Le Matin à Percy où le Président palestinien subit les soins : Laila Chahid, Yasser Arafat n’est pas atteint d’une leucémie

La déléguée générale de la Palestine à Paris, Mme. Laila Chahid est sortie de l'édifice hospitalier, toute de noire vêtue, mais en se rapprochant de la foule, elle a ôté ses lunettes noires et a affiché un grand sourire rassurant, en remerciant d'un signe de la main, les manifestants avant de s'adresser à la presse.

«Merci d'avoir été patients. Je suis venue aujourd'hui vous faire le point sur cette deuxième journée du Président Arafat en France. Sachez qu'il a passé une très bonne nuit, et qu'il s'est réveillé plus reposé et de bonne humeur. Il a d'ailleurs demandé à parler à sa petite fille qui est en Tunisie chez le Président Ben Ali», a déclaré Laila Chahid, et de continuer, concernant son état de santé «les examens continuent, mais sachez déjà que tout risque de leucémie a été écarté par les premières analyses effectuées». Ceci afin de couper court aux rumeurs qui courent et aux spéculations qui parlent tantôt de leucémie, tantôt de cancer d'estomac, voire plus…

La représentante palestinienne a aussi confirmé que les visites étaient interdites sur ordre du médecin et de la famille, le leader palestinien ayant besoin de repos total pour reprendre ses forces. "Nous espérons tous que cette amélioration continue, car si cette courbe persiste dans ce sens on sera très heureux".

Laïla Chahid a par ailleurs refusé de répondre à toute autre question des journalistes, que celle-ci soit d'ordre médicale ou politique. Rappelant que seuls les médecins sont capables de donner plus de précisions médicales, quand au volet politique, "à cette étape on ne va pas ouvrir de débat". Ceci, à un moment où les spéculations sur les éventuels scenarii de l'après-Arafat vont bon train en Israël comme ailleurs.

Le Président Arafat aurait, toutefois, exprimé sa gratitude envers son peuple, ses collaborateurs ainsi qu'envers la France qui l'accueille et tous les autres pays qui n'ont cessé d'exprimer leur solidarité avec lui, depuis son hospitalisation.

L'information importante de la journée reste donc qu'Abou Amar n'est pas atteint de leucémie. "Les examens continuent, mais les médecins n'ont encore trouvé rien de très grave à ce stade. Mais ils cherchent encore. Le diagnostic final est loin d'être fait, et aucun traitement n'a encore été entamé", conclut Mme. Chahid.

Manifestations

A côté des dizaines de journalistes qui ont élu domicile devant l'HIA Percy, plusieurs dizaines de manifestants sont venus exprimer leur soutien au peuple palestinien et à leur leader. Différents nationalités et horizons, mais une même phrase à la bouche : "Arafat vivra, l'Intifada vaincra".

"C'est une manifestation spontanée. Nous sommes là depuis près d'une heure, mais il y en a d'autres qui sont arrivés et ils ne sont pas prêts de repartir de si tôt", nous confie cette étudiante française.

Un peu plus loin, un jeune Palestinien, porte haut la main le portrait de Yasser Arafat, avec une inscription du Fatah (parti du leader palestinien) en légende. "On espère qu'il vivra. Seul lui est capable de mettre sur pied un Etat palestinien. Tous les dirigeants qui pouvaient prendre le flambeau après Abou Amar ont été, soit assassinés, soit emprisonnés, par Israël", nous explique Nicolas Jallah, un ingénieur palestinien originaire de Toulkarem, établi en France depuis une vingtaine d'année.

Mais il n'y a pas que des Palestiniens dans la manifestation. "En tant que citoyenne française, je suis fière de mon pays pour avoir accepté d'accueillir ce grand résistant qu'est Arafat. Même si on est triste qu'il soit venu en malade. Pour lui exprimer nos vœux et soutien, nous avons décidé d'organiser des veillées tous les soirs devant l'hôpital Percy, jusqu'à ce qu'il se rétablisse.

C'est tous les jours à partir de 19h. Autrement, nous avons tous décidé de ne pas prêter attention à tous ces médias qui s'empressent à anticiper sur la mort de Arafat, sa succession ou encore une éventuelle guerre civile en Palestine", confie pour sa part, Fatema Benaoui, une universitaire d'origine marocaine.

Si la France parle d'un geste humanitaire en ouvrant ses portes au leader palestinien, après une demande adressée par le Premier ministre Ahmed Qoreï, tous les manifestants continuent d'y voir un acte politique chargé de symboles.
"La France a toujours été l'un des rares pays occidentaux à soutenir la cause palestinienne. Elle n'a pas écarté, comme l'a toujours demandé Israël, le président Arafat, qui est un représentant légitime du peuple palestinien", expliquait à ce sujet Nicolas Jallah.

Des mises à jour seront faites à la presse tous les jours, à partir de ce dimanche, afin de faire le point sur l'état de santé du Président palestinien. Même si son état est toujours considéré critique, ils sont nombreux à prier pour que celui qu'ils surnomment le "Phénix", survive encore à cette mauvaise passe.