L'humain au centre de l'action future

Répertoire folklorique de nos provinces du Sud : Tarab hassani en scène à Paris

Le Centre Tarik Ibn Ziyad d'études et de recherches vient d'organiser à la salle des spectacles de l'Institut du monde arabe (IMA) à Paris deux soirées musicales animées par la troupe de Tarab Hassani de l'artiste Batoul Almarouani, originaire de Laâyoune

29 Mars 2004 À 18:01

L'Histoire du Maroc tire ses racines dans les tréfonds des provinces du Sud de notre Royaume. Cette histoire continue à tirer sa vitalité et son renouveau de cette profondeur saharienne du Maroc depuis l'avènement de la dynastie des Almoravides.

Et c'est sa musique qui dispose d'un patrimoine musical et chorégraphique qui a été transmis oralement de génération en génération, selon des règles d'apprentissage régies par la relation maître-disciple. Cette musique folklorique présente, en fait, une variété considérable dans les styles des rythmes, les mélodies et les coutumes. Variété qui est étroitement liée aux réalités géographiques et aux implantations tribales.

On compte une bonne centaine de danses accompagnées de chants les plus divers et dont les interprètes portent des costumes différents. Les Sahraouis sont des nomades organisés en tribus. Après le dîner, les jeunes, hommes et femmes, se regroupent pour se distraire et passer des moments agréables en chantant et en déclamant des vers de la poésie Hassaniya. C'est là qu'est né le Tarab Hassani.

Hautes en couleurs, les soirées animées par la troupe de Tarab Hassani de l'artiste Batoul Almarouani, avaient pour ambition d'apporter la preuve que l'héritage sahraoui féconde toujours la création artistique marocaine, suscite d'étonnants mélanges et donne naissance à des formes artistiques nouvelles. L'art de la danseuse réside dans ses mouvements de bras et de mains.

Tout geste a une signification symbolique chez la troupe de Tarab Hassani qui a réparti ses spectacles sur trois volets, instrumental, vocal et poétique, avec des supports instrumentaux alternant Tbila, Ney et Tadnit. Les chansons de Batoul Almarouani filent au rythme du tambour et la guedra d'une part, et de la célèbre danse du poignard d'autre part. La troupe se compose de dix hommes et femmes qui portent des habits traditionnels, des capes et des Darrâa, sorte de gandouras.
Le costume traditionnel des femmes est essentiel à la danse.

C'est un haïk formé d'un grand morceau de tissu et tenu par deux bornes avec une longue chaîne drapée entre les deux. Dans la société sahraouie, la femme a un statut privilégié. Il n'est pas étonnant de la voir, voilée et drapée pour la circonstance, exhibant ses mains décorées de henné lors de la danse de la guedra.

C'est une danse sans déplacement, rythmée par un tambour en terre cuite. La guedra, marmite en arabe, tient son nom du tambour que l'on fabrique en tendant une peau de chèvre sur cet ustensile de cuisine. C'est une danse de bénédiction cher les Berbères du Sud. La guedra peut être interprétée par une femme seule, deux femmes, ou une femme et un enfant. C'est une danse de transe aux mouvements de base simples. La danseuse vêtue d'un haïk bleu, ondule des mains dans plusieurs directions.

Aux abords de la transe, elle exécute des mouvements convulsifs de la tête, balançant ses tresses de part et d'autre. Les doigts de la main dessinent des motifs qui symbolisent un langage mystérieux qui se confond dans l'immensité du désert. Dévoilant rituellement son visage et ses bras, la danseuse répète ses mouvements en parfaite osmose avec le rythme et le chant, jusqu'à ses dernières forces. La danse de la guedra, influencée par la musique subsaharienne, est pentatonique.

La guedra est une danse connue originaire de Goulimine. Son cadre musical est composé d'un petit groupe d'hommes dont l'un deux exécute un rythme régulier en frappant sur une poterie. La danse est effectuée par une femme située au milieu du groupe de chanteurs. Elle est à genou, enveloppée dans une étoffe bleue, et exécute de la tête et des mains la rythmique endiablée de la «guerrière».

Cette danse commence par des gestes de mains aux quatre directions (Nord, Sud, Est et Ouest) puis aux éléments : ciel (vers le haut), la terre (vers le bas), vent (dehors) et l'eau (abaissant). Dans le domaine des arts traditionnels, la région du sud est réputée par son dynamisme, spécialisé dans trois secteurs principaux : le travail du cuir, celui des métaux principalement l'argent et celui du bois.

Le deuxième domaine qui illustre le savoir-faire dans la province à l'instar des autres provinces du Sud, la fabrication des bijoux, armes, cadenas et clés. S'ajoute à cela la confection des tentes sahariennes qui sont faites de poils de chèvres et de laine noire, la couture, et le montage des dunes donnent lieu à des festivités. L'ampleur de la tente reflète le statut social du propriétaire, son rang économique et son importance politique au sein du groupe.

La province connaît également des moussems et des festivités. Tel le moussem de Lamsid à la commune de Lamsid à mi-chemin entre Laâyoune et Boujdour.
Copyright Groupe le Matin © 2025