La pollution à l'intérieur des habitations rurales : la fumée que dégagent les combustibles contient un mélange toxique

La fumée épaisse et âcre qui se dégage des fourneaux et des feux de cheminée est associée à quelque 1,6 million de décès annuels dans les pays en développement – ce qui correspond à une vie perdue toutes les 20 secondes. Dans près de la moitié des familles de la planète, on continue à cuire en utilisant des combustibles solides - bouse de vache, bois, résidus agricoles ou charbon. La fumée que dégagent ces combustibles contient un mélange toxique de particules et de substances chimiques qui pénètrent dans l'organisme en augmentant de plus de 100% le risque de maladies respiratoires comme la bronchite et la pneumonie.


Pour ce qui est de la concentration domestique des polluants dangereux pour la santé, un fourneau à bois courant dégage sept à 500 fois plus que les limites admissibles de monoxyde de carbone et d'autres substances nocives (voir le tableau à la fin de la déclaration).

Chaque jour, pendant des heures, les femmes rurales et leurs enfants respirent des fumées à domicile en dépassant de loin les normes de sécurité internationale. Selon l'étude sur les perspectives énergétiques mondiales, la quantité de fumée dégagée dans les habitations équivaut à la consommation de deux paquets de cigarettes par jour ; pourtant ces familles n'ont pas le choix : il faut ou bien utiliser ces combustibles ou bien renoncer à manger.

Les femmes et les familles rurales paient déjà un lourd tribut économique pour pouvoir entretenir le feu. Jusqu'à trois matinées par semaine sont consacrées au ramassage du bois par exemple, ce qui prive les femmes pauvres de la possibilité de mener des vies plus productives ou d'avoir un emploi rémunéré pour compléter le revenu familial, et d'améliorer le niveau de vie ainsi que l'état nutritionnel et la santé. Dans la région du Darfour au Soudan, la corvée de bois est même particulièrement dangereuse: de nombreuses femmes qui ont quitté les camps de réfugiés pour ramasser du bois ont été violées, enlevées, brutalisées ou même massacrées.

Alors que peut-on faire pour mettre fin à la pollution domestique ? La recherche de solutions plus propres constitue le principal défi. Ce sont le gaz, les combustibles liquides et l'électricité qui offrent les meilleures perspectives. Bien qu'aujourd'hui, ces sources d'énergie proviennent généralement de combustibles fossiles, ce ne sera pas nécessairement le cas à l'avenir lorsque les énergies renouvelables permettront de mieux ménager l'écosystème naturel. Par ailleurs, les gouvernements, la communauté des organisations d'assistance, la société civile et les autres partenaires clés peuvent reconnaître que la fumée à l'intérieur des habitations porte gravement atteinte à la santé des femmes rurales et de leurs enfants et agir en conséquence.

Il y a deux ans, au Sommet mondial pour le développement durable à Johannesburg, le partenariat mondial pour l'air propre à l'intérieur des habitations a été lancé avec l'appui de l'OMS et de la communauté internationale. Un réseau de plus en plus étendu d'experts et d'organisations relève le défi en trouvant des solutions novatrices et abordables permettant d'utiliser des fourneaux et des combustibles plus propres ainsi que des hottes. L'application de ces solutions suppose la mise en place de marchés viables et durables comme ceux qui ont été crées par le Rural Energy Challenge for LPG delivery and consumption, un partenariat regroupant le secteur public et le secteur privé et notamment le PNUD qui a également été mis en place par le Sommet mondial. Mais ce n'est qu'un début.

L'OMS a récemment publié le premier Atlas complet de la salubrité de l'environnement des enfants pour attirer l'attention de l'opinion sur la réduction du problème de la pollution de l'air domestique et sur d'autres questions de salubrité de l'environnement. Il faut se préoccuper tout autant de cet ennemi sournois et silencieux que des autres grandes causes de mortalité.