Ligne de séparation : Israël absent des audiences de la Cour interntional de Justice
Le gouvernement israélien a décidé jeudi de ne pas participer aux délibérations de la Cour internationale de Justice de la Haye (CIJ), qui examinera à partir du 23 février la légalité de la ligne de séparation qu'Israël construit en Cisjordanie.
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AFP
13 Février 2004
À 16:41
La commission ministérielle présidée par le Premier ministre Ariel Sharon «a décidé d'adopter les recommandations des équipes d'experts et de ne pas participer aux audiences de la CIJ qui débuteront le 23 février», a annoncé la présidence du Conseil.
Israël s'en tient au document écrit de 150 pages remis le 30 janvier à la CIJ qui nie la compétence du tribunal, estimant qu'Israël assure son droit «fondamental à la défense» en érigeant l'ouvrage controversé.
A ce propos, les autorités israéliennes relèvent la position des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne, du Canada, de l'Australie et d'autres pays «qui ont établi que la CIJ n'avait pas compétence sur cette affaire», selon un communiqué.
Dix-sept pays, pour la plupart arabes et musulmans, de même que les Palestiniens, ont en revanche estimé que le dossier sur la légalité de la ligne de séparation était bien du ressort de la CIJ.
Le Premier ministre palestinien Ahmad Qoreï, qui effectue une tournée en Europe pour mobiliser l'opinion contre l'édification de la ligne, a obtenu l'appui du pape Jean Paul II.
«La Terre Sainte a besoin de réconciliation: de pardon, non de vengeance, de ponts, non de murs», a dit le souverain pontife en recevant M. Qoreï en audience au Vatican.
Conçue pour empêcher l'infiltration de kamikazes palestiniens, la ligne devait au départ épouser la «ligne verte» séparant Israël de la Cisjordanie, mais son tracé actuel s'enfonce profondément en Cisjordanie pour protéger des colonies juives.
Les Palestiniens, qui la qualifient de «mur de l'apartheid», dénoncent le fait qu'elle annexe de facto des secteurs entiers de l'Etat qu'ils ambitionnent de créer.
La CIJ a été saisie par l'Assemblée générale de l'Onu qui a condamné l'ouvrage et lui a demandé de se prononcer sur les conséquences juridiques de sa construction.
Dans la bande de Gaza, Bachir Abou Armana, 12 ans, a été tué par des tirs israéliens, selon une source médicale palestinienne.
Un activiste du mouvement radical Hamas a, par ailleurs, été tué par des soldats israéliens près de Ramallah, en Cisjordanie, selon des sources palestiniennes et israélienne concordantes.
Ces morts portent à 3.763 le nombre de personnes tuées depuis le début de l'Intifada, en septembre 2000, dont 2.820 Palestiniens et 875 Israéliens.
Le secrétaire d'Etat américain Colin Powell a reproché jeudi au dirigeant palestinien Yasser Arafat de ne rien faire pour empêcher les attentats anti-israéliens et l'a appelé à utiliser son «autorité morale» pour faire cesser la violence.
Le chef de la diplomatie britannique Jack Straw a fait part au ministre de la Défense israélien Shaul Mofaz, en visite à Londres, de l'inquiétude de la Grande-Bretagne sur un usage excessif de la force dans les territoires occupés.
Chirac: la barrière de séparation «pas conforme» au droit international
Le président Jacques Chirac a affirmé, dans une interview au quotidien israélien Yediot Aharonot publiée vendredi, que le tracé de la barrière de séparation qu'Israël construit en Cisjordanie «n'est pas conforme au droit international»et risque de provoquer «davantage de colère» chez les Palestiniens.
Personne ne peut «dicter à Israël les décisions»à prendre pour assurer sa sécurité face au terrorisme, déclare Jacques Chirac dans cette interview dont le texte a été rendu public à Paris par l'Elysée et publiée quelques jours avant la visite d'Etat que le président israélien Moshe Katsav doit effectuer en France à partir de lundi. Le président Chirac estime que le tracé de cette barrière «dépossède des milliers de Palestiniens de leur terre et rend la vie encore plus dure à un peuple qui souffre déjà tant au quotidien». Mais il souligne que «si Israël estime qu'une barrière peut être techniquement efficace, il faut néanmoins qu'elle soit juridiquement acceptable».
«Son tracé actuel n'est pas conforme au droit international», déclare le président en rappelant que les Européens avaient demandé à l'ONU en octobre dernier l'arrêt de la construction du mur. «J'ai le sentiment que la construction de cette barrière selon ce tracé créera de nouvelles frustrations et davantage de colère et qu'elle compromettra la solution de deux Etats qui fait l'objet d'un consensus international», dit-il. M. Chirac a également jugé que l'évacuation des colonies de Gaza, annoncée par le Premier ministre israélien Ariel Sharon, constituerait «un premier pas très positif dans l'application de la Feuille de route». «Mais il faudra aussi qu'Israël respecte les engagements pris en matière de suppression des implantations sauvages et l'arrêt de la colonisation en Cisjordanie», conformément au plan de paix international, ajoute-t-il.