L'humain au centre de l'action future

Science-fiction : Les chroniques de Riddick de David Twohy : une nouvelle saga intersidérale

Sous une apparence lisse de jeu vidéo industriel où s'ébattent des hommes mutants en costumes péplum sous le coup d'une étrange mythologie, Les Chroniques de Riddick recèle des trésors de décors et d'authentiques postulats de science fiction.

15 Octobre 2004 À 16:22

Pitch Black, la série B de science-fiction qui a révélé le comédien américain Vin Diesel pendant l'été 2000 après son apparition dans Il faut sauver le soldat Ryan (Steven Spielberg), est aux Chroniques de Riddick ce que Bilbo le Hobbit est à la trilogie Le Seigneur des anneaux de Tolkien : un prélude. Nul besoin, pourtant, d'avoir visionné Pitch Black pour rentrer de plain-pied dans cette nouvelle saga futuro-fantastique, décevante par endroits mais réjouissante par d'autres.

Sur des décors d'une beauté vertigineuse, David Twohy maintient l'équilibre entre la 3D et le dessin, l'action et le pathos, la mythologie et l'ironie. Gageure qui commue toute révérence à Hollywood en pied de nez consenti et consentant. Presque un mot de passe, en somme, pour accéder à une expérience plus inédite qu'il n'y paraît.

Le personnage de Riddick en est la meilleure illustration. Paria solitaire, loup échappé des pires prisons de la galaxie et recherché par tous les chasseurs de tête qu'elle produit, Riddick est un guerrier en cavale, désabusé et incrédule qui ne défend qu'une seule cause, la sienne, et qu'un seul but, sa tranquillité. Il n'a pas l'élégance d'un Aragorn (Le Seigneur des Anneaux) ou la fragilité d'un Neo (Matrix) : sa dextérité de bête sauvage et sa musculature culturiste assorties d'une voix de crooner lui confèrent d'ailleurs un semblant de ridicule déstabilisant de prime abord. Mais son regard de verre, son air goguenard et son aplomb désinvolte en font un sympathique nouvel héros, lointain cousin des X-Men.

Tapi sur une planète lambda où il tentait de se faire oublier, Riddick est tiré de son hibernation ascétique par d'étranges pisteurs. L'univers menace de sombrer dans un infernal chaos : les Necromongeurs, une secte d'illuminés destructeurs et surpuissants, étendent leur empire en engloutissant chaque cité sur leur passage. Tous ceux qui ne rejoignent pas leurs rangs, moyennant un lavage de cerveau violent et un asservissement total, seront anéantis. Se convertir ou mourir, il n'y a pas d'alternative, et personne ne semble en mesure de lutter. Sauf Riddick, qui, pour une raison qu'il ignore, est décrété le seul à pouvoir affronter les diaboliques.


Planète de glace et planète en feu, anéantissements spectaculaires et fosse aux prisonniers, les extérieurs des Chroniques de Riddick sont d'une créativité étourdissante. Contrairement aux intérieurs qui s'apparentent, en revanche, bien plus à un péplum numérique assez bas de gamme. La faute aux personnages, qui, exceptée la mage évanescente ou le chef des Necromongers et son don d'ubiquité, restent, pour la plupart, figés dans une imagerie de console vidéo. Sous ses effluves mystico-complexes, le scénario souffre d'une linéarité prévisible. Son joker, c'est de jouer le jeu sans se prendre au sérieux.

Même Riddick, qui avait l'air de trouver le schéma plutôt simple, se retrouve pantois devant la prophétie qui l'écrase. Quels résidus de conscience après « l'opération » que les Necromongeurs pratiquent sur des humains hurlant de douleur ? La façade lisse de cette saga ludique se craquèle sur d'authentiques motifs de science-fiction. Premier épisode de ce qui s'annonce comme un nouveau western intergalactique.

Les Chroniques de Riddick (The Chronicles of Riddick). Film américain de David Twohy (sortie en France : 18 août 2004). Durée : 1h 59 minutes. Avec Vin Diesel, Thandie Newton, Karl Urban.
Copyright Groupe le Matin © 2025