LE MATIN
16 Octobre 2004
À 00:51
Car, voilà un Royaume devenu en 1970 un pays communiste, secoué par les révolutions et les coups d’Etat, meurtri des décennies durant par les guerres civiles et une instabilité chronique, fragilisé par les interventions des pays voisins, qui renoue avec son identité : la monarchie ! C’est donc le retour du pendule monarchique, face aux vicissitudes de l’histoire, la fin du vertige idéologique qui, depuis le funeste coup d’Etat militaire de 1970, s’était emparé du pays.
On se rappelle en effet le sourire indolent mais vif du Prince Sihanouk qui avait choisi la neutralité positive entre les deux blocs, les Etats-Unis et l’Union soviétique. On ne saurait oublier non plus sa loquacité discursive, dans un français châtié, à l’ONU ou dans ses voyages à l’étranger pour défendre le statut du petit Cambodge alors coincé entre le Vietnam, le Laos et la Thaïlande, s’évertuer autant que faire se peut à épargner son pays des ravages de la guerre, enfin faire triompher le modèle royaliste, mélange de populisme et de démocratie spécifique.
C’est peu dire, dans ces conditions, que le Royaume du Cambodge incarnait l’antinomie d’un Vietnam plongé dans le désastre de l’intervention américaine ou d’un Laos, lui-même entraîné dans la guerre et colleté à un Vietnam communiste qui n’eut de cesse d’y instaurer un régime inspiré du communisme à sa botte.