Laylat Al Qadr, la nuit sacrée du Ramadan : Prélude à une grande fête annonçant la fin du mois sacré
Le jeûne du Ramadan n'est pas seulement conçu comme un état de pureté et de sacralité, mais comme un processus de purification qui progresse pendant le mois. Ce processus atteint son apogée lors de la nuit sacrée de « Layat Al Qadr », la nuit entre le 26
LE MATIN
08 Novembre 2004
À 15:25
Laylat Al Qadr, la «Nuit du Destin», «la Nuit Grandiose» ou «la Nuit du Décret», est également appelée la « Nuit de la Détermination », ou « Nuit de la Destinée ». Cette nuit est considérée comme étant sacrée, car c'est lors de cette nuit que le Prophète Mohammed a reçu les premières révélations de Dieu. C'est lors de cette nuit sacrée que «le Saint Coran est descendu sur terre». Autrement dit, Laylat Al Qadr est la nuit pendant laquelle survint la première révélation du Coran. Selon le Coran, Allah définit au cours de cette nuit la course du monde pour l'année à venir. «Au nom d'Allah, le Clément et le Miséricordieux. Nous avons fait descendre le Coran dans la nuit d'Al Qadr.
Qui te fera connaître ce qu'est la Nuit d'Al Qadr ? La Nuit d'Al Qadr vaut plus que mille nuits. Dans cette nuit, les Anges et l'Esprit descendent avec la permission d'Allah, portant ses ordres sur toute chose. La paix accompagne cette nuit jusqu'au lever de l'aurore ». ( Sourate XC – VII). La compréhension de ce texte et des bienfaits qu'il sous-entend est laissée au degré de recevabilité de chaque homme en fonction de ce qu'Allah aura bien voulu lui faire connaître. Durant cette nuit sacrée, il est recommandé de prier à la mosquée durant toute la nuit et de réciter le Coran en entier.
Cette exercice permet de se rapprocher du Transcendant et de Dieu, durant cette nuit pendant laquelle les portes du Paradis sont ouvertes. Il est raconté que les personnes très pieuses peuvent même apercevoir ces portes en regardant le ciel lors de cette nuit. Les Anges porteurs de miséricorde et de paix viennent alors sur terre et les démons sont enchaînés. Dans les maisons, on brûle de l'encens pour accueillir les Anges. Tout acte pieux accompli durant cette nuit (prières, récitations du Coran, actes de générosité) aura une portée inégalée pour celui qui le réalise. On dit que le mérite religieux sera multiplié par mille. C'est pourquoi cette nuit est considérée comme étant meilleure que mille mois. Durant cette nuit grandiose, tous les péchés commis par les jeûneurs durant l'année précédente sont effacés, et les vœux demandés lors de cette nuit seront exaucés.
On l'appelle aussi la «Nuit du Destin», car c'est apparemment durant cette nuit que se décide la destinée de chaque individu pour l'année qui va suivre. C'est aussi durant cette nuit que Dieu détermine le bien et le mal de l'année qui suivra comme la pluie et le beau temps, la vie et la mort, etc.
La « Nuit de la Destinée » est le prélude d'une grande fête annonçant la fin du mois sacré. Lors du jour précédant Laylat Al Qadr, il est dans la coutume du Maroc d'initier les jeunes enfants pré-pubères à un premier jour de jeûne. Cet accomplissement est souligné par une petite fête de félicitations pour l'enfant. On habille les fillettes comme les mariées et on leur offre une datte et du lait pour la rupture du jeûne. Cette même nourriture symbolique est également offerte à la future mariée. La cérémonie célébrant leur premier jour de jeûne est beaucoup plus importante pour les filles que chez les garçons, car elle est la première occasion de marquer le développement de leur identité religieuse.
Pour les garçons, la circoncision est le premier marqueur. Quand une personne commence à jeûner, cela confirme qu'elle est assez âgée pour avoir la responsabilité d'être membre à part entière de la communauté musulmane. Pour beaucoup de Marocains, le Ramadan est le mois des souvenirs de l'enfance : la fête, le regroupement familial, les longues veillées, les sucreries et les cadeaux. C'est le mois de la nostalgie du bon vieux temps. Comme d'ailleurs durant toutes les soirées du Ramadan, la rupture du jeûne occasionne une fête familiale ce soir-là. Les repas sont des grands festins partagés avec la grande famille et les amis. L'enfant qui jeûne pour la première fois, on le gâte en lui réservant une table spéciale en son honneur.
