Spécial Marche verte

Messenger dans l'espace : la Nasa repart à la découverte de Mercure la mystérieuse

Trente ans après la mission Mariner 10, la Nasa repart à la découverte de Mercure la mystérieuse en lançant lundi un engin spatial baptisé Messenger vers la planète la plus proche du Soleil.

31 Juillet 2004 À 18:49

La fusée Delta II qui transportera Messenger doit décoller à 06H16 GMT de la base de Cap Canaveral en Floride (sud-est) et entamer un voyage de plusieurs années, a précisé l'agence spatiale américaine.

L'engin spatial doit survoler trois fois Mercure en 2008 et 2009 avant de se placer sur son orbite en mars 2011. En tout, un voyage de 7,9 milliards de kilomètres, alors que Mercure n'est qu'à 91 millions de kilomètres de la Terre.

"C'est une mission ambitieuse. Comprendre Mercure, comment elle s'est formée et a évolué est essentiel pour la compréhension d'autres planètes terrestres comme Vénus, la Terre et Mars", a déclaré Orlando Figueroa, directeur de la division de l'exploration du système solaire à la Nasa, lors d'une conférence de presse avant le lancement.

Il y a 30 ans, l'engin spatial Mariner 10 avait survolé trois fois Mercure mais n'avait pu photographier qu'une moitié de la planète et avait laissé beaucoup de questions en suspens. A l'époque, la mission n'avait pas permis de savoir comment la surface de Mercure s'était formée.

"Trente ans plus tard, les avancées en matière de technologie, de conception et de matériaux nous permet de retourner" vers la planète pleine de mystères, selon M. Figueroa. Messenger a notamment été conçu pour résister aux conditions extrêmes de température sur Mercure grâce à un revêtement en céramique.

L'engin spatial fournira les premières images de l'ensemble de la planète. Il doit aussi collecter des informations très détaillées sur l'histoire géologique de Mercure, la nature de son atmosphère et de sa magnétosphère. L'engin spatial, qui pèse 1,2 tonne, mesurera également la taille et la nature du coeur de la planète et l'origine de son champ magnétique.

Depuis Mariner 10, les scientifiques savent que Mercure est une planète à la densité similaire à la Terre alors qu'elle n'est pas tellement plus grande que la Lune. L'atmosphère de Mercure est la plus fine de toutes les planètes terrestres du système solaire.

Elle connaît des variations extrêmes de températures ce qui pourrait avoir permis de préserver de la glace. Aux pôles, les températures sont inférieures à 108 degrés Celsius en dessous de zéro.
"Savoir si la planète la plus proche du Soleil a de la glace à ses pôles" est la question qui taraude le responsable scientifique de la mission, le Dr Sean Solomon, de la Carnegie Institution de Washington.

De manière générale, cette mission doit permettre comprendre pourquoi des planètes qui se sont formées par des processus semblables "ont évolué différemment", a-t-il ajouté.

L'engin spatial transporte sept instruments scientifiques: un système d'imagerie, un altimètre, des spectromètres pour mesurer les éléments à la surface de la planète, un magnomètre pour le champ magnétique et deux spectromètres pour mesurer l'atmosphère et la magnétosphère.

Les questions se bousculent concernant Mercure. Pourquoi la planète la plus dense du système solaire est-elle faite principalement de fer? Pourquoi a-t-elle un champ magnétique? Comment la planète la plus proche du Soleil avec des températures pendant la journée proches de 450 degrés Celsius, peut-elle avoir ce qui semble être de la glace à ses pôles?
Les scientifiques espèrent que la mission Messenger leur apportera des réponses. Mais il leur faudra encore attendre quelques années.
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