La mosquée Al-Andalous : La sobriété du lieu
La mosquée Al-Andalous, située dans la partie " Adouat Al Andalous ” à Fès, est le monument qui a le plus attiré l'intérêt des historiens mérinides donnant lieu à une profusion de textes littéraires et spécialisés. Fondée en 245 de l'Hégire (859-860 J.C.) par Maryam Al-Fihrya, la mosquée Al Andalous, séparée par une rive de sa contemporaine Al Quaraouiyine, a eu, depuis le XIIIe siècle, une existence sobre et électique. Construite entre 1203 et 1207 ap. J.C, par un groupe d'Andalous émigrant à Fès, elle a été avant l'époque almohade une mosquée-Catahédrale mais surtout un lieu privilégié des hommes politiques comme Hamid Ibn Hamdan Al Hamadani, gouverneur de Fès (321 de l'hégire/933 ap. J.C.) et de Allal le Fatimide, le conquérant de la ville.
Les luttes d'influence qui se poursuivaient au nord du Maroc entre les Fatimides de Kaïraouan et les Omeyades de Cordoue, ont aidé la mosquée à prendre de l'ampleur. Elle devint l'un des grands sanctuaires des quartiers avoisinants (Bab Ftouh, Bab Elkhoukha, Rcif, Bin lamdoun…). Mais aussi un monument historique prestigieux.
Certes, c'est grâce aux bons soins du calife omeyade que la mosquée fut complétée d'un minaret (345/956 ap. J.C.), couvert de sculptures sur plâtre et d'un sanctuaire composé de six nefs recevant de l'eau en abondance par une rigole, le canal Masmouda, dit saguiat masmouda. Abou Youssef Yacoub, le troisième calife, construit pour sa part, en bois de cèdre, la grande porte monumentale de Bab Lahfa, la fontaine sur la galerie nord, l'entrée des imams et la salle d'ablution. Dans le mur, au fond de l'oratoire à gauche, se trouve un vaste placard d'une menuiserie commune surmonté d'un paneau sculpte : c'est la bibliothèque mérinide fondée en 816 h (1415 J.C.) par Abou Saïd Othman III Ibn Abou Salem, l'un des derniers sultans.
Ainsi, la mosquée Al Andalous est, à l'exception de son minaret, une œuvre du quatrième calife almohade An-Nasir. L'empreinte mérinide touche le sanctuaire restauré au début du XIIe siècle par les Almohades et la fontaine du Sahn.
Toutefois, le sultan Alaouite Moulay Ismaïl avait cherché à rehausser l'éclat du lieu en y réparant le tympan et la corniche en bois de la fontaine mérinide. Le nom du Souverain figure encore sur l'inscription cursive de la fontaine.
La mosquée est érigée sur 3.345 m2. Tout fidèle peut y pénétrer en choisissant l'une des sept portes. L'entrée principale est Bab Lahfa (porte des pieds nus). Elle est faite de bois et de fer forgé. Monumentale, sa forme, souligne-t-on, est unique pour une mosquée.
Les autres portes sont Bab Al Yasmina qui donne sur le patio et la fontaine, Bab Assbaayyin sur la salle des prières, Bab Oued Aboud, Bab Assamaa, Bab Assalihin et une entrée réservée aux femmes. Le Sahn (cour et patio) , entouré d'arcades, est trapézoïdal.
Il est le chemin qui mène à la salle des prières et à l'oratoire. Passant par les galeries carrelées de zellij, le regard croisé au milieu d'une allée une vasque lobée en marbre blanc. La salle des prières est constituée d'une quinzaine de nefs et possède deux bibliothèques en bois sculpté. Le Mihrab, riche en sculpture sur plâtre, se trouve au-dessous d'une coupole ornée de claustras magnifiques.
La mosquée Al Andalous comprend, derrière le mur du Mihrab, une série d'annexes. Par une porte située à droite du Mihrab, des escaliers mènent à la mosquée des morts. Le souci était de concilier le désir de prier sur les morts tout en ne souillant pas l'oratoire par la présence impure d'une dépouille.
Des documents attestent que les mosquées des morts sont rares dans l'Islam occidental et sont aujourd'hui à peu près inconnues en Orient. Au Maroc, c'est à Fès que ces mosquées demeurent, et la mosquée Quaraouiyine est à l'origine de cette tradition locale. La mosquée Al Andalous, grande œuvre architecturale, vivait délabrée (fondations érodées, mauvaises étanchéité, canalisations vétustes…).
Et tombait presque dans l'oubli. Cependant, en 1998, le ministère des Habous et des Affaires islamiques a alloué 11 millions de DH pour sa restauration et sa rénovation. Aujourd'hui, rénovée, la mosquée reçoit, depuis le mois de Ramadan dernier, des fidèles.