemps" constate Halima. Mais tout n'est pas perdu pour elle. "Nous sommes sollicités pour participer à des expositions en Suisse, en Italie, aux U.S.A. et en Espagne avant la fin de l'année" affirme t-elle. Les soupières, beurriers, saladiers, tagines, et bien d'autres objets singulièrement marocains et qui coûtent entre 5 et 1300 dh feront le tour du monde avant la fin de l'année…

D'autres stands et pour ne pas perdre de temps ont choisi d'improviser des ateliers sur place offrant aux visiteurs l'image d'artisans qui répètent les mêmes gestes, inlassablement. Mais les visiteurs, probablement occupés à bronzer, se font rares à l'exposition. " Je ne viens pas avec l'intention d'acheter. J'ai entendu dire qu'il y avait une exposition par ici et je viens jeter un coup d'œil " confie une jeune fille qui est venue les mains libres mais avec l'envie de donner libre cours à son imagination.

D'autres par contre sont bien venues pour s'approvisionner. " La disposition des produits est parfois tellement décourageante qu'on n'a pas envie de demander les prix. J'aurais aimé m'acheter un caftan, ce sera pour une autre fois et certainement pas à une exposition " déplore Mahacine. Cela n'empêche pas l'exposition de rapprocher le Marocain de l'artisan marocain et de son œuvre qui lui demande attention, précision et innovation.

Rassemblés dans un espace à ciel ouvert, du côté du théâtre Mohammed V, ces spécialistes du travail manuel, ces " maniaques " du détail et de la finition resteront tout juste le temps de vendre affirme t-on du côté du département de l'artisanat de Rabat. Cela contribuera peut-être à franchir le pas vers la mise à niveau du secteur.
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