Spécial Marche verte

Le rôle religieux et culturel de la Mosquée

La société humaine ne retrouvera un équilibre pacifique que si elle consacre, au moins en partie, ses immenses pouvoirs technologiques à des œuvres sans profit, des œuvres de représentation et de symbole, où chaque membre de la communauté humain

22 Octobre 2004 À 14:32

C'est la façon que certains n'ont pas su lire encore dans les gigantesques vestiges de l'Egypte antique, par exemple.

La Mosquée peut être aussi le symbole de cette façon de rapprocher l'humanité. Cohérent avec soi-même, S.M. le Roi Hassan II dit souvent que le Maroc est tel un arbre dont les racines sont en Afrique et le feuillage en Europe. Il a tenu à illustrer toutes ses actions par cette vision sage et profonde.

La Mosquée Hassan II est ancrée au large de Casablanca. Bâti sur terre d'Afrique, l'édifice s'avance sur l'Atlantique, aux carrefours des mondes arabo-musulman et occidental.


Le commandeur des croyants a voulu que ce nouveau lieu saint soit le phare d'une civilisation millénaire. Le minaret symbolise cette aspiration au rayonnement. “ Ceux qui ont décrit le Maroc comme phare de l'Islam n'ont pas tort Je suis frappé par cette mosquée qui constitue une fierté pour tout Musulman. Ce qui a été fait ici dépasse de beaucoup d'imagination humaine. On croirait que c'est quelque chose qui est sortie des terres tout simplement. Mais quand on sait aussi que se soit en Afrique. Ceux qui auront l'occasion de visiter cette mosquée, apporteront un souvenir et un témoignage probant et évident de ce qui a été fait ”. Ainsi, Omar Bongo, un Africain a témoigné.

La Mosquée Hassan II doit se situer dans ce cadre de ces monuments qui servent la cause de la paix, de la fraternité et de l'acceptation de l'autre. Autrement dit, tout le message de l'Islam clairvoyant et tolérant.
“ Outre sa dimension, la Mosquée Hassan II jouera un rôle catalyseur dans le rayonnement de la foi et de l'Islam, le resserrement des liens, la promotion de la culture et de la recherche dans les domaines notamment liés aux affaires islamiques et à l'histoire ”. L'eau est un élément sacré de l'Islam, par ses divines vertus non seulement de purification, mais aussi de vie. Le Coran dit : “ Nous avons fait de l'eau toute chose vivante ”.

La portée religieuse

L'eau est donc une composante plus qu'architecturale, c'est un choix qui a une dimension spirituelle plus profonde. C'est ainsi, et conformément à la loi coranique qui défend de rivaliser avec le Créateur suprême, la Mosquée Hassan II décline ses compositions géométriques sur et face à l'eau. Mais elle le fait à l'infini.. La matière alentour a perdu toute consistance et pesanteur. Le vaisseau de la foi se détache sur le ciel et l'eau. Les efforts déployés témoignent du souci d'ériger un monument imposant perpétuant la tradition immémoriale du Maroc en faveur de l'Islam.

La Mosquée Hassan II est un somptueux ouvrage qui marie non seulement la tradition et la modernité, mais aussi et surtout, la tolérance et l'orthodoxie. “ En bâtissant l'une des plus grandes, les plus belles, en tout cas la plus moderne des moquées, S.M . le Roi entend rassembler autour de son titre Commandeur des Croyants, Descendant du Prophète, tous ceux pour qui l'Islam reste une religion de tolérance,, un art de vivre, sans volonté de conquête, par rapport à un Occident inquiet des nouvelles voies tracées au nom de la religion ”.
“ On a critiqué l'immensité et la somptuosité de l'entreprise. Mais sans la taille du monument et sans la richesse de son décor, frapperaient-ils autant l'opinion universelle (…) Rien n'est trop grand ni trop beau pour la gloire de Dieu, répondait l'abbé Suger à Sant Bernard, qui lui reprochait trop de splendeurs dans les édifices religieux qu'il faisait construire. La croisade de Saint Bernard n'a pas laissé de trop bons souvenirs, mais, de Surger, nous godons l'abbaye de Saint-Denis, Louqsor, le Parthénon, Angkor : les civilisations ne survient que par leurs temples, qui en demeurent les symboles. La Grande Mosquée Hassan II de Casablanca, à l'occident de l'Islam, et posant le pied dans l'Océan, veut être le symbole de l'Islam sunnite. La lumière qu'elle dirige vers l'Orient veut être un signe donné aux intolérances… “ Dieu est la lumière des cieux et de la terre ”, dit le Coran (Sourate XXIV, 35).

La Mosquée Hassan II s'inscère aussi dans cet esprit de lumière. Un regard, même superficiel, sur l'art islamique dans le monde, révèle sa profonde unité. Quel que soit le lieu de la terre ou le monument, on sent vivre en lui une même expérience spirituelle.. De Tlemcen, à la Karaouiyine de Fès ou Ibn Touloun au Caire, parmi les mosquées géantes d'Istanbul, les bulbes paradisiaques de celles d'Ispahan, ou l'austère minaret et hélicoudal de Samarra, du mausolée de Tamerlan à Samarcande, au tombeau chatoyant du Taj Mahal en Inde, des palais de l'Alhambra de Grenade, à ceux d'Ali Kapou et de Chehel Sutun à Ispahan, on a le sentiment que tout avait été construit par un même homme, inspiré par la même foi à l'appel d'un même Dieu.

L'art musulman exprime une vision du monde qui commande à la fois sa destination et ses thèmes, son vocabulaire plastique et ses techniques. La mosquée, cette prière de pierre, centre de rayonnement de toutes les activités de la communauté musulmane, est le point de convergence de tous les arts. Roger Garaudy disait bien qu'en Islam, tous les arts mènent à la mosquée , et la mosquée à la prière.
Au carrefour de toutes les civilisaions, le lieu de la construction est un symbole. Un symbole “d'un islam fondamentaliste. Mais qui s'interdit tout intégrisme obscurantiste. Un Islam éclairé, hospitalier, salutaire et rassembleur. Un exemple de pensée et de conduite , alliant authenticité et tolérance, incarné par le commandeur des croyants, Sa Majesté le Roi Hassan II”.
Le 21e siècle sera spirituel ou ne le sera pas, disait André Malraux. Les événements actuels, dans leur côté positif., commencent à donner raison à cette supputation.

Les jeunes, musulmans, chrétiens ou juifs, reviennent de plus en plus aux sources de leur culture à base spirituelle. Au Maroc, l'Islam est omniprésent par diverses formes de sacrélisation d'Allah. Il n'y a pas un foyer où le nom d'Allah n'est pas présent. Avant de manger, dormir ou se réveiller, le nom d'Allah revient retentissant et prouvant une foi profonde, spontanée et indéniable.
Toutes les formes d'expression artistique ou culturelles font appel à cette base qui représente le minimum de consensus social. La Mosquée Hassan II vient consolider cette présence. Et, en somme, ce joyau du siècle symbolise le meilleur défi lancé en cette fin de siècle , celui d'un Islam tolérant contre toute forme d'obscurantisme et d'extrémisme. Les trois éléments essentiels de l'univers, ciel, terre et mer en font, à eux seuls, une œuvre inspirée d'une imagination en avance du temps parce que d'essence divine. S.M. Hassan II lui a devancé le prochain millénaire , persuadé que toute œuvre humaine n'est que velléité sauf si elle est destinée à l'adoration de Dieu. Ainsi la Mosquée Hassan II plonge déjà ses ramifications à travers des millénaires à venir dan sl'universalité de la culture.


En plus de la Mosquée proprement dite, la culture est présente à travers l'infrastructure d'abord et notamment la Bibliothèque et le Musée qui représentent une surface d'environ 33.900 m2. Les abords de cet ensemble concernent une surface d'environ 34.000 m2. Ils comprennent divers lieux de conférences, d'études, de recherche et de découverte. Elle s'étend aussi à l'environnement urbain où l'on prévoit la construction d'un théâtre et un palais de s congrès ,c omme on vient de le souligner auparavnat.
La Mosquée Hassan II de Casablanca, le plus grand monument jamais construit à la gloire d'Allah, a redonné un formidable élan, non seulement à la tradition architecturale marocaine mais constitue également un témoignage concret et magnifique de la vitalité créatrice du peuple marocain qui ne pourra que comunier avec une image aussi gratifiante de l'Islam.

Pour confirmer son futur rôle culturel, S.M le Roi a consacré le premier Prix de poésie à l'occasion de son inauguration. Ce prix a été remporté par le poète Allal Khyari, parmi 17 lauréats retenus sur un total de plus de 500 candidats. S.M. le Roi a, en personne et en pleine inauguration, remis les quatre premiers prix et honré une femme, Mamadame Amina Mrini, classée quatrième. Sa Majesté l'a invitée à lire son poème, en suivant les traces du Prophète Sidna Mohammed avec la grande poétesse arabe, Al Khansa.

Dans ce même contexte de donner le ton à la dimension culturelle de l'œuve, l apeinture était de fête. Une exposition fut organisée par l'Union des Associations des artistes plasticiens à l'occasion de l'inaguration de la Mosquée . Douze peintres, originairs pour la plupart du Maroc, mais aussi d'Ira, de France et de Belgique, ont graitifié le public, à travers la toile, de leur talent. Les meilleurs peintres figurattifs marocains onté révélé toute la dimension de leur art à travers des œuvres choisies sur la Grande Mosquée Hasan II. Des prix symboliques ont été octroyés à quelques-unes des œuvres par un jury présidé par M. Driss Basri, ministre d'Etat à l'Intérieur et à l'Information. Le premier Prix fut attribué au peintre Abdellatif Zine.

Mais la Mosquée en elle-même est une œuvre culturelle et artistique. Sa Majesté, en vrai artiste, a tenu à la suivre de très près.
La grande Mosquée de Casablanca, la Mosquée sur l'eau , la plus haute Mosquée du monde, est donc à l'honneur d'un Peuple et d'un Roi. D'un Roi, parce que cette œuvre, il l'a imaginée, voulue, décidée, conduite avec persévérance pendant les années, d'un peuple, parce qu'elle a été réalisée grâce à ses offrandes et à son travail. L'architecte français Michel Pinseau, qui a supervisé les travaux, en témoigne “Sa Majesté a une excellente perception de l'architecture et de l'urbanisme. Il ne laissera jamais son pays sombrer dans un absurde style cosmopolite” … “Fort d'une érudiction pluridisciplinaire, protecteur des arts de son illustre pays, visionnaire et mécène, Roi enfin à la finesse et à la générosité. S.M. Hassan II ne pouvait manquer de choisir en cette nuit destinée au Prophète Mohammed une mosquée d'une valeur de 150 milliards de francs CFA”.
Incontestablement, la Mosquée Hassan II témoigne de la richesse de l'art musulman par sa version, sans doute la plus raffinée , celle de l'art arabo-andalous. Le choix du site, au bord de la mer, et l'idée de ce Grand ouvrage, reviennent au Souverain marocain. Manière symbolique d'établir cette communion directe entre le croyant et Dieu.

Le très cultivé Roi, inspiré du Coran, sait que “le trône de Dieu était sur l'eau, J'ai voulu que les fidèles qui y viennent prier, se recueillir, louer Le Créateur, tout en étant sur le sol ferme, puissent contempler le ciel et l'Océan de Dieu”, disait S.M. Hassan II.

Quel beau défi, quelle aventure dans la mystique. “Le choix de l'heure (20 h 30) , de la date comme de la place, atteste, s'il en était encore besoin, de la vision et de la culture hors du commun, dont Dieu, dans Sa grâce infinie, a bien voulu doter l'Héritier prodigieux du Bien Aimé Mohammed V. En effet, la nuit, plus que le jour, est favorable aux actes de glorification et d'adoration du Créateur de l'univers. Aussi, cette soirée marquant l'Anniversaire de la Naissance du Prophète Mohammed, est-elle incontestablement la plus bénie parmi toutes. Le choix de Casablanca, pointe avancée du monde musulman vers l'Occident, est plein de signification dans la mesure où cette ville portera dès l'instant où la voix du muezzin s'élévera du haut du minaret de la Mosquée Hassan II pour appeler à la prière, le message de paix, de fraternité et de tolérance qui reste le sien, à tous les autres peuples de la terre”.

Cette tolérance est concrétisée sur le terrain par l'ouverture de la mosquée à tous. “Outre les Musulmans pressés de se recueillir dans ce sanctuaire que “Les mille et une nuits” n'auraient pas renié, de nombreux touristes piaffent déjà devant “l'œuvre du siècle”.
Il est possible, devant la curiosité soulevée par cet extraordinaire mouvement, qu'une exception soit consentie à tout le moins pour les adeptes des religions reconnues par l'Islam : judaïsme et christianisme”.
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