«La Passion» du Christ de Mel Gibson : après la controverse… le succès
«La Passion» du Christ de Mel Gibson, qui va sortir mercredi prochain sur les écrans nord-américains, est la dernière oeuvre cinématographique d'une longue série consacrée à Jésus depuis plus d'un siècle, dont un certain nombre de films ont suscité polémi
AFP
21 Février 2004
À 19:59
A l'époque du cinéma muet, l'un des plus grands cinéastes de l'histoire du cinéma populaire américain, Cecil B. DeMille réalise «Le Roi des Rois» (1927), avec un sens du spectacle dont il a le secret. Ce film a donné le ton au genre biblique du cinéma et a profondément influencé de nombreux réalisateurs. Désireux, en effet, de modifier l'image un peu «eau de rose» associée à Jésus par certains catéchismes pour enfants, Cecil B. DeMille avouera avoir conçu le héros de son film comme un «vrai» homme, très «viril» et très autoritaire, souligne Jean-François Perreault dans «Jésus à l'écran».
Comme l'acteur et réalisateur australien Mel Gibson, Cecil B. DeMille a été confronté à une polémique sur la culpabilité des juifs dans la mort du Christ, à une époque où la société américaine était ouvertement antisémite. «Golgotha» (1935) du Français Julien Duvivier sera le premier film parlant sur la vie du Christ. L'acteur Robert Le Vigan portait un visage pâle et émacié et «se serait fait extraire deux molaires pour donner plus d'impact photographique à son personnage», écrit Perreault. Près de 30 ans plus tard, le marxiste italien Pier Paolo Pasolini crée une oeuvre magistrale, intimiste, «L'Evangile selon saint Matthieu» qui remporte en 1964 le prix spécial du jury au Festival de Venise.
Dans ce film, Jésus évoque davantage un leader politique de gauche qu'une figure mythique ou historique.
On retrouve un Jésus contestataire dans «Jésus Christ, Superstar» (1973), une transposition d'un opéra-rock, dans lequel Norman Jewison a transposé le contexte social des années 1970.
Jésus y est représenté comme le porte-parole des revendications formulées des jeunes hippies, tandis que le mélange de costumes antiques et contemporains crée une atmosphère étonnante.
Le Christ est aussi dépouillé de sa dimension divine dans le film très controversé de Martin Scorsese «La Dernière Tentation du Christ» (1988) dans lequel il est engagé dans une difficile quête spirituelle. Dans les pays où le film n'avait pas été interdit, les foules avaient violemment manifesté dans les rues et des menaces d'attentat avaient été proférées contre des salles de cinéma.
Dans le genre «péplum» très en vogue dans les années 1960, «Le Roi des Rois» (1961) de Nicholas Ray, est un remake très éloigné de l'oeuvre de DeMille. C'est une superproduction hollywoodienne, à l'action rapide, dans lequel le jeune Jeffrey Hunter avait été surnommé par les critiques «J'étais un Jésus adolescent». Des acteurs ont fortement marqué les films. Quelques-uns des spectateurs ayant vu celui de DeMille à ses débuts ont avoué avoir prié en évoquant le visage de l'acteur qui incarnait le Christ, H. B. Warner, selon Roy Kinnard et Tim Davis, auteurs de «Images divines: une histoire de Jésus à l'écran».
Le Suédois Max Von Sydow, dans «La Plus grande Histoire jamais contée» (1965) de George Stevens, «a mis tout son immense talent pour harmoniser son personnage avec le ton méditatif du film», relève Perreault.
Une brochette d'acteurs et chanteurs ont contribué à la renommée de ce film, parmi lesquels Pat Boone, Sidney Poitier et surtout John Wayne qui interprétait un centurion pendant la crucifixion.