Pour lui, on prépare les plats traditionnels les plus appréciés, souvent des spécialités familiales ou régionales. Souvent entouré de ses invités de marque de son âge, il bénéficie de toutes les largesses qu'une maman peut accorder à sa progéniture. Certaines familles font même appel à l'animation musicale assurée par le groupe ou l'orchestre du quartier. Juste après la rupture du jeûne, l'on procède au maquillage de la « petite mariée » et à son habillement. Vêtue d'un caftan traditionnel, arborant de précieux bijoux et chaussant des babouches, elle se laisse emporter par le jeu de photos souvenirs. Parfois, les gens s' offrent des « neggafates» pour s'occuper de l'embellissement de leurs enfants. Les garçons portent souvent des djellabas ou des « jabadours » (chemises et pantalons traditionnels).
Les familles qui disposent de moyens de locomotion sortent du quartier et se promènent avec leurs enfants dans les principales artères de la ville. D'autres se contentent de faire un tour dans le quartier en passant par le studio de photographie. La soirée s'achève vers minuit avec un dîner copieux offert pour la circonstance à tous les enfants présents.
L'accumulation de « Ajr » permet l'admission au Paradis
Plusieurs Musulmans qui ne font pas les cinq prières quotidiennes font cependant le jeûne du Ramadan. Pour plusieurs d'entre eux, jeûner est l'acte religieux le plus important dans l'Islam. Ceci peut être expliqué en partie d'un point de vue religieux. En effet, selon l'Islam, la pratique du jeûne permet l'accès au Paradis.
Selon un Hadith du Prophète Sidna Mohammed: «L'une des portes du Paradis s'appelle "Rayyan". C'est par elle qu'entrent les jeûneurs au jour de la Résurrection. Nul autre qu'eux ne passe par cette porte et le jeûne du Ramadan est un bouclier contre les flammes de l'Enfer». En fait, ce n'est pas vraiment le jeûne en tant que tel qui permet l'accès au Paradis, mais le mérite religieux « Ajr » que le croyant acquiert en faisant le jeûne. « Ajr » en arabe, signifie les récompenses spirituelles que chacun reçoit suite à l'accomplissement d'actes pieux. L'accumulation de « Ajr » permet l'admission au Paradis. Chaque action faite pour gagner du mérite religieux (Ajr) approche les croyants d'un pas de plus vers le Paradis. En ce sens, « Ajr » permet l'unification entre le monde terrestre et le monde divin.
Selon la pratique observée au Maroc, l'accumulation du mérite religieux agit comme un système de pointage. Certaines actions donnent plus de « Ajr » que d'autres. Comme par exemple, faire la prière donne du mérite religieux, mais faire la prière à la mosquée en donne plus. Reprendre les jours de Ramadan manqués lors du « Chaâbane » donne plus de mérite religieux que pendant les autres mois.
Plusieurs bonnes actions sont effectuées lors du Ramadan car leur valeur est supposée être multipliée par dix. Pendant la nuit de Laylat Al Qadr, elle est multipliée par mille. Laylat Al Qadr agit alors comme une réplique du Jour du Jugement lors de la mort, où la destinée de chacun est décidée et durant laquelle la connexion entre le monde terrestre et divin est la plus accentuée. C'est une nuit qui va au-delà des dimensions habituelles qui caractérisent la vie normale. L'accumulation des bonnes oeuvres durant le jeûne, combinée au fait que le jeûne annule les pêchés, trace un chemin vers le Paradis. Les actions qui donnent du « Ajr » durant le Ramadan sont nombreuses.
Elles peuvent être religieuses: tous les actes de purification, les prières, les lectures du Coran, les visites à la mosquée, etc., ou bien elles peuvent être sociales: prendre les repas en famille, aller visiter des amis, faire la prière en commun, faire des actes de générosité, préparer la nourriture. Chaque action faite pour gagner du mérite religieux doit être exécutée avec intention (Niya) pour qu'elle soit valide.