Spécial Marche verte

Le ministère de la Santé a opté pour une démarche audacieuse : la communication, une arme efficace pour lutter contre le sida

"Aujourd'hui, l'espérance de vie des africains est de 47 ans. Bientôt, ils ne sauront plus à quoi ressemble un vieillard, "ce scénario catastrophe annoncé par un spot sur le Sida dans l'Hexagone, résume à lui seul et en peu de mots l'ampleur des ravages c

25 Septembre 2004 À 18:59

Un message qui frappe les esprits et montre à quel point la sensibilisation via les supports médiatiques peut se révéler d'une efficacité certaine en incitant les gens à protéger leurs relations sexuelles.

Dans ce film de 60 secondes réalisé à l'initiative de l'association " Aides " et diffusé sur les chaînes publiques françaises dans le cadre de la campagne de sensibilisation lancée à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le Sida du 1er décembre 2003, on aperçoit des enfants qui jouent dans la savane quand soudain ils voient quelque chose approcher. Ils se précipitent vers le village pour prévenir tout le monde. Tout le village est affolé et part se cacher. Ils découvrent que la personne venue interrompre la tranquillité du village est un vieil africain ridé, avec les cheveux blancs et marchant à l'aide d'une canne.

L'espérance de vie des africains a donc chuté à 47 ans au lieu de 62 ans.
L'Afrique est le continent le plus touché par l'épidémie. Selon l'Organisation mondiale de la Santé, les deux tiers des 34 à 46 millions de personnes infectées par le virus dans le monde vivent sur le continent noir "où environ un adulte sur douze est infecté", note l'OMS dans son rapport 2004 sur la santé dans le monde.
En Afrique subsaharienne, où vivent 70 % des personnes touchés par le VIH, l'épidémie est en train de mettre à terre le continent : 2,4 millions de morts en 2002, une personne qui meurt du Sida toutes les 25 secondes, 12 millions d'orphelins, des écoles fermées faute de professeurs, des champs abandonnés faute d'agriculteurs (7 millions d'agriculteurs sont morts du Sida depuis 1985).

Au Maroc, selon les données du système de surveillance épidémiologique basé sur des études nationales régulières, la prévalence de cette infection reste fort heureusement faible dans notre pays. Le nombre de personnes vivant avec le VIH/SIDA est estimé entre 13.000 à 16.000, selon les dernières techniques d'estimation de l'ONUSIDA utilisées par le programme national.

Par contre, le nombre de personnes déclarées atteintes de Sida au Maroc est de 1442 à fin juin dernier, selon Mme Hamida Khattabi, chef du service IST/SIDA à la Direction de l'épidémiologie et de lutte contre les maladies au ministère de la santé.

Conscient de la gravité de la pandémie et surtout de la facilité avec laquelle le virus VIH est capable de se transmettre, le ministère de la santé a opté pour une démarche audacieuse en lançant le 2 juin dernier une campagne de sensibilisation visant le grand public, la première du genre au Maroc et peut-être même au Maghreb.

Une campagne de communication tous azimuts qui a ciblé principalement les jeunes âgés de 15 à 29, la frange de la société la plus exposée à la maladie.
Ne voulant pas brûler les étapes et veillant à détaboutiser progressivement le sujet, le département de la santé a conçu cette campagne en quatre phases.

Au commencement, le ministère a jugé d'abord nécessaire de sensibiliser la population sur l'existence du Sida au pays. Un mois et demi durant (jusqu'à fin juillet), des dispositifs de communication ont été déployés à savoir 2 spots télévisuels, un spot radio en 4 versions, 2 affiches urbaines et 2 annonces presse.

S'en est suivie après coup la deuxième phase qui va durer 3 mois, une phase cruciale pour le ministère de la santé puisqu'il s'agit d'améliorer les connaissances de la population sur les modes de transmission et évoquer les moyens de prévention contre le Sida.

Outre les dispositifs mobilisés lors de la première phase, l'affichage mobile a été également utilisé durant la période estivale. Objectif: accroître l'impact de la campagne par une action de proximité.

