Naissance de SAR Lalla Khadija

Pourquoi le fondouk américain de Fès a fermé ses portes ?

Mardi 31 août 2004. Il est 10 heures du matin quand M. Frappier Denys nous ouvre lui-même les portes de ce célèbre fondouk américain dont la date de naissance remonte à 1925.

01 Septembre 2004 À 15:09

Professeur et vétérinaire de son état, le directeur du fondouk nous vient du Canada (Québec), installé à Fès depuis 1994. Après une brève visite des installations du fondouk, lequel a été fermé depuis le 15 août dernier, M. Frappier nous reçoit dans ses travaux en compagnie d'un autre confrère, afin de nous exprimer les raisons qui l'on poussé à prendre une telle décision.
" Nous exerçons depuis 77 ans et jusqu'à présent, nous ne sommes pas connus par l'Etat marocain comme société ou association de bienfaisance d'utilité publique”.

Ne décolérant pas, M. Frappier Denys, documents et correspondances à l'appui, dit avoir accompli toutes les formalités d'usage vis-à-vis des pouvoirs publiques pour mériter ce statut d'établissement au service des animaux, qu'il soigne et traite dignement, qui plus est gratuitement. Les chiffres fournis à cette occasion sont édifiants et se passent de tout commentaire. " Rien qu'en 2003, le fondouk américain a accueilli et soigné, voire opéré gratuitement plus de 17000 bêtes de somme (mulets, chevaux, moutons, oiseaux, chiens, chats etc. Rien que pour les pigeons par exemple, 552 ont bénéficié de nos services toujours au cours de cette même année."

"Pour revenir à la question de notre reconnaissance, je porte à votre connaissance que j'attends un acte écrit depuis décembre 2003, mais jusqu'à présent, aucun signe ni manifestation d'intérêt à notre égard." " De toute façon, conclue M. Frappier, le fondouk ne rouvrira ses portes qu'à la condition d'être reconnu officiellement par l'Etat marocain ”. En attendant, quelque 70 bêtes soignées en moyenne par jour au sein de ce fondouk, quelque 1400 par mois d'après les statistiques arrêtées par les services de cet hôtel, risquent gros, menacées qu'elles sont de ne pouvoir être ni secourues ni soignés à temps.
Dans un autre registre, le fondouk, qui ne bénéficie plus des mannes provenant des donateurs américains, se doit de gérer par ses propres fonds les frais exigés par les différents traitements.

Ainsi, M. Frappier nous cite le chiffre de 25000 dh de médicaments cachetés par mois au Maroc, soit 300.000 dh (Trois cent mille dirhams) par an. Quant aux matériels médicaux et autres appareils destinés ou affectés au fondouk, ils ne peuvent plus rentrer librement des Etats-Unis comme naguère, l'état réclamant le paiement de frais de dédouanement et autres taxes que le fondouk ne peut honorer, compte tenu de sa vocation bienfaitrice
En plus, l'A.M.S.P.C.A (Société pour la prévention des cruautés aux animaux) de l'Etat du Massa Chussels a continué en apportant son soutien et son concours réguliers à la marche du fondouk.

En attendant une solution à une situation qui ne devrait pas exister, nombre d'animaux vont payer les pots cassés par la faute d'une administration qui ne distingue point entre le bienfait et le commercial. Au sujet des relations entre le fondouk et l'ordre des vétérinaires de Fès, M. Frappier nous assure qu'elles ne connaissent pas de nuages, indiquant à titre d'anecdote que le président de cet ordre soigne son chien au sein du fondouk.

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