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Pour la France, Yasser Arafat demeure un acteur incontournable

30 Octobre 2004 À 00:07

La France, qui accueille pour des soins Yasser Arafat, figure emblématique des Palestiniens, aujourd'hui affaibli et contesté, a toujours soutenu ce chef de guerre devenu président, voyant en lui un élément incontournable d'une solution juste au Moyen-Orient.

"Il y a un point sur lequel la politique étrangère française n'a pas varié quelque soit le président depuis le général de Gaulle, c'est la question palestinienne", a expliqué à l'AFP l'expert du Proche-Orient et historien Paul-Marie de la Gorce.
De fait, le dossier israélo-palestinien, passé au second plan pour cause de guerre en Irak, reste encore aujourd'hui pour Paris la clé de la stabilisation de la région la plus volatile du monde.

C'est dans ce contexte que le président français Jacques Chirac a pris personnellement la décision d'accueillir à Paris M. Arafat, 75 ans, pour y être soigné après que sa santé se fut brusquement détériorée.
"La France respecte la légalité internationale et le considère toujours comme ce qu'il est", le président élu par les Palestiniens en janvier 1996, note Amnon Kapeliouk, journaliste israélien et auteur de la biographie "Arafat l'irréductible".
M. Chirac a également justifié la venue en France du dirigeant palestinien malade par la tradition de "terre d'accueil" de la France. "Quand quelqu'un est malade, l'exigence humanitaire s'impose à tout le monde", a-t-on expliqué dans son entourage.

Mais le geste est aussi largement politique, pour un pays qui ambitionne de jouer encore un rôle au Moyen-Orient. "Dans les pays arabes, c'est quelque chose qu'on portera au crédit de la France", souligne M. de la Gorce. "On se dira: c'est le pays en lequel Yasser Arafat a le plus confiance".

Les responsables français sont d'ailleurs parmi les derniers officiels de l'Union européenne à rendre visite à M. Arafat depuis qu'il est assiégé par l'armée israélienne dans son quartier général de Ramallah. Fin juin, le ministre français des Affaires étrangères Michel Barnier avait préféré annuler une visite en Israël plutôt que de renoncer à le rencontrer. Pour la France, "rien de se fera sans ni contre Arafat" dans le processus de paix. "L'Histoire nous apprend qu'on ne choisit pas son adversaire", a déclaré M. Barnier le 19 octobre en Israël. La France avait agi une première fois, à l'été 1982, pour sauver la vie du chef de l'OLP (Organisation pour la libération de la Palestine), menacé par les forces israéliennes à Beyrouth, décidées à en finir avec la guérilla palestinienne installée en force au Liban depuis 1970.

A l'initiative du président François Mitterrand, les militaires français avaient aidé à son évacuation. Le 30 août 1982, protégé par l'armée française, il avait quitté la capitale libanaise pour gagner Tunis.

"Le président François Mitterrand, qui avait beaucoup de sympathie pour l'Etat d'Israël, a été très catégorique sur les droits nationaux des Palestiniens", relève Paul-Marie de la Gorce. "Il a même dit un jour: les Palestiniens ont le droit de se battre". La première visite de M. Arafat à Paris remonte au 2 mai 1989. Il avait été reçu par le président Mitterrand, six mois après l'acceptation par l'OLP des résolutions de l'Onu, valant reconnaissance de l'Etat hébreu.

La relation du dirigeant palestinien avec M. Chirac, élu en 1995, sont tout aussi étroites. En janvier 1997, lors de sa sixième visite au président français, le chef palestinien confiait que lorsqu'il a un problème, il va voir "le docteur Chirac". Israël, qui accuse le chef palestinien d'encourager le terrorisme, a fait savoir qu'il n'empêcherait pas M. Arafat de retourner à Ramallah. La France a "pris note" de l'engagement israélien, a déclaré à l'AFP un diplomate français.

Pas de diagnostic avant plusieurs jours selon Leila Chahid

La représentante en France de l'Autorité palestinienne Leïla Chahid a déclaré vendredi après-midi que le diagnostic concernant le leader palestinien Yasser Arafat, gravement malade et hospitalisé dans un hopital militaire près de Paris, ne serait pas connu avant plusieurs jours. "Dans les premières heures de son arrivée, Yasser Arafat a été pris en charge par les médecins de l'hôpital. Il est en ce moment (vers 16H45 -14H45GMT, ndlr) dans sa chambre. Les médecins font tous les examens nécessaires pour établir un vrai diagnostic", a indiqué Mme Chahid lors d'un point presse devant l'hôpital militaire Percy de Clamart (ouest de la capitale) où le leader palestinien est soigné. "On ne saura pas grand-chose avant la fin des examens, ce qui peut prendre plusieurs jours", a ajouté la représentante palestinienne, évoquant "une grippe intestinale", sans plus de précision. "Yasser Arafat est très fatigué, mais il est conscient et soulagé d'être ici.

(...) Il m'a demandé de remercier les autorités françaises et l'hôpital de l'avoir accueilli dans un délai très court. Il est heureux d'être en France", a-t-elle encore dit.

"Sa femme (Soha Arafat, ndlr) est auprès de lui. Elle est soulagée de savoir qu'il est entre les mains des meilleurs médecins en France", a-t-elle ajouté.
"Le plus important pour nous est qu'il soit soigné, qu'on ait un diagnostic et le meilleur traitement, afin qu'il puisse reprendre ses forces puis revenir vers son peuple et reprendre ses fonctions", selon Mme Shahid.

"Ce n'est pas seulement lui qui est touché par le geste de la France mais le peuple palestinien dans son entier", a lancé Mme Shahid.

Selon elle, c'est le Premier ministre palestinien Ahmad Qorei qui a demandé aux autorités françaises d'accueillir M. Arafat. Le président français Jacques Chirac a indiqué vendredi avoir lui-même accepté la demande. Selon un des médecins du dirigeant palestinien, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, l'anomalie sanguine dont souffre M. Arafat est potentiellement mortelle.
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