Spécial Elections 2007

L'année noire du football égyptien

16 Mai 2004 À 16:41

Le football égyptien vit une année noire avec l'échec de sa candidature à l'organisation du Mondial-2010, qui survient après l'élimination des Pharaons de la Coupe d'Afrique des nations (CAN-2004) à Tunis et de ses deux plus grands clubs, Al Ahly et Zamalek, de la Ligue des Champions d'Afrique de football.
Les millions de fans égyptiens de la balle ronde n'ont plus pour cette triste saison qu'une seule consolation: s'accrocher aux dernières compétitions du Championnat arabe où deux des leurs, Zamalek et Ismaïly, sont encore en lice.

Les Egyptiens attendent un rebondissement en 2005, qui préparerait l'Egypte à de meilleurs résultats pour la CAN-2006, dont l'organisation est revenue au pays du Nil. Ils espèrent en outre que les Pharaons se qualifieront pour la phase finale du Mondial-2006 en Allemagne.

Le "zéro pointé" obtenu, samedi à Zurich (Suisse), à l'issue du vote du comité exécutif de la Fédération internationale de football (FIFA) pour l'organisation du Mondial-2010, face à l'Afrique du Sud (14) et au Maroc (10) a assommé l'opinion et les responsables.

Zéro
La presse d’hier en est encore toute retournée. "Rendez-vous compte, nous avons eu zéro !", titre en caractères gras sur huit colonnes, le quotidien “Al Akhbar”, qui retourne le couteau dans la plaie en sous-titre: "Le dossier égyptien n'a rien obtenu !".
Pour “Al Ahram”, "ce zéro est un choc, qui mérite qu'on réclame des comptes", tandis qu'El Gomhouria annonce avec amertume: "Résultat du Mondial: zéro".
Les responsables de la candidature égyptienne et les journalistes sont persuadés que leur pays a présenté un bon dossier technique, mais qu'il a été "trahi par la politique".
Le vice-président de la Fédération égyptienne de football (FEF) Tareq Ghenim proclame à nouveau dimanche dans “El Gomhouria”: "La FIFA (Fédération internationale du foot réitère les accusations égyptiennes contre les pressions politiques et les jeux secrets, loin des évaluations sportives", qui auraient présidé au choix du pays organisateur.

Début février, l'élimination des Pharaons au premier tour de la CAN-2004 à Tunis, après une défaite devant l'Algérie et un match nul devant le Cameroun avait déjà figé de consternation la communauté du football égyptien.
Elle avait provoqué la démission du directeur technique national Mohsen Saleh et de l'ensemble de son équipe et le départ, sous les quolibets, du conseil d'administration élu de la FEF, remplacé par un nouveau conseil désigné par le ministère de la Jeunesse et des Sports.

Prochain test: le Soudan

Les Pharaons ont ainsi ailleurs "touché" un nouvel entraîneur, l'Italien Marco Tardelli, ancienne vedette de la Juventus de Turin et de l'Inter de Milan. Il tente, non sans difficultés, de colmater les brèches pour monter une sélection nationale qui tiendrait la route pour le Mondial-2006. Il fera son premier test officiel devant le Soudan le 6 juin. Mais pour la plupart des commentateurs égyptiens, "le football égyptien a perdu ces dernières années de son lustre d'antan et il est profondément malade", selon le chroniqueur Achraf Mahmoud.

Un signe ne trompe pas: on compte peu de footballeurs égyptiens de niveau international jouant à l'étranger. Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Ali Eddine Helal, a affirmé devant la commission des sports de l'Assemblée du peuple (Parlement) qu'une partie du mal vient de ce que les "clubs sont plus forts que la Fédération et les joueurs sont plus forts que les clubs" dans le football égyptien actuel, contaminé par l'argent.

Une commission a été chargée de revoir l'ensemble des structures, y compris le statut des professionnels. Elle aurait carte blanche pour une "révolution" que tous les fans du football, ulcérés par les "humiliations successives" de leurs équipes, appellent de leurs vœux.
Copyright Groupe le Matin © 2025