S.M. Mohammed V aux autorités du protectorat : «Je suis le Souverain légitime du Maroc. Jamais je ne trahirai la mission dont mon peuple confiant et fidèle m'a chargé»
«Je suis le Souverain légitime du Maroc. Jamais je ne trahirai la mission dont mon peuple confiant et fidèle m'a chargé. La France est forte, qu'elle agisse comme elle l'entend», a dit S.M. Mohammed V aux autorités coloniales qui lui demandaient d'abdique
Le peuple marocain célèbre cette année le 51e anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple, une étape cruciale dans l'histoire du Maroc qui rappelle la lutte acharnée menée sans répit par le peuple marocain sous la conduite du Père de la nation, feu S.M. Mohammed V, pour le recouvrement de l'indépendance et la préservation de la souveraineté nationale.
Le 20 août 1953, le regretté Souverain et son digne successeur feu S.M. Hassan II refusèrent de se soumettre aux convoitises coloniales.
Les rapports entre le Palais et la Résidence générale se sont, en effet, profondément détériorés après le début d'un soulèvement de la résistance nationale contre l'occupant, mouvement que feu S.M. Mohammed V soutenait totalement et inconditionnellement.
Dans sa réponse aux autorités coloniales qui lui demandaient d'abdiquer et de vivre «libre et hautement considéré en France», feu S.M. Mohammed V avait déclaré : «Je suis le Souverain légitime du Maroc. Jamais je ne trahirai la mission dont mon peuple confiant et fidèle m'a chargé. La France est forte, qu'elle agisse comme elle l'entend».
La crise allait atteindre son paroxysme lorsque les autorités du protectorat ont décidé alors la déportation du Souverain et de la Famille Royale, dans une tentative désespérée de priver la résistance de son symbole et d'entériner leur mainmise sur le Royaume.
Mais l'exil de la Famille Royale en Corse, puis à Madagascar, a eu le mérite de révéler au grand jour toute la ferveur de la résistance du peuple marocain et son attachement indéfectible à son Souverain.
L'attitude courageuse du héros de la libération était à l'origine d'un formidable élan d'émancipation qui s'est transformé aussitôt en un point de départ d'une marche glorieuse vers l'indépendance.
«Le Maroc est au seuil d'une ère nouvelle et son avenir dépend de l'orientation qu'il prendra dans cette période délicate», avait dit feu S.M. Mohammed V dans un discours prononcé le 18 novembre 1952.
La déportation du Père de la nation est une offense non seulement à tous les Marocains, mais également à l'ensemble des Musulmans et Arabes, car comme l'a dit justement Allal El Fassi, S.M. MohammedV «incarnait l'honneur du Croyant, la force du Combattant et la noblesse de l'Arabe».
Le peuple marocain s'est en effet dressé dans un même élan spontané de ferveur patriotique et de solidarité agissante pour déjouer le complot ourdi par les autorités coloniales contre le symbole de la résistance, feu Sa Majesté Mohammed V et marquer par le geste et les actes son attachement à son Souverain et à la Famille Royale.
Le soulèvement d'Oujda, le 16 août 1953, avait été le signe précurseur d'un embrasement général qui allait faire tâche d'huile sur toute l'étendue du territoire national. L'occupant français, qui croyait pouvoir accomplir le dernier acte de ce qu'il appelait, cyniquement, la pacification, s'est rapidement rendu compte que ce geste lui était fatal.
Des voix se sont ainsi élevées à travers le monde pour dénoncer la manœuvre colonialiste, réclamant le retour du Souverain légitime du Royaume.
Les négociations d'Aix-Les-Bains qui suivirent allaient marquer les prémices d'un changement dans la politique française au Maroc, au moment où le mouvement de résistance nationale diffusait à une large échelle un tract auquel le peuple allait adhérer sans réserves. «Tout en continuant la lutte, le peuple ne reconnaît qu'à Ben Youssef (S.M. Mohammed V) la qualité d'interlocuteur», précisait la Résistance dans son tract.
Dans la lettre des «75», adressée en mai 1954 par 75 personnalités françaises au Président français, les signataires ont exhorté le chef d'Etat à prendre des mesures destinées à accélérer les «réformes des structures politiques, économiques et sociales qui apporteraient au peuple marocain la liberté, la dignité et un meilleur niveau de vie».
Cette initiative a été suivie par une pétition remise par 128 personnalités marocaines au Résident général, François Lacoste, en juillet 1954. «Le dialogue franco-marocain ne pourra être fructueux qu'en abordant franchement et sans équivoque le problème posé par la déportation de S.M. Mohammed Ben Youssef», écrivent ces derniers dans leur lettre.
En août de la même année, les ouléma de Rabat et de Fès demandent dans une pétition au Résident général «le retour sur le Trône chérifien de son Souverain légitime Sidi Mohammed Ben Youssef».
Parallèlement, le peuple marocain s'est lancé dans un combat farouche, héroïque et ininterrompu contre les forces de l'occupation jusqu'au retour triomphal à la mère-patrie du Souverain légitime.
«Ce n'est pas un exil misérable que votre iniquité m'a infligé mais un retour glorieux qu'elle m'a préparé», déclarait ainsi feu S.M. Mohammed V à l'adresse des forces coloniales, le jour de son retour béni dans la mère-patrie.
Le 2 mars 1956, la page du protectorat est tournée, le Maroc retrouvant la maîtrise totale de son destin.
Le 20 décembre 2002, un hommage sans précédent fut rendu au regretté Souverain à la suite de l'inauguration par S.M. le Roi Mohammed VI et le Président français Jacques Chirac de la Place Mohammed V en plein cœur de la capitale française. «Le Maroc et la France, a dit alors le Président Chirac dans un discours de circonstance, sont redevables à votre grand-père, S.M. le Roi Mohammed V, de la relation si singulière qui les unit. Sa stature a marqué de son empreinte l'Histoire contemporaine. Sa modération et son humilité l'ont inspiré dans la décision de soutenir la France au temps de l'adversité. Sa foi et son courage lui ont permis de l'affronter au temps de la puissance.
Mohammed V aura porté très haut l'honneur et la fiéreté du Maroc».
Et le Président français d'ajouter: «Aujourd'hui, devant Votre Majesté et sa famille assemblée, la France et Paris rendent l'hommage de l'estime et de l'amitié à cette haute figure, et, à travers elle, au Royaume du Maroc et à son peuple».
Au lendemain de l'indépendance du Maroc, le Roi et le peuple allaient mener un combat d'une autre nature. Forts de cette parfaite symbiose entre le Trône et le peuple, les Marocains ont répondu massivement, dès l'aube de l'indépendance, à l'appel du regretté Souverain feu S.M. MohammedV, en s'engageant corps et âme dans le grand combat du développement économique et social du Royaume.
Dès son retour d'exil, feu Sa Majesté Mohammed V avait dit à l'adresse de son peuple: «Nous sommes sortis du combat mineur pour livrer le combat majeur».
C'est ce combat que tous les Marocains n'ont cessé de mener derrière le digne successeur du regretté souverain S.M. Mohammed V, feu S.M. le Roi Hassan II, et S.M. le Roi Mohammed VI, dans un esprit de solidarité, de dévouement inégalé et de patriotisme exemplaire.
Cet élan de patriotisme et de fidélité au Trône marquera les générations de l'après-indépendance sous le règne prospère du Souverain défunt S.M. Hassan II qui a parachevé l'œuvre unificatrice de son auguste père, grâce à la glorieuse et historique Marche Verte qui a scellé les retrouvailles entre les fils des régions nord et sud du Royaume.
Un demi siècle nous sépare du déclenchement de la Révolution du Roi et du Peuple, autant d'années mises à profit pour assurer le développement socioéconomique du Royaume et faire du Maroc un havre de paix, une terre de rencontre et une forteresse invulnérable face aux convoitises et aux velléités des adversaires de l'intégrité territoriale de la nation.