Bilan : Pour la période du 2 juin au 15 septembre, les deux spots télévisuels ont fait l'objet d'une large diffusion avec 308 passages sur les ondes des deux chaînes nationales. Quant aux deux spots radio diffusés en Tamazight, Tachelhit, Tarifit et en arabe dialectal, le département de la santé avance le chiffre de 450 passages.

Outre le concours de la presse écrite et l'affichage urbain (plus de 125 affiches figurant dans la plupart des villes du Royaume), l'affichage mobile a également permis d'optimiser l'impact de cette seconde phase.

C'est ainsi que deux caravanes ont roulé plus de 4000 Km à travers le Royaume pour assurer la diffusion des messages sur les places publiques, Moussems et plages et la distribution de 50.000 affiches au niveau des pharmacies et des hôpitaux.

La troisième phase débutera à la mi-novembre et traitera de l'extension des services de soins. Le grand public saura alors que le ministère dispose de 24 centres qui assurent le dépistage anonyme et gratuit et prévoit l'ouverture de 10 nouveaux centres d'ici fin 2004. En attendant, une unité mobile a été mise en place par l'association de lutte contre le Sida (ALCS) pour assurer une plus grande couverture dans les régions reculées du Royaume.

Pour la mise en oeuvre de cette 3-ème phase, le dispositif se composera exclusivement de l'affichage urbain régional et des radios régionales.
La quatrième phase de cette campagne concernera la lutte contre la stigmatisation et la discrimination pour réduire l'impact social et psychologique de la maladie sur les personnes vivant avec le VIH/SIDA. Elle mobilisera un dispositif comprenant un spot TV, un spot radio en quatre versions, une affiche urbaine et une annonce presse.

Tout au long de cette ultime phase, les principaux axes de la communication traiteront des droits des personnes vivant avec le VIH/Sida ainsi que leurs devoirs de se protéger et de protéger les autres. Le département de la santé prévoit, à ce niveau, de mettre en oeuvre en partenariat avec les ONG un programme de formation sur la prise en charge psychologique des personnes vivant avec le Sida.
Il est à espérer aujourd'hui que cette campagne de sensibilisation touche le plus grand nombre de personnes en attendant la découverte d'un vaccin contre le VIH/Sida.

La Caravane des jeunes


La caravane estivale des Jeunes, ayant ciblé les colonies de vacances et les plages à travers le Maroc dans le but de sensibiliser les jeunes à la problématique des IST/SIDA, est arrivée au terme de son parcours, annonce un communiqué du Secrétariat d'Etat à la jeunesse.

Initiée par le secrétariat d'Etat chargé de la jeunesse et l'Association de lutte contre le SIDA, avec le soutien du FNUAP, cette campagne a utilisé, 18 jours durant, des outils pédagogiques et des supports de communication ludiques, notamment des projections de films, l'organisation d'ateliers et de jeux animés, distribution de dépliants expliquant de manière simple et illustrée les modes de transmission du SIDA ainsi que les moyens de prévention.

L'objectif visé par cette opération est de s'adapter à la cible et au contexte des vacances, et faire ainsi passer le message de manière agréable et efficace, précise la même source, ajoutant que la caravane a également permis d'effectuer auprès des bénéficiaires éligibles, des tests gratuits et anonymes grâce à un véhicule entièrement équipé en partenariat avec le ministère de la santé.

Couvrant la période du 13 août au 2 septembre, la caravane a visité les colonies de vacances à Tanger, Asilah, El Jadida, Temara, Mohammedia, Agadir, Sidi Rahal et Bouznika ainsi que les plages d'El Jadida, Sidi Bouzid, Oualidia, Essaouira, Agadir, Tan Tan et Guelmim.

Plus de 10.000 dépliants et 6.300 préservatifs ont été distribués, des milliers de personnes, dont 2.989 jeunes, approchés et sensibilisés et 807 tests effectués au cours de cette opération, précise-t-on.
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