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Suite à dégradation de la situation en Côte d'Ivoire : Exode massif des Occidentaux

L'exode des ressortissants occidentaux de Côte d'Ivoire s'est poursuivi vendredi depuis l'aéroport d'Abidjan, où la situation semblait se normaliser après plusieurs jours d'émeutes lors desquelles des dizaines d'occidentaux ont subi des violences graves,

13 Novembre 2004 À 15:36

Dans un communiqué lu vendredi soir à la télévision, le gouvernement ivoirien a dit déplorer cet exode «au moment où les autorités ivoiriennes s'emploient à mettre en oeuvre des mesures pour davantage sécuriser les populations ivoiriennes et étrangères».

Selon une source militaire française, «plusieurs dizaines» de femmes blanches ont été violées en Côte d'Ivoire lors des pillages depuis le 6 novembre. Une représentante des Français de l'étranger en Côte d'Ivoire, Catherine Rechenmann, a pour sa part évoqué «37 exactions graves dont 3 à 4 viols avérés» contre les étrangers d'Abidjan. En France, dix plaintes, dont deux pour viol, ont été déposées depuis mercredi soir par des rapatriés français.

Au camp militaire français du 43ème Bataillon d'infanterie de Marine (BIMa), des soldats ont raconté avoir accueilli des occidentaux qui avaient été violés, tabassés, blessés à coups de machette ou de couteaux, ou encore en état de choc. «J'ai vu arriver un monsieur avec un oeil crevé et sept côtes brisées. Il était accompagné d'une Ivoirienne qui a été frappée parce qu'elle était avec un Blanc», a rapporté un témoin sous couvert de l'anonymat.
En revanche, «aucun décès français n'est imputable aux violences qu'a connues Abidjan ces derniers jours», selon Hervé Ladsous, porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Paris, qui a toutefois précisé que deux ressortissants français étaient toujours portés disparus. Environ un millier d'étrangers étaient encore réfugiés vendredi matin au camp du 43e BIMa - qui a accueilli au total 3.000 étrangers, dont 500 seraient finalement rentrés chez eux à la faveur d'une accalmie. «Je me suis retrouvée seule, avec les enfants dans la maison.

Pour une femme blanche, c'était intenable», a raconté Marie-Laure, métisse, qui attendait vendredi matin son évacuation vers Paris. Dans la soirée, deux nouveaux vols avec à leur bord 770 personnes au total, affrétés par le gouvernement français, étaient attendus à l'aéroport parisien Roissy-Charles de Gaulle. Près de 1.600 personnes ont déjà été évacuées par Paris.

Divers gouvernements étrangers ont également affrété des vols pour évacuer leur ressortissants, dont la Grande-Bretagne, l'Italie et le Maroc. En ville, Abidjan avait retrouvé un visage quasi normal, l'activité économique a repris et la situation était qualifiée de «calme, stable et précaire» par le colonel Gérard Dubois, de l'état-major français. «On est toujours à la merci d'une allumette, mais ça circule en ville et il n'y a pas de rassemblements», a-t-il précisé. Les «jeunes patriotes», partisans du président Laurent Gbagbo, n'étaient plus que quelques dizaines rassemblés près de la présidence et du siège de la télévision, dans le quartier huppé de Cocody.M. Gbagbo, qui a avancé un bilan des émeutes de 62 morts ivoiriens, ne présidera finalement pas samedi une cérémonie «d'hommage (aux) valeureux combattants de la paix» morts lors de ces violences, officiellement parce qu'elle correspondait aux fêtes de l'Aïd qui marquent la fin du ramadan.


La Côte d'Ivoire a annoncé qu'elle allait saisir la Cour internationale de Justice (CIJ) pour que les auteurs et les «commanditaires» de cette répression, qu'elle qualifie de «crimes odieux», soient «sanctionnés». Ces manifestations s'étaient produites le week end dernier après la destruction par l'armée française de l'aviation ivoirienne, après la mort de neuf soldats français le 6 novembre dans un bombardement sur Bouaké (centre).

Le ministre français de la Défense Michèle Alliot-Marie a déclaré qu'une enquête allait être menée pour établir à quel niveau la décision de bombarder la base française a été prise, estimant qu'il n'était «pas logique» que le chef de l'Etat Laurent Gbagbo ait ordonné «cet acte tellement fou». M. Gbagbo a quant à lui mémis des doute sur la mort des neuf soldats français, dans un entretien au quotidien américain Washington Post. «Je n'ai pas vu de cadavres. Je n'ai rien vu», a-t-il dit. Le président de l'Assemblée nationale Mamadou Koulibaly a pour sa part nié la responsabilité des forces gouvernementales dans cette attaque.
Dans le nord du pays, sous contrôle rebelle depuis septembre 2002, l'électricité et la distribution d'eau sont progressivement rétablis après neuf jours d'interruption.

Selon la présidence ivoirienne, il s'agit d'une «mesure humanitaire». Le calme est par ailleurs revenu dans la ville de Gagnoa (sud-ouest) où des violences inter-ethniques ont causé la mort de plusieurs personnes en début de semaine, selon la municipalité. Selon l'Onu, «au moins 5.000 Ivoiriens» ont fui vers le Liberia depuis la semaine dernière.
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