Loteries, courses de chevaux, machines à sous…: les jeux de hasard entre distraction et accoutumance
Les jeux de hasard et d'argent constituent deux phénomènes de société marquants dans notre société. Il s'agit d'une pratique très répandue. Le loto et la course des chevaux restent les grands favoris.
LE MATIN
05 Janvier 2004
À 19:16
Généralement, on parle de jeu de hasard et d'argent quand il s'agit d'une activité où l'issue du jeu repose en totalité ou en partie sur le hasard. On pense aux activités pour lesquelles on mise et où on risque de perdre de l'argent ou un objet.
Plusieurs activités se réfèrent, entre autres, aux appareils de loterie-vidéo, à la loterie, au bingo, au keno, aux machines à sous, au poker, aux courses de chevaux et aux cartes entre amis. On peut également parier sur des événements sportifs.
Le phénomène du jeu de hasard et d'argent a toujours attiré l'attention de nombreux politiciens, sociologues, économistes, psychiatres et psychologues. En moins d'une génération, les jeux de hasard sont devenus une industrie qui rapporte plusieurs milliards de dirhams au Maroc. Les jeux de cartes pour de l'argent, les tombolas aux profits d'œuvres de charité locales et le bingo font partie intégrante de la vie sociale des Marocains depuis longtemps, mais la nature et la popularité des jeux de hasard ont changé radicalement avec la création de la loterie nationale.
A travers plusieurs actions, la loterie nationale joue un rôle actif sur le plan social tout en prévenant les comportements non souhaitables et le jeu excessif. Elle mène un combat acharné contre certaines formes de jeux non autorisés. Ces derniers vont de l'amicale partie de poker du quartier aux paris mutuels hors hippodrome, en passant par les jeux de loterie vidéo illégaux. Mais, ce sont les paris mutuels des courses des chevaux qui attirent le plus de parieurs.
Le passage d'une société de consommation à une société de loisirs, privilégiant l'émotion par rapport à la possession, a toute la chance de perpétuer voire d'accentuer l'engouement des Marocains pour les jeux. Chacune des formes de jeux possède un attrait distinct aux yeux des Marocains. Les chances de gagner varient énormément d'une forme de jeu à l'autre. Dans ce cercle vicieux de la course aux gains, certaines personnes deviennent dépendantes des jeux de hasard. Selon le Dr. Chakib Bensouda, " certaines personnes vivent au rythme des paris. Le jeu de hasard est une accoutumance, chez eux.
Ce sont des gens qui occupent des petits emplois qui dépensent un argent parfois fou pour des petits gains. Je les observe presque quotidiennement à l'agence PMUM qui se trouve en face de mon cabinet ". En effet, si on les compare aux joueurs non compulsifs, les joueurs compulsifs et pathologiques consacrent des sommes considérablement plus importantes au jeu, chaque semaine ou chaque mois. Ils dépensent beaucoup plus d'argent dans des casinos, des hippodromes et des endroits où l'on trouve des appareils de loterie vidéo qui leur offrent tous des formes continues de jeu.
Les joueurs compulsifs et pathologiques dépensent souvent beaucoup plus d'argent que ce qu'ils avaient prévu. Cette façon qu'ils ont d'aggraver leur situation est ce que les psychologues appellent "tenter de se rattraper". Pour essayer de se rattraper, le joueur est forcé de retarder le paiement de ses dettes ou de les payer par versements échelonnés.
Najat Alami, sociologue, souligne que " ce sont surtout les personnes se situant dans les tranches de revenu inférieures qui jouent pour gagner d'importantes sommes d'argent. Le joueur moyen se tourne vers la loterie lorsque toutes les autres portes permettant d'accéder à la prospérité financière se ferment devant lui. Les joueurs compulsifs et pathologiques sont un peu plus susceptibles d'être sans emploi que les non-joueurs ". Au sein de la population en général, les jeux de hasard préférés sont les loteries. Les joueurs ont aussi un faible pour le bingo, les courses de chevaux, les paris dans les casinos et les appareils de loterie vidéo. Il s'agit-là de formes "continues" de jeu qui procurent une satisfaction instantanée.
Le temps qui s'écoule entre le jeu lui-même et son résultat est généralement très court. Les joueurs compulsifs préfèrent aussi les jeux qui exigent un certain jugement ou une habilité comme les paris sportifs, les loteries sportives et les jeux de cartes. En outre, ils sont bien davantage susceptibles que les joueurs non compulsifs de participer chaque semaine à plusieurs types de jeu différents.
Abderrahim, âgé de 65 ans lui même parieur connaît très bien tous les autres joueurs qui viennent cocher les casiers du loto. Il explique : " S'amuser et se distraire, gagner de l'argent et connaître une sensation forte sont les raisons de jouer les plus souvent citées par les joueurs compulsifs et pathologiques.
Les joueurs non compulsifs parlent également de s'amuser et de se distraire mais ils ont tendance à s'inquiéter un peu moins de leurs gains et sont plus susceptibles de jouer pour une bonne cause ".
La loterie nationale au service du développement social
Depuis sa création en décembre 1971 par décret lui concédant le monopole, la gestion et l'exploitation des jeux de hasard, celle-ci ne cesse d'évoluer et d'améliorer ses résultats. Elle joue un rôle très important dans les paysages économique et social. Bien qu'elle soit sous contrôle de l'Etat, la loterie nationale est une société anonyme de droit privé. Ce statut lui a permis un plus grand dynamisme et lui a offert la possibilité de mener une politique d'action plus étendue. Près de 2000 points de vente commercialisent les produits de la loterie nationale.
Ces points de vente sont équipés de terminaux qui enregistrent en temps réel les prises de jeux du Loto, Quatro, Keno. Parmi ces points de vente, il y en a 28 qui sont agrées par la loterie nationale comme centre de paiement, dans lesquels s'effectue le règlements des lots jusqu'à 10.000 DH et même au delà avec autorisation spécifique. Les lots inférieurs à 1000 DH sont payables dans tous les points de ventes de la loterie nationale. Dans ce cadre, l'entreprise veille au strict respect de la législation sur les jeux de loterie et soumet ses nouveaux produits à l'accord préalable du ministère de tutelle. La loterie nationale verse à l'Etat une redevance représentant 20 % du chiffre d'affaires.
Cette redevance est destinée à un fonds spécial créé pour venir en aide aux populations défavorisées et principalement les enfants. En 2002 , la contribution s'est élevée à plus de 64 millions de dirhams. Outre cette contribution , la loterie nationale participe aux différentes campagnes à caractère social par l'octroi des dons à des associations caritatives. La loterie nationale en partenariat avec l'association AFAK Civisme et Développement contribue également au financement du programme radiophonique d'éducation à la citoyenneté et aux droits de l'homme. L'objectif de ce programme est de sensibiliser l'ensemble de la population et de l'impliquer dans les domaines du civisme , du développement , de l'environnement et de la qualité.