Symposium à Rabat : aspects scientifiques, alimentaires, juridiques et commerciaux des truffes
Le premier Symposium sur les Champignons du Bassin Méditerranéen se tiendra à Rabat les 6, 7 et 8 avril 2004. Il se propose de débattre des aspects scientifiques, alimentaires, juridiques et commerciaux des truffes (Terfess, forme marocaine de champignons
Les participants essaieront de répondre à des questions : Comment se fait-il que la production naturelle des truffes au Maroc, qui était très développée durant les années 70 (elle avait atteint plus de 1000 tonnes par an), s'est effondrée?
Pour le docteur Lahcen Khabar, professeur à la faculté des sciences de l'Université Mohammed V Agdal, spécialistes des champignons et l'un des organisateurs de ce Symposium.
Les raisons de cette baisse de production sont multiples. Mais la principale raison reste, selon lui, certains ramasseurs qui se livrent à des pratiques de piochage et qui conduisent à des perturbations irréversibles des écosystèmes dans lesquels poussent ces champignons.
En l'absence d'une loi qui organise les récoltes et la commercialisation, l'environnement et les forêts marocaines restent menacés. De même, plusieurs de familles qui vivent de cette culture en pâtissent.
Pour le professeur Lahcen Khabar, les Terfess sont peu consommées par les Marocains. Elles font surtout l'objet de vente aux étrangers ou exportés en l'absence de tout contrôle.
Dans les pays méditerranéens, notamment en Afrique du Nord et dans les pays de l'Est, ces champignons sont récoltés en abondance des truffes comestibles, connus des Arabes sous le nom de «Terfess», «Kamé», «Kholassi», «Zoubaïdi», «Truffes des déserts» et «Truffes des sables».
Leur production est conditionnée par des niveaux de précipitations favorables au début de l'automne et bien réparties de novembre à mai. Cependant, leur cycle biologique peut être perturbé par des précipitations excessives ou mal réparties ou par des périodes de froid prolongées ou de forte chaleur.
Au Maroc, on dénombre plusieurs zones potentiellement trufficoles. Les plus importantes sont la forêt de la Mamora située à l'est de Rabat, constituée de chênes lièges, le haut plateau du Maroc oriental constituant le domaine de l'Alfa, la région de "Had Hrara" située à l'est de la ville de Safi, et la cédraie du moyen Atlas et du Rif.
Il y a dix espèces de truffes marocaines. Elles se distinguent les unes des autres par la zone de récolte, la taille, la couleur, l'hôte auquel elles sont associées.
Ainsi, on parle de «Terfess rouge de Tafilalet», de «Terfess blanc de Tafilalet» ou «Ezzebdi», de «Terfess rose de la Mamora», de «Terfess lisse», de «Terfess indicateur» ou «Ezzouber», de «Terfess mâle», de «Terfess de taïda» (ce qui veut dire Terfess des pins) et de «Terfess amère de Taïda».
La plupart des espèces sont printanières, quelques unes apparaissent par contre dès les mois de novembre et décembre.
La méthode de récolte la plus courante des Terfess est celle dite «à la marque» (le sol est souvent gonflé et fendillé en surface au pied de la plante hôte).
Certains ramasseurs utilisent des bâtons pour tapoter les sols ou se livrent à des pratiques de piochage qui conduisent à des perturbations irréversibles des écosystèmes dans lesquels poussent ces champignons hypogés.
Lahcen Khabar, s'interroge sur le devenir de certaines espèces de truffes marocaines, telle la truffe du Moyen-Atlas, très prisée en Europe et qu'on ne trouve plus ?
Le premier symposium sur les champignons du Bassin Méditerranéen qu'abritera la Faculté des sciences de Rabat- Agdal, portera sur des échanges scientifiques sur la biologie, la physiologie, la taxonomie et l'écologie des champignons hypogés.
Le symposium permettra de mener une des réflexions aboutissant à l'établissement d'un réseau permanent d'échanges sur les idées et les progrès en matière de développement durable, de préservation des écosystèmes, de désertification, de commercialisation et d'économie locale.