Fête du Trône 2006

Partis politiques et société civile : l'illusoire tentation de la technostructure

Les partis peuvent-ils être des écoles de civisme et des relais de la citoyenneté et de ses valeurs ? Posée sur tous les tons et à tous les modes, investissant tous les espaces, des colloques prétendant repenser l'action politique jusqu'aux cénacles au co

22 Août 2004 À 22:09

On les tient responsables du sous-développement du pays. Et on fait mine d'oublier que ces mêmes partis aujourd'hui décriés, conspués, attaqués, sont nécessaires à la démocratie et qu'il ne saurait y avoir de démocratie sans partis ”, soupire un militant.

De fait, la décennie 1990 a été marquée par l'éclosion de ce qu'on appelle aujourd'hui la société civile, par opposition à celle politique et érigeant dans la foulée de dangereuses frontières entre l'une et l'autre sphère. Comme dans un bon printemps, des associations avaient poussé, là où, avançait-on sans s'embarrasser de plus d'explications, les partis avaient échoué.

" Afak, Alternatives, Maroc 2020, Convergences 21 , la création de toutes ces associations nées en 1995 ou un tout petit peu plus tard est venue répondre, en dehors de toute considération politique, à l'aspiration d'évolution de la société. Du moins c'est ce que pensait réellement les fondateurs de ces associations qui faisaient de la politique sans le savoir. Souvenez-vous, c'était avant l'alternance consensuelle et le dénominateur commun de ces o.n.g était cette volonté de changement avec l'air de dire puisque les partis ne sont pas arrivés à provoquer le changement, c'est la société civile qui va s'en charger ”, rappelle un politologue.

La société civile sera quelque part le cheval de Troie des pouvoirs publics. Les années 1990 seront fastes pour ces associations, héritières probablement sans vraiment le vouloir de ces associations régionales nées dans la décennie 1980, dont les fondateurs étaient toujours des proches du pouvoir, de Ribat Al Fath à l'association Bouregreg en passant par Fès-Saïss ou encore Angad.

L'histoire se répétait-elle à voir ainsi les autorités regarder avec bienveillance toutes ces ONG investissant le social, l'éducation, le civisme et même le débat politique ? Autrement dit, avec ces associations créées par Benamour, Harouchi, Belhaj et tous les autres, le Makhzen n'était-il pas, en cette décennie qui vient de nous quitter, en train de faire de ce nouveau tissu associatif son réservoir, voire même un cadre pour le renouvellement de ses élites.

La génération spontanée de la politique, dans le sens de refus de la politique " traditionnelle ” exercée par une galerie de dinosaures posait ses jalons. Quelques années plus tard et sans réellement trop de surprises, Abderrahim Harrouchi devenait ministre alors que Ali Belhaj créait son propre parti politique.
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