Spécial Marche verte

«08000 8888» : un numéro vert pour aider les femmes victimes de violence

22 Décembre 2005 À 14:59

C'est une première au Maroc ! Enfin un numéro vert (08000 8888) destinée aux femmes victimes de violence existe. C'est aujourd'hui que le Premier ministre Driss Jettou et Yasmina Baddou, secrétaire d'Etat chargé de la Famille, de l'Enfance et des Personnes handicapées donneront son lancement officiel.

Ce numéro vert permettra aux usagers de bénéficier de service de conseil et d'orientation. Il est établi en partenariat avec bon nombre d'acteurs gouvernementaux : ministère de la Justice, ministère de la Santé, la Direction générale de la Sûreté nationale, la Gendarmerie royale et l'institution de l'Entraide nationale.

Le ministère de la Justice a participé à l'élaboration des cellules d'écoute au niveau des tribunaux. Pour sa part, le ministère de la Santé a établi des stratégies pour accueillir les femmes et filles violentées dans les hôpitaux publics et pour leur offrir des services d'aide sociale au niveau des centres de santé régionaux. La Direction générale de la Sûreté nationale s'engage à soutenir cette opération en définissant des interlocuteurs au niveau de ses services. Ce qui permettra une intervention rapide et efficace.

Quant à l'Entraide nationale, elle créera des cellules de femmes victimes de violence dans ses centres régionaux. Elle préparera aussi des programmes au profit de ces femmes pour les réinsérer dans la société. Les associations féminines ont un rôle très important à jouer, notamment celles qui ont des centres d'écoute d'orientation juridique et psychologique. Elles s'avèrent être un partenaire fondamental. Elles ont travaillé assidûment pour faire naître le numéro vert. Le Secrétariat d'Etat de la Famille, de l'Enfance et des Personnes handicapées va recevoir des appels qu'il va transmettre aux centres.

Les animateurs des centres d'écoute réconforteront les victimes. La liste des associations qui ont participé dans la première phase du projet est longue. Il s'agit entre autres de l'association de l'Union de l'Action féminine à travers le centre SOS Annajda de Rabat, de l'association de l'Action des femmes juristes (Rabat), de l'association marocaine de lutte contre la violence à l'égard des femmes, de l'association Amal, action féminine pour une ville meilleure, de l'association de l'Union nationale féminine marocaine…

Ce numéro vert va permettre de briser le silence. Il ouvrira la discussion sur les différentes formes de violence à l'égard des femmes. Cette violence ne va plus être traitée qu'au niveau de la famille mais au niveau de la société toute entière. Il donnera l'occasion à bon nombre de femmes, notamment démunies, de s'exprimer et de pouvoir bénéficier ne serait-ce que de l'écoute et du soutien psychologique. Jusqu'à présent, aucun numéro gratuit n'existait dans notre pays. Aussi, les femmes violentées n'ont-elles pas les moyens pour appeler les centres d'écoute.

Ce numéro vert permettra outre l'orientation de ces femmes vers les services concernés de détecter les lacunes de loi et d'élaborer des statistiques qui manquent cruellement au Maroc. En tout cas, c'est ce que souhaite la société civile qui attendent de vraies statistiques. Une seule étude a été faite à Casablanca. Elle a démontré que ce sont les hommes qui pratiquent la violence à l'égard des femmes dont la plupart sont jeunes.

C'est pour cette raison que le département de Yasmina Baddou a fait une enquête sur l'état des lieux en vue de mettre en œuvre la stratégie gouvernementale de la lutte contre la violence ; enquête qui a démontré que les femmes trouvent d'énormes difficultés