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Grand angle sur la Maison d'enfants Akkari : l'avenir entre les mains des bienfaiteurs

Moyens financiers insuffisants, retard scolaire, déséquilibre psychologique, avenir incertain. Ce sont les problèmes de la Maison d'Enfants de Rabat qui accueille 267 enfants. Ses responsables appellent les bienfaiteurs à accorder une importance particuli

21 Mars 2004 À 16:18

Le premier souci de ses responsables est d'assurer une ambiance sereine à ces enfants. Ainsi, on a ouvert récemment une bibliothèque, une vidéothèque et une salle informatique pour suivre pédagogiquement les enfants tout en les préparant à des domaines ou à des activités devenues aujourd'hui indispensables.

Les 267 garçons de l'orphelinat bénéficient de plusieurs ateliers : dessin, comptes, lecture, théâtre, chorale... Dans chaque salle où les garçons passent leurs journées, un éducateur se charge d'écouter attentivement les enfants et de les orienter dans leurs études et dans leur vie personnelle.

Chaque pensionnaire a un tempérament particulier. L'éducateur doit essayer autant que faire se peut de les comprendre et de participer à la résolution de leurs problèmes. « Je suis chargé de veiller sur ces enfants non seulement au niveau de leurs études, mais aussi au niveau de leur psychologie. Je connais le tempérament de chaque enfant.», explique un jeune éducateur. Il ajoute : « Le transfert d'un enfant d'un environnement à un autre crée un problème.

Il arrive qu'un enfant retourne ici après le week-end déçu à cause d'un problème dans sa famille. Notre rôle est de les aider à oublier leur malaise ». Dans sa classe, deux adolescents dessinent tout en bavardant. Trois autres essaient d'accrocher leur tableau sur le mur. Les sujets de leur dessin démontrent qu'ils sont optimistes et qu'ils nourrissent un grand espoir dans l'avenir : couleurs vives, fleurs, fleuves…

Certains, en dépit de leur jeune âge, parviennent à faire ressortir leur don. « J'aime bien les mathématiques et le dessin. Mais c'est le dessin que je préfère le plus. Je veux devenir un artiste peintre. C'est mon souhait le plus fort», s'exclame timidement Heddaoui Mohammed, 14 ans. Celui-ci est cardiaque depuis des années.

L'association de bienfaisance de Rabat est parvenue enfin à trouver le fond pour lui effectuer l'opération qui coûte 35000 dirhams. Ce sera en mois d'Avril prochain. Son ami Youssef, 14 ans, est originaire de Salé. Cela fait 7 ans qu'il vit à l'orphelinat d'Al Akkari. Ses yeux pétillant d'espoir en disent long. « Ma mère ne travaille pas. Ici, j'ai pu vivre et étudier. J'ai plusieurs copains. J'aime bien être ici».

Cependant, malgré leur enthousiasme, la plupart de ces enfants affichent un retard scolaire.

D'après Nawal Hakam, secrétaire générale de l'association, le premier problème que les éducateurs rencontrent est le niveau scolaire des élèves. On essaie de pallier cette difficulté par des cours de soutien. Mais, ce n'est pas suffisant.

Un psychologue vient deux fois par semaine pour participer à régler les conséquences du retard scolaire et aider les enfants à s'adapter avec leur environnement. Dans la salle des enfants entre 9 et 13 ans, Rafik attend le psychologue. «Il ment beaucoup et vole», explique une éducatrice. Rafik sourit angéliquement: « J'attends le médecin. C'est la deuxième fois que je le vois. Il m'a dit que je peux lui confier tous mes soucis pour qu'il me trouve une solution».

Les responsables de l'orphelinat veulent, en effet, que ces enfants soient normaux et équilibrés. Pour ce, ils organisent des sorties les week-ends et pendant les vacances au profit des garçons qui n'ont pas de familles et des enfants maltraités par leurs proches. « On interdit aux enfants maltraités ou exploités par leurs parents de sortir.

Le psychologue et l'éducateur prennent cette décision lorsqu'ils remarquent que l'enfant est traumatisé après sa rencontre avec sa famille. Il y a des mères prostituées, des mères mendiantes, des pères alcooliques…», annonce Fatiha El Hbabi, responsable administratif de l'orphelinat.

La secrétaire générale de l'Association de bienfaisance de Rabat est, en dépit de tout, confiante dans l'avenir.

Elle appelle les bienfaiteurs à accorder un intérêt particulier à ces enfants qui ont besoin d'aide et de soutien. Le problème des moyens financiers se pose avec acuité. Les dépenses sont lourdes : vêtements, médicaments,nourritures…Certs, on reçoit des dons et une subvention de l'entraide nationale.

Mais, l'orphelinat a beaucoup de charges. Les frais mensuels s'élèvent à 150000 dirhams. « Nous avons une liste des besoins. Nous préférons que le bienfaiteur se charge de l'achat. Ainsi, il saura l'importance de son action», dit Nawal Hakam.

On doit, également, penser au devenir de ces garçons après leur sortie de l'orphelinat quand ils obtiennent leur baccalauréat. Un bienfaiteur de Salé a déjà accueilli des garçons dans son institut gratuitement. Mais le plus dur reste à faire.

La Maison d'enfants Akkari en quelques chiffres :

- 12 éducateurs, une institutrice préscolaire
- 924 repas servis par jour
- 5 personnes dans la cuisine
- Une assistante sociale, un psychologue
- 2 dortoirs pour les petits enfants, 7 dortoirs pour les grands et les moyens enfants
- 2 réfectoires
- Un terrain de basket-ball et un terrain de football
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