Taoufik Hjira répond aux questions des MRE : l’Etat à l’écoute des concitoyens à l’étranger
Les questions et les doléances fusaient d’un peu partout. Ahmed Taoufik Hjira prêtait une oreille attentive à toutes les interrogations des Marocains résidant à l’étranger, apportait des réponses claires et concrètes à toutes ces tracasseries
La foule de Marocains à l’étranger était dense et le sentiment d’identification au pays très fort
LE MATIN
31 Mai 2004
À 17:45
Le ministre en charge du secteur de l’Habitat et de l’Urbanisme répondait à tous et proposait à chacun des solutions. Un dialogue franc et chaleureux s’est instauré dès les premières minutes. Finie la langue de bois, les réponses diplomatiques qui ne convainquaient personne. Ahmed Taoufik Hjira savait captiver son auditoire. Il avait l’art et la manière d’aller au fond des choses, de pointer du doigt les vrais problèmes et de proposer à tout un chacun des solutions pour résoudre ses problèmes.
En exposant les réalités du secteur de l’habitat, ses difficultés et ses défis, le ministre avait réussi à brosser un tableau général de la situation à un auditoire fortement intéressé par toutes les causes nationales. «Le secteur de l’immobilier est actuellement en crise. Le Maroc souffre d’un énorme déficit dans ce domaine. Et ce déficit ne fait que s’accentuer, d’année en année. Actuellement, 270.000 ménages, soit près de 1,5 million d’habitants résident dans des bidonvilles. 100 000 ménages vivent dans des maisons qui menacent ruine. Et pour faire face à l'implosion des villes, le Maroc devrait, en 30 ans, construire autant de logements que tout ce qui a été entrepris durant le XXe siècle. Mais le gouvernement, qui s’inspire des orientations Royales, est porteur d'une nouvelle approche qui a pour ambition d’actualiser la politique de l'habitat, d’accorder un intérêt accru au monde rural et d’accélérer le rythme de la production en vue de combler le déficit enregistré lors des dernières années», a insisté M. Hjira dans une intervention préliminaire.
C’est dans ce sens que le ministère en charge de l’Habitat et de l’Urbanisme a mis tous les moyens de son côté pour optimiser la mise à niveau des structures actuelles en vue d’absorber le flux des populations. La nouvelle approche développée par les responsables du secteur, a rappelé M. Hjira tient compte de la dimension humaine et sociétale. L’objectif étant de répondre au mieux aux besoins des citoyens, de sortir de la politique d’exclusion et des ghettos et de mettre un terme à toutes les pratiques douteuses et illicites qui portent atteinte à la dignité du citoyen.
La loi 04/04 actuellement en discussion au Parlement vise justement, a souligné le ministre «à renforcer le système coercitif des actes illégaux, à criminaliser les infractions et à responsabiliser tous les acteurs de la gestion urbaine en vue de concrétiser les instructions Royales». La politique désormais suivie est plus réaliste. La restructuration des organismes sous tutelle en un holding d'aménagement appelé «Al Omran», s’inscrit dans cette optique.
Les vastes chantiers initiés et qui reposent sur une approche plus réaliste et une politique plus homogène vont également permettre d’apporter une bouffée d’oxygène au secteur de l’habitat au Maroc.
«La lutte contre l’habitat insalubre qui constitue une grande plaie pour notre pays sera basée sur la concurrence et l’engagement des communes, des régions et des autorités locales, l’implication des ménages concernés à travers les associations et les amicales de quartiers et enfin l’intervention de l’Etat qui privilégiera les communes qui maîtriseront le développement de l’habitat insalubre et qui prennent part aux programmes de résorption», a souligné le ministre.
L’assistance, très nombreuse, a pu alors exposer ses problèmes et ses préoccupations. Problèmes d’expropriations pour cause de route nationale, d’enregistrements, de branchement à l’eau ou à l’électricité, pratiques illicites, concurrence déloyale…Les Marocains qui ont assisté à la rencontre, initiée par les organisateurs de SMAP-IMMO, se sont tous déclarés fiers de leur marocanité et jaloux de l’avenir et du devenir du pays. La dernière tragédie survenue à Imzouren les interpelle tous.
Les questions se rapportant aux répercussions du séisme sur les populations touchées traduisent, quatre mois après, le souci d’apporter aide et réconfort aux habitants des localités sinistrées mais aussi le besoin de s’informer sur les dispositions prises par le gouvernement pour reconstruire les villes et villages touchés. M. Hjira a exposé toutes les dispositions prises en ce sens et l’enveloppe budgétaire conséquente allouée à la reconstruction d’Al Houceïma et sa région. La ville de Casablanca, ses problèmes spécifiques (saleté, transport, habitat insalubre, manque d’espaces verts, etc.), ont également focalisé l’attention de l’assistance.
Aux uns et aux autres, le ministre rappelait les dispositions prises pour éradiquer tel ou tel problème et expliquait, chiffres à l’appui, ce qui restait à entreprendre. Les deux heures consacrées à cette réunion se sont passées trop vite au gré de l’assistance. Celle-ci aurait aimé prolonger encore longtemps cette rencontre chaleureuse et conviviale avec un interlocuteur de choix.
Le ministre chargé de l’Habitat et de l’Urbanisme et les Marocains résidant en France se sont déjà rencontrés. L’année dernière, M. Hjira s’était réuni, à Reincy avec les Marocains résidant en France et leur avait exposé l’importance du secteur de l’habitat pour le développement du Maroc. «C'est un secteur qui représente 30% de l'investissement national, 6% du PIB marocain et emploie 11% de la main d'œuvre nationale”, a insisté M. Hjira à Paris devant des centaines de Marocains désireux d’investir dans l’habitat dans leur pays d’origine. D’autres rencontres pourront avoir lieu dans un futur proche. «Le rendez-vous du SMA/IMMO à Paris est une expérience réussie qu’il faut pérenniser» a déclaré M. Hjira au Matin en soulignant l’importance de manifestations qui permettent aux Marocains résidant à l’étranger de se retrouver et d’exprimer leur attachement pour leurs racines.
C’est ensuite, sur Radio Orient, partenaire du SMAP-IMMO que M. Hjira a pu s’exprimer en direct pour revenir sur les grandes lignes de la politique d’habitat au Maroc et sur ces liens forts et exceptionnels qui unissent les Marocains qui vivent loin de leurs pays.