Otages français en Irak : Réunion de crise du gouvernement présidée par Jean-Pierre Raffarin
Les autorités françaises étaient mobilisées dimanche après l'enlèvement de deux journalistes français en Irak, avec notamment une réunion de crise du gouvernement, présidée par le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, et une rencontre du ministre de l'In
L'»Armée islamique en Irak» a revendiqué l'enlèvement des journalistes français, Christian Chesnot et Georges Malbrunot, en Irak et réclamé l'annulation dans les 48 heures par Paris de la loi sur le voile islamique, dans un texte diffusé samedi par la télévision satellitaire qatariote Al-Jazira.
Christian Chesnot, correspondant des radios publiques Radio France et Radio France Internationale (RFI), et Georges Malbrunot, envoyé spécial du journal Le Figaro et du quotidien régional Ouest-France et correspondant de la radio RTL, ont disparu en Irak le 20 août. Le Premier ministre a présidé dimanche matin une réunion de crise de son gouvernement. A l'issue de la réunion, qui a duré un peu plus d'une heure, aucun des participants n'a souhaité s'exprimer.
Les ministres des Affaires étrangères Michel Barnier, de l'Intérieur Dominique de Villepin et de la Communication Renaud Donnedieu de Vabres étaient présents de même que le secrétaire général de l'Elysée Philippe Bas et le secrétaire général adjoint de l'Elysée Frédéric Salat-Baroux.
Le chef du gouvernement avait annulé un déplacement qu'il devait faire dimanche en province.
Les autorités françaises se sont dites «plus que jamais» mobilisées et ont appelé «à la libération des deux journalistes français» enlevés en Irak, dans un communiqué samedi soir du ministère des Affaires étrangères.
L'«Armée islamique en Irak», qui a revendiqué l'assassinat du journaliste italien Enzo Baldoni, annoncé par Al-Jazira dans la nuit de jeudi à vendredi, n'a pas assorti son exigence vis à vis de la France d'une menace explicite sur la vie des otages si Paris ne répond pas à son ultimatum.
Mais quand il avait donné 48 heures au gouvernement italien pour retirer ses troupes d'Irak, le groupe n'avait pas assorti son exigence d'une menace explicite d'exécuter M. Baldoni.
Le ministre de l'Intérieur, en charge des cultes, a réuni en fin de matinée le bureau du Comité français du culte musulman (CFCM), représentatifs de la communauté musulmane en France qui compte quelque 5 millions de personnes, sur une population de 60 millions. Les autorités religieuses musulmanes, comme la classe politique de tous bords, ont vivement condamné l'enlèvement.
Le président du CFCM Dalil Boubakeur a affirmé dimanche que la communauté musulmane devait «se démarquer» des ces «agissements condamnables par l'islam». «La situation est très grave (...) La communauté musulmane doit se démarquer de ces agissements condamnables par l'islam et ne donner aucune réaction qui indiquerait que ces gens agissent dans son intérêt», a dit M. Boubakeur à son arrivée au ministère de l'Intérieur.
Pour sa part, Mohamed Bechari, président de la fédération nationale des musulmans de France (FNMF) et vice-président du CFCM, a lancé «un appel aux ravisseurs pour qu'ils relâchent les deux journalistes». «Ces actes ne servent ni la situation irakienne ni la question du foulard et s'inscrivent dans une logique de globalisation», a-t-il jugé. La loi interdisant le port de signes religieux ostensibles, dont le foulard islamique, à l'école publique en France, doit entrer en application à la rentrée, jeudi prochain.
L'armée islamique en Irak: un groupe à précédents dans l'exécution d'otages
L'Armée islamique en Irak, qui a revendiqué l'enlèvement de deux journalistes français, est un groupe responsable de plusieurs exécutions d'otages, dont celle récente d'un journaliste italien.
Dès la publication de ses premiers communiqués en mars, le groupe armé a réclamé sans relâche le retrait des troupes étrangères d'Irak. Il a par la suite appliqué ses menaces au mot, en tuant deux Pakistanais et l'Italien Enzo Baldoni dont les gouvernements avaient refusé de plier à ses demandes.
L'Armée islamique en Irak a été l'un de deux groupes à revendiquer le meurtre de quatre Américains le 31 mars à Falloujah (ouest de Bagdad), dont les corps de deux d'entre avaient été horriblement mutilés.
Le groupe a épargné la vie d'un camionneur philippin, Angelo de la Cruz, après avoir fait plier Manille en obtenant le retrait anticipé des soldats philippins d'Irak et celle du chauffeur irakien des deux Pakistanais tués. Néanmoins, cette fois-ci, le groupe armé exige que la France, qui n'a pas participé à la guerre en Irak, revienne sur une décision de politique interne et annule la loi sur l'interdiction du voile à l'école publique.
Dans un communiqué obtenu par l'AFP de la chaîne qatariote Al-Jazira, "l'Armée islamique en Irak annonce détenir deux otages français (...) et demande à la France d'annuler la loi sur le voile, en raison de ce qu'elle comporte comme injustice et agression contre l'islam et la liberté personnelle dans le pays de la liberté présumée".
"Nous donnons à la France un délai de 48 heures, à partir de la publication de communiqué, pour répondre à ce communiqué", affirme le groupe sans formuler de menaces explicites contre les journalistes.
Christian Chesnot et George Malbrunot avaient disparu en Irak le 20 août en se dirigeant de Bagdad vers la ville chiite de Najaf, où de féroces combats opposaient les forces américaines aux miliciens chiites. Ils sont apparus dans deux brèves séquences vidéo diffusées par Al-Jazira.
"Nous sommes avec les frères de l'Armée islamique en Irak", a commencé par dire dans un arabe approximatif Christian Chesnot. "Moi, je voudrais dire à ma famille d'abord que tout va bien", a pour sa part dit en français Georges Malbrunot.
Les deux séquences ont pour arrière-plan une large banderole noire frappée du nom du groupe en lettres arabes rouges et de la carte de l'Irak barrée par une kalachnikov.