Portrait d'une actrice engagée : Charlize Theron, consacrée à Hollywood, fait entendre sa voix dans son pays
L'actrice sud-africaine Charlize Theron, consacrée il y a une semaine à Hollywood au terme d'un parcours emblématique, a su, avec courage, faire entendre sa voix dans son pays natal sur le sujet très sensible du viol.
A l'annonce de l'attribution de l'Oscar de la meilleure actrice pour son rôle de prostituée meurtrière en série dans «Monster», de Patty Jenkins, tous les médias sud-africains ont souligné, avec une avalanche de détails sur l'enfance de «Charlize», la combativité et la persévérance de l'actrice de 28 ans.
L'histoire de la fille de Benoni, petite ville afrikaner proche de Johannesburg, a été marquée à l'adolescence par le meurtre de son père alcoolique par sa mère lors d'une dispute.
«Cela fait partie de moi, mais cela ne dirige pas ma vie», soulignait récemment l'actrice, qui vit depuis près de 10 ans aux Etats-Unis, dans un entretien à ABC News. Elle a, par la suite, dû renoncer à ses rêves de danseuse après une blessure au genou.
«Le parcours personnel de Mlle Theron est une belle métaphore de l'avancée de l'Afrique du Sud de l'agonie à la réussite», a estimé le chef de l'Etat Thabo Mbeki, faisant part de la «fierté» de tout un peuple pour la première actrice africaine à recevoir un Oscar. «Je veux remercier tout le monde en Afrique du Sud, mon pays natal....», a dit, au bord des larmes, l'ancienne mannequin en recevant la prestigieuse statuette. Cette phrase, «revendication émouvante de ses racines» selon un quotidien, a renforcé l'élan de sympathie pour la «fille sud-africaine». «Bienvenue à la maison, Charlize», titrait samedi le Saturday Star.
Mais la séduisante actrice aux yeux bleus a, il y a quelques années, pris la parole dans son pays dans un contexte beaucoup moins consensuel. Fin 1999, elle s'est retrouvée au coeur d'une vive polémique après avoir participé à une campagne de sensibilisation au viol, baptisée «Les vrais hommes ne violent pas».
Dans un spot télévisé, elle délivrait un message sans fards.
«Les gens me demandent ce que je pense des hommes en Afrique du Sud. Quand vous pensez que plus de femmes sont violées en Afrique du Sud que n'importe où ailleurs dans le monde (...) c'est difficile pour moi de dire ce que je pense des hommes sud-africains (...) Il semble y en avoir si peu».
La publicité avait provoqué une avalanche de réactions - des applaudissements à l'indignation - dans un pays qui a du mal à assumer, et à endiguer, ce trait marquant de sa criminalité.
A la suite de plaintes, l'Autorité de supervision de la publicité (ASA) avait, un temps, ordonné le retrait du spot jugeant qu'il «généralisait de façon irraisonnable et injustifiée» les hommes sud-africains, avant de finalement l'autoriser de nouveau.
Depuis, la fièvre est retombée et l'Afrique du Sud s'apprête à célébrer en grande pompe le retour - temporaire - de sa fille prodigue, qui a bourlingué à travers le monde mais fait référence à son pays dès que l'occasion lui en est donnée.
«C'est tellement fou, moi qui vient d'une ferme en Afrique du Sud!», s'est-elle exclamée fin janvier en recevant le Golden Globe de la meilleure actrice. Arrivée samedi à Johannesburg, la «petite fille de Benoni» a été reçue lundi soir par le chef de l'Etat Thabo Mbeki, et dans les jours suivants par son légendaire prédécesseur, Nelson Mandela, qui a fait part de son souhait de la «féliciter personnellement».