La vocation arabe du Maroc

Dans le cadre de la haute commission mixte, la visite officielle en Egypte a été marquée par une série d'entretiens que le Souverain a eus avec le président Hosni Moubarak. Ils ont porté, outre le renforcement de la coopération bilatérale et la signature d'une série d'accords, sur les questions régionales et internationales. La question palestinienne et les développement de la situation en Irak ont occupé une place privilégiée parce qu'ils mettent au défi, sinon à l'épreuve l'unité du monde arabe.

Les deux chefs d'Etat n'ont pas manqué, au demeurant, de souligner leur convergence sur ces deux sujets majeurs où l'ONU mais aussi la communauté mondiale se sont engagées à favoriser une issue qui tienne compte des aspirations des peuples palestinien et irakien.

Cependant, au-delà de la visite elle-même du Souverain en Egypte, au-delà de la réaffirmation solennelle de l'amitié traditionnelle entre les deux pays, il y a lieu de souligner leurs poids respectifs sur la scène arabe et internationale et leur statut de pôles complémentaires, l'un au Machreq l'autre au Maghreb. D'un point de vue strictement géopolitique, le Maroc et l'Egypte n'ont jamais cessé de constituer deux voix écoutées, sollicitées et même pressées d'intervenir. Aux yeux de l'opinion mondiale et des dirigeants des autres Etats, ils incarnent la sagesse et la vertu du dialogue. Ils sont des interlocuteurs à la limite incontournables pour ce qui relève de la Palestine et du monde arabe.

C'est que la vision de S.M. le Roi Mohammed VI, inscrite dans une culture où se conjuguent éthique et clairvoyance, donne au concept de solidarité sa pleine mesure. Sur les traces de feu S.M. Hassan II, il continue l'œuvre qui a fondé notre politique arabe, où la sagesse et l'engagement positif constituent les deux piliers emblématiques. Plus de trente ans d'efforts pour préserver les aspirations légitimes du peuple palestinien, tout un déploiement d'actions diplomatiques – parfois officieuses – pour ouvrir la brèche du dialogue, l'organisation sur la terre marocaine de nombreux sommets arabes et islamiques, mais aussi des campagnes d'explications internationales ! Il n'est pas un discours de S.M. Mohammed VI où, abordant le volet de la politique étrangère, il n'ait fait clairement appel à l'application des droits du peuple palestinien, où le Souverain n'ait dénoncé la répression de ce dernier par le gouvernement israélien. Autant dire que la Palestine, comme aussi l'Irak sont au cœur – c'est un euphémisme – des préoccupations de S.M. le Roi.

Après l'Egypte, le Souverain s'est rendu en visite d'amitié fraternelle à Abou Dhabi au cours de laquelle il s'est entretenu avec SA Cheikh Zayed Ben Soltane Al Nahyane, président des Emirats Arabes Unis. Plus qu'une visite symbolique, elle a illustré le parfait climat d'entente entre nos deux pays et a donné l'occasion aux deux chefs d'Etat de procéder à un large tour d'horizon où, encore une fois, l'identité de vues a été soulignée sur les questions arabes et internationales.

Le Souverain et son hôte ont conforté le projet de mise en œuvre de l'accord de libre-échange et souhaité que, d'un côté comme de l'autre, les entreprises des deux pays s'inscrivent dans cette dynamique et mettent à profit les immenses opportunités qui leur sont offertes.

Il convient de souligner, à cet égard, que les Emirats Arabes Unis constituent non pas cet "Emirat-mirage” caricatural qu'une certaine presse occidentale s'est évertuée à nous présenter, mais bel et bien un Etat avancé dont la position sur l'échiquier mondiale en dépit de sa taille, demeure marquante. Et le Souverain ne s'y est pas trompé en se rendant par la même occasion à Jabal Ali, port et zone franche où se conjuguent modernité et prouesse économique, sorte de Sillicon Valley et plateforme de commerce, d'industrie et de services.

Avant de regagner le Royaume, le Souverain s'est rendu en Arabie Saoudite pour quelques heures et a accompli à la Mecque le rite de l'Omra. La tournée Royale au Proche-Orient, marquée par une série d'entretiens d'une capitale à l'autre des trois Etats visités, a illustré d'une part l'amitié qui nous lie aux trois peuples égyptien, émirati et saoudien et, d'autre part, conforté la vocation arabe du Maroc.