Otages français en Irak : Paris prône prudence et patience
Les autorités françaises ont prôné lundi prudence et patience dans l'affaire des deux journalistes français retenus en otages en Irak depuis plus de deux semaines, alors que pointaient des interrogations sur la lenteur du processus de libération.
AFP
06 Septembre 2004
À 14:50
"Nous voulons toujours croire que leur libération sera le plus rapidement possible réalisée, mais il faut être d'une grande prudence", a déclaré le ministre de la Culture et de la Communication Renaud Donnedieu de Vabres, concernant Christian Chesnot et Georges Malbrunot et leur accompagnateur syrien.
Le ministre de l'Intérieur, Dominique de Villepin, a déclaré "vouloir croire que l'espoir sera tenu" d'une prochaine libération des deux journalistes et souligné l'importance "du travail, de la mobilisation, de la vigilance" dans cette affaire.
"Tant que les otages sont détenus et sont en Irak, il faut être extrêmement prudent", a souligné sa collègue de la Défense, Michèle Alliot-Marie.
"Nous avons des indications sérieuses qui permettent de croire d'abord qu'ils sont en bonne santé et, d'autre part, qu'une libération est possible", a-t-elle ajouté, soulignant que l'Irak était "en plein chaos". Soulignant que "moins on en dit, mieux c'est pour eux", elle a assuré que "tout était fait de la part de tous nos services et de tous nos amis pour obtenir leur libération". Ces déclarations contrastent avec les propos optimistes tenus la semaine dernière par les dirigeants français jusqu'au retour à Paris, samedi soir, du ministre des Affaires étrangères, Michel Barnier, qui dirigeait à Amman une cellule de travail pour obtenir la libération des deux otages, après avoir effectué une tournée dans la région.
Chritian Chesnot, 37 ans, journaliste à Radio France Internationale, et Georges Malbrunot, 41 ans du journal Le Figaro, et leur chauffeur-accompagnateur, Mohamed al-Joundi, ont été enlevés le 20 août par un groupe appelé "l'armée islamique en Irak", qui a exigé l'abrogation d'une loi sur la laïcité dans les écoles publiques françaises, qui interdit notamment le port du voile dans ces établissements. Par ailleurs, des interrogations se font jour sur les lenteurs de ces libérations et un imam irakien a mis en cause l'attitude des Etats-Unis et des autorités irakiennes.
Cheikh Mehdi al-Soumaydaï a ainsi critiqué dimanche le gouvernement irakien et les forces américaines pour avoir lancé la veille une opération militaire d'envergure dans la région de Latifiya (sud de Bagdad), où les deux otages français ont été enlevés, estimant que cette attaque avait "perturbé le processus de leur libération". Selon un responsable de la Garde nationale irakienne (auxiliaire de l'armée), les forces irakiennes et américaines ont arrêté cinq cents suspects et mis la main sur des quantités d'armes, lors de cette opération. Le cheikh Soumaydaï a par ailleurs émis une fatwa (décret religieux) appelant à la libération immédiate des otages, "en reconnaissance pour la position de la France en Irak".
Pour l'association Amitiés franco-irakiennes, qui regroupe des personnalités françaises hostiles dans les années 1990 à l'embargo contre l'Irak, puis à la guerre, en effectuant ces opérations militaires, les forces américaines "ne facilitent pas les démarches" pour la libération des deux journalistes français, et mettent leur vie "en danger".
La compagne de M. Malbrunot, Sylvie Cherpin, avait déclaré dimanche à la presse qu'"il y a un accord de libération acquis", mais que "le contexte de guérilla empêche cette libération." "Le fait que cela mitraille de tous les côtés, c'est dangereux (...) C'est l'explication qu'on est en mesure de me donner par téléphone", a-t-elle ajouté.
Outre l'opération sur Latifiya, les troupes américaines ont mené depuis le début de septembre des raids contre Falloujah, bastion sunnite de l'ouest de Bagdad où les otages français pourraient être détenus.