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"L'anthologie de la poésie marocaine" de Abdelatif Laâbi : une quintessence de l'aventure poétique nationale

Le poète marocain Abdelatif Laâbi a présenté samedi dans le cadre de la 11e édition du Salon international de l'édition et du livre (11-20 février, Casablanca), son dernier ouvrage "L'anthologie de la poésie marocaine" paru chez les éditions "la Différenc

13 Février 2005 À 16:25

La séance de présentation et de signature de l'ouvrage, animée par l'universitaire et poète Abderrahmane Tenkoul avec la participation de Joaquim Vital et Colette Lambrichts des éditions "la Différence", a été suivie par un débat au cours duquel l'auteur de l'anthologie a fait part de sa "lecture personnelle" de la poésie écrite au Maroc depuis l'Indépendance du pays, en 1956, jusqu'à nos jours.

S'exprimant devant un parterre de poètes, d'hommes de lettres et de critiques littéraires, Abdelatif Laâbi a rencontré un public avide d'en savoir davantage sur les raisons ayant conduit l'auteur à opérer tel choix d'expérience poétique et pas tel autre, accédant ainsi à un espace en grande partie inexploré.
Cette anthologie, qui a nécessité près de trois ans de labeur, représente un "travail qui se fait sur l'Histoire", a-t-il fait remarquer.

Il est à signaler, en effet, qu'aucune anthologie de ce type n'avait jamais été consacrée à l'un des pays du Maghreb, ce qui fait que cet ouvrage vient à point nommé pour révéler un autre versant de la réalité, celui où campent justement les poètes pour livrer leur propre bataille.

Dans la réalisation de son ouvrage, Laâbi a pris en compte le respect des différences existantes caractérisant la poésie au Maroc et la diversité linguistique en l'occurrence les quatre langues d'expression l'arabe classique, le dialecte marocain, le tamazight et le français.

"Il fallait aussi obtenir un équilibre au niveau des générations de poètes tels les fondateurs, la génération médiane ou celle des années 1990", a-t-il relevé, notant que cette quête s'est, de même, étendue à la représentativité masculine et féminine. A ce propos, il a jugé toutefois avoir opéré une "discrimination positive" à l'égard des poétesses marocaines.

"Mon ouvrage n'est pas une encyclopédie mais comme son nom l'indique c'est une anthologie, un choix" , a-t-il rappelé, précisant qu'il est impossible d'y faire figurer tous les poètes marocains. "Un livre est un être vivant qui évolue et cette anthologie acquerra, au fil du temps, une certaine objectivité", a-t-il renchéri.

De 272 pages et de format moyen, l'anthologie de la poésie marocaine comprend 51 poètes et poétesses de différents courants et expressions outre une identification pour chaque profil sertie d'une biographie et d'extraits de son œuvre.

Né en 1942 à Fès, Abdellatif Laâbi, qui était professeur de français, fonde en 1966 avec des poètes marocains la revue "Souffles". En 1985, L'ancien ministre de la Culture Jack Lang le nomme commandeur dans l'ordre des Arts et des Lettres. Abdellatif Laâbi est, depuis 1988, membre de l'Académie Mallarmé et depuis 2001 membre du Conseil d'administration de la Maison des écrivains à Paris.

Il a publié plusieurs romans, recueils de poésie, pièces de théâtre et littérature pour enfants et essais dont les recueils "Histoire des sept crucifiés de l'espoir" (La Table rase, 1980), "L'automne promet" (La Différence, 2003), et "Les Fruits du corps" (La Différence, 2003), la pièce de théâtre "Rimbaud et Shéhérazade" (La Différence, 2000) et les romans "Le Fond de la jarre" (Gallimard, 2002), "Les Rides du lion" ( Messidor, 1989) et "Le Fou d'espoir" (Eddif, 2000).

L'auteur raconte que ce qui lui a principalement insufflé "le mal d'écrire" est son premier "choc" de la découverte de l'œuvre de Dostoïevski. "Je découvrais avec lui que la vie est un appel intérieur et un regard de compassion jeté sur le monde des hommes", dit-il.

"L'Anthologie de la poésie marocaine", Abdelatif Laâbi, éditions de la Différence, 272 pages, format moyen.
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