L’Irak toujours à feu et à sang : Raids meurtriers de l’armée U.S. à Falloujah et Sadr-city
Dix personnes ont été tuées et 16 autres blessées dans un raid américain mené vendredi avant l’aube sur une habitation de la ville rebelle sunnite de Falloujah, selon une source hospitalière.
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MAP
08 Octobre 2004
À 16:17
“ Nous avons reçu dix tués et 16 blessés, dont neuf femmes ”, a déclaré à l’AFP le docteur Khaled Mohammad Nasser, de l’hôpital général de la ville située à 50 km à l’ouest de Bagdad.
Une cérémonie de mariage se déroulait dans la maison visée, a indiqué la même source, précisant que la mariée avait été blessée.
L’armée américaine a confirmé dans un communiqué le raid mené à 01h15 (jeudi 22h15), affirmant cependant avoir visé “ un repaire d’Abou Moussab al-Zarqaoui dans le nord-ouest de Falloujah ” où “ des chefs du groupe étaient réunis ”.
“ Ce raid a contribué à réduire la capacité du réseau Zarqaoui et à augmenter la sécurité en Irak ”, ajoute le texte.
“ Les raids visant Zarqaoui ont tué le mois dernier plusieurs chefs du réseau (...) dont l’adjoint (de l’islamiste) Mohammad al-Loubnani et son conseiller spirituel Abou Anas al-Chami, qui était le numéro deux du réseau ”, selon l’armée, qui précise avoir mené “ depuis septembre, plus d’une douzaine de raids contre des repaires de Zarqaoui dans Falloujah et sa région ”.
Le communiqué indique qu’un “ grand nombre de chefs du réseau Zarqaoui ont été tués ou capturés ” en septembre, dont des personnes qui voulaient perpétrer des attentats suicide.
Le groupe Tawhid wal Jihad (Unicité et guerre sainte) de Zarqaoui avait confirmé fin septembre la mort en Irak de Abou Anas Al-Chami et de Abou Mohammad Al-Loubnani, dans un faire-part publié sur un site internet islamiste.
Selon le texte, Chami était le responsable de l’organisme de la charia (loi islamique) au sein du groupe et non pas le numéro deux, cette fonction revenant “ à un Irakien d’Al-Ansar ” (Partisans).
Les appareils militaires américains bombardent presque quotidiennement Falloujah. Le dernier raid remontait à mercredi.
Les Etats-Unis ont mis à prix la tête de Zarqaoui, qui a revendiqué plusieurs attaques meurtrières et des enlèvements d’étrangers en Irak, pour 25 millions de dollars.
Trois personnes ont, d’autre part, été tuées vendredi avant l’aube par un missile américain alors qu’elles tentaient de poser une bombe dans le quartier chiite de Sadr City à Bagdad, selon un officier américain.
“ Il s’agissait d’un tir de précision à l’aide d’un missile ”, a déclaré le colonel Abe Abram, faisant remarquer que les trois hommes avaient été surpris en train de poser la bombe dans la rue.
A l’hôpital de Sadr City, un médecin, le docteur Mohammed Khoudaïr a indiqué que son établissement avait reçu les trois corps.
L’armée américaine multiplie les opérations ponctuelles dans le quartier acquis au jeune chef radical chiite Moqtada Sadr et qui abrite nombre de ses miliciens.
Bush persiste et signe
Faisant fi du rapport Charles Duelfer qui a conclu à l’absence d’armes de destruction massive avant le déclenchement de la guerre contre l’Irak, le président George Bush est revenu, jeudi, à la charge pour réaffirmer que la guerre était justifiée et que “ les Etats Unis sont plus en sécurité avec Saddam Hussein en prison ”.
“ Sur la base de toutes les informations que nous avons aujourd’hui, je crois que nous avons eu raison d’agir et l’Amérique est aujourd’hui plus sûre avec Saddam Hussein en prison ”, a déclaré M. Bush dans un communiqué avant son départ pour l’Etat du Wisconsin où il poursuivra sa campagne électorale.
Le président Bush a ajouté que le rapport a révélé des informations importantes sur les défis posés par Saddam Hussein qui détenait, a-t-il dit, “ le savoir, les matières, les moyens et l’intention de produire des armes de destruction massive et la possibilité de transférer ce savoir aux ennemis des Etats-Unis ”.
Le vice-président américain, Dick Cheney, a, pour sa part, indiqué que le nouveau rapport sur les ADM de l’Irak ne contredit pas la décision de Bush de déclarer la guerre ajoutant que le rapport a montré que Saddam Hussein avait l’intention de reprendre son programme d’armes de destruction massives une fois les sanctions internationales levées.
Selon le vice-président, Saddam Hussein a exploité le programme pétrole contre nourriture pour acquérir le soutien d’autres gouvernements pour la levée des sanctions et de ce fait, il n’y avait pas de raison de retarder l’invasion de l’Irak.
Réagissant pour la seconde fois aux conclusions du rapport de Charles Duelfer, Le porte-parole de la Maison Blanche a dit que «Saddam Hussein constituait une menace parce qu’il avait la volonté et la capacité de produire des ADM et tentait de contourner les sanctions imposées par les Nations Unies à l’encontre de son régime. ” Il a estimé que la décision de déclencher la guerre pour abolir le régime de Saddam Hussein a été pertinente puisque ce dernier constituait, après les attaques du 11 Septembre, “ une menace que les Etats-Unis ne pouvaient ignorer ”.
Critiquant l’administration Bush, le candidat démocrate, John Kerry, a ironisé en disant que “ le président des USA et son vice-président sont probablement les deux personnes au monde à ne pas reconnaître la vérité sur l’Irak ” faisant allusion au nouveau rapport Duelfer.
Le rapport, présenté mercredi devant la Commission Sénatoriale des Services Armés, a affirmé que l’Irak n’avait pas, à la veille de l’invasion américaine en mars 2003, de plan concret pour fabriquer des armes de destruction massive et que la capacité de Saddam Hussein en matière d’armement s’est affaiblie durant les quelque douze années d’embargo décrété par les Nations Unies.
Les observateurs estiment que le problème de l’Irak occupera une partie non négligeable du deuxième débat qui réunira Bush et Kerry vendredi soir à Saint Louis, Etat du Missouri.