S.A.R. le Prince Moulay Rachid ouvre le Festival d'Agadir : un moment de communion, de générosité et d'échange
S.A.R le Prince Moulay Rachid a présidé hier soir à la place Al Amal, la cérémonie d'ouverture du festival d'Agadir «Signes et culture-Timitar» au cours duquel les musiques amazighes accueilleront les musiques du monde. Après l'allocution de bienvenue pro
S.A.R. le Prince Moulay Rachid présidant l'ouverture du Festival
LE MATIN
08 Juillet 2004
À 01:30
Chanteur phare de l'Algérie militante depuis les années 70, Idir continue son combat pour la reconnaissance de la culture amazighe, avec ses propres armes. A savoir la poésie et la musique.
Loin des paillettes du showbiz, l'homme se fait discret, mais les concerts de l'auteur de l'émouvante et mondialement connue «A vava inouva» sont toujours des moments rares de générosité et d'échange.
Il chante l'amour comme il chante la guerre, les souffrances… Une fois sur scène, il a eu un accueil exemplaire de la foule qui scandait «Imazighen» et chantent, en chœur, avec lui. Par la suite, le groupe Izenzaren a tenu en haleine et jusqu'à une heure tardive de la nuit, des milliers de spectateurs venus chanter et danser aux rythmes de la musique amazighe. Fondé dans les années soixante dix dans la mouvance de groupes tels que Nass El Ghiwane et Jil Jilala, Izenzaren modernise et donne une parole contemporaine à la chanson amazighe.
Son succès, tant au Maroc qu'à l'étranger, est considérable. Par la magie de ses compositions musicales, enrichies par le recours au banjo et par des paroles en symbiose avec les questions qui traversent la société, ce groupe a été porté par toutes les générations. Des chansons telles que Wad ittemuddun (Voyageur), Wa zzin (Oh ! beauté), Immi Henna (Ma gracieuse mère), Ttuzzalt (Poignard), font désormais partie du patrimoine. La soirée s'est poursuivie au théâtre de verdure de la municipalité où trois femmes ont été honorées de la présence de plusieurs fans de la musique africaine et amazighe. C'est Batoul Almarouani de Laâyoune qui a été la première à chanter. Sa troupe perpétue la tradition sahraouie du Tarab Al Hassani, connu pour la variété de ses styles et de ses timbres, portés par les instruments traditionnels que sont la Tabla, le Ney, le Tadnit et l'Ardine, mêlés aux voix féminines et masculines, et transcendés par la danse populaire des provinces du Sud qui met en scène le mouvement harmonieux des doigts féminins.
Initiée par son père, Batoul Almarouani use de la poésie Hassanie avec subtilité et génie. Ensuite, ce fut au tour de la Malienne Nahawa Doumbia de faire danser l'assistance aux rythmes de la musique africaine. C'est contre l'avis de toute sa famille que cette jeune fille, appartenant à la caste des forgerons et non des griots, s'est lancée dans la chanson. Depuis les années 70, le public malien a vénéré sa voix merveilleuse, qui s'harmonise si bien avec les cordes des N'goni.
Nahawa Doumbia compose et écrit toutes ses chansons, révélant une vie intérieure intense et troublante. Puisant son inspiration dans son expérience, elle transfigure ses blessures et ses espoirs. La soirée a été clôturée au théâtre de la municipalité par la très réussie prestation de Rayssa Fatima Tabaamrant de la région de Souss. Considérée aujourd'hui comme l'une des grandes Rayssate du Souss, cette voix exceptionnelle réinvente la tradition des Rways. Accompagnée avec exigence par d'excellents musiciens aux rebab, lotar, naqus et percussions, la poésie chantée (ou Amarg) de Fatima Tabaamrant dépasse le cercle des amateurs et fait de cette grande chanteuse la nouvelle diva amazighe.
A la scène Bijaouane, les frères Akkaf de Rabat ont chanté et dansé pour un public venu également nombreux. Fondateurs du groupe Ousmane dans les années soixante dix, ils sont de cette génération qui entreprit de rénover le folklore traditionnel. Belaid, Aziz et Ali, aux instruments à corde, ont formé un quatuor avec Boubker Cherki aux percussions, pour explorer l'art musical marocain dans sa diversité et sa richesse, et le mêler, harmonieusement, aux rythmes du jazz et des musiques du monde. Ensuite c'était au tour de Inerzaf (Souss) de tenir son concert. Fondé par Lahcen Bizenkad en 1986, ce groupe participe de la vitalité de la chanson moderne et populaire amazighe. L'amour, la jalousie et les sujets de société forment l'essentiel d'un répertoire soutenu par une musique communicative et festive.
L'Espagne était, pour sa part, présente au festival d'Agadir avec Ojos de Brujo. Prêts à vivre tous types d'expériences, tant qu'il s'agit de musique, les Ojos de Brujo, qui appartiennent également au collectif artistique " La Fabrica de Colores ”, mêlent le Flamenco au hip hop, au funk, au rap et au reggae.
Ils métissent sans vergogne et avec un enthousiasme inépuisable la musique flamenca traditionnelle : percussions latines, scratchings délirants, voix ragga et danses enflammées. A telle enseigne qu'il devient extrêmement délicieux de se laisser ensorceler par ces vagabonds du son !