Le mystère de la guérison spontanée peut-être percé : du nouveau au sujet de l'hépatite C
Des chercheur américains et britanniques pourraient avoir percé le mystère des personnes atteintes d'hépatite C qui guérissent spontanément, sans traitement: leurs gènes provoqueraient une réponse immunitaire plus rapide.
Ces travaux, publiés vendredi dans le journal «Science» pourraient ouvrir la voie à de nouvelles stratégies préventives et thérapeutiques de l'hépatite C, la plus grave des hépatites virales.
Environ 20% des personnes infectées par l'hépatite C se débarrassent du virus sans traitement. Mais environ 180 millions de personnes dans le monde, restent infectés de façon chronique, au risque de développer une cirrhose ou un cancer du foie. Le virus serait responsable de milliers de morts chaque année.
Les médecins espéraient depuis longtemps que la compréhension de la guérison spontanée permettrait de mettre au point un vaccin.
Pour l'équipe américano-britannique, cette guérison est due à l'action de gènes capables de supprimer le système de freinage de certaines des défenses immunitaires de l'organisme, les cellules naturelles tueuses.
Même si les malades ne peuvent pas encore bénéficier de cette découverte, «elle nous permet de mieux comprendre le mode d'action du virus», a déclaré le Dr Chloe Thio, de l'Université Johns Hopkins, co-auteur de ce travail en collaboration avec les chercheurs de l'Université britannique de Southampton et l'Institut national américain du cancer.
«A terme, peut-être pourra-t-on se servir de cette nouvelle donnée pour contrôler le système immunitaire de manière à améliorer l'action des médicaments ou celle du vaccin», a-t-elle ajouté. «C'est notre objectif ultime».
Les études sur l'hépatite C menées chez les chimpanzés ont montré que les cellules tueuses naturelles sont plus actives chez les animaux qui guérissent spontanément.
Ces cellules sont sollicitées en permanence pour attaquer les virus. Quand l'organisme est attaqué, il active ces cellules tueuses naturelles en éteignant les récepteurs de l'inhibition, explique Chloe Thio. Entre les infections, les récepteurs de l'inhibition surveillent ces cellules pour s'assurer qu'elles ne s'attaquent pas à des tissus sains.
Les scientifiques ont donc découvert une combinaison génétique particulière qui contrôle un de ces récepteurs: la molécule qui lui est attachée était deux fois plus fréquente chez les personnes guéries que chez les personnes infectées.
Pour découvrir quels gènes sont impliqués dans ce processus de guérison spontanée, les chercheurs ont analysé l'ADN de 1.037 patients atteints d'hépatite C, dont 352 avaient guéri spontanément.
Ils avertissent toutefois que cette protection génétique n'a été découverte que chez des patients ayant probablement reçu au départ une faible dose de virus, infectés par des aiguilles de tatouage ou des médicaments contaminés, plutôt que par transfusion. Dans ce dernier cas, la quantité de virus provenant du sang contaminé était trop importante pour être contrôlée par la barrière immunitaire, a estimé Chloe Thio.