L'humain au centre de l'action future

Tourné en juillet 2003 : «About Baghdad», un portrait du peuple irakien

"About Baghdad", un documentaire présenté au Festival des films du monde de Montréal, donne la parole aux habitants de la capitale irakienne, ceux que l'on aperçoit généralement à peine à l'arrière-plan des images d'actualité télévisée.

28 Août 2004 À 16:44

Tourné en juillet 2003, quelques mois après la prise de Bagdad par les forces d'occupation américano-britannique, ce film présenté sous les couleurs de l'Irak et des Etats-Unis a été produit et réalisé par Incounter Productions, une société américaine rassemblant un collectif de militants issus du Moyen-Orient qui luttent pour le sort des réfugiés.

Dans ce documentaire projeté pour la première fois hors d'Irak, selon les organisateurs, un poète irakien, Sinan Antoon, retourne à Bagdad après 12 ans d'exil aux Etats-Unis. Il parcourt sa ville natale et réalise combien les choses ont changé, après trois guerres, et des sanctions internationales sévères.

Chacun s'exprime librement face à sa caméra: des groupes d'hommes désoeuvrés, des écolières, une militante des droits de l'homme, une avocate emprisonnée et torturée sous le régime de Saddam Hussein, un poète arrêté et torturé lui aussi à la prison d'Abou Ghraib sous occupation américaine ou encore un ancien militaire ayant combattu pendant la guerre contre l'Iran (1980-88).

Manifestant leur soulagement d'être enfin libérés de Saddam Hussein, ils évoquent les tortures, les disparitions, l'oppression qu'ils ont vécues sous le régime déchu.
La plupart d'entre eux expriment aussi leur colère face à l'occupation américaine et le chaos qui règne dans Bagdad, "alors que les Américains avaient promis de nous libérer".

"Saddam Hussein est responsable de tous nos malheurs, de la guerre contre l'Iran comme de l'occupation américaine", estime cet ancien soldat irakien.
"L'occupation se terminera un jour ou l'autre", assure ce chauffeur de taxi, qui se dit pourtant soulagé et reconnaissant envers les Américains qui ont débarrassé le peuple irakien du dictateur.

"C'est aux Irakiens de construire la démocratie", déclare le poète, comme en écho à ce que tous revendiquent. L'avenir leur appartient et ils réclament leur souveraineté perdue il y a de nombreuses années avec l'avènement de Saddam Hussein.

Malgré les souffrances passées, la vie continue à Bagdad, et c'est ce que nous montrent aussi ces quelques vues de la capitale, ces images de rues animées et embouteillées, ces belles vues aériennes des bords du Tigre, ou encore ces petits marchés de quartier.

Mais Sinan Antoon s'arrête aussi sur ces immeubles détruits par la guerre, sur la bibliothèque nationale quasiment en ruine, sur l'hôpital al-Sadr "qui manque de moyens depuis les années 1990", comme l'explique son directeur.
"La dernière guerre a été la plus dure", explique cette femme, car "une bombe pouvait nous tomber dessus à tout moment".

On assiste à une scène cocasse, lorsque l'équipe de tournage interroge le directeur de la Chambre de commerce, qui cherche manifestement à embellir la situation, affirmant que l'économie redémarre, que le pays peut sans problèmes exporter ses produits aux Etats-Unis à de très bons prix, et que le chômage a presque disparu.

Il est interrompu par un de ses employés qui contredit vivement son discours et relève que 70% de la population est sans emploi.
On retrouve enfin quelques soldats américains qui assurent, du haut de leurs 23-25 ans, de la justesse de leur mission.
415 autres longs et courts métrages, et documentaires, représentant 72 pays, sont à l'affiche à Montréal jusqu'au 6 septembre.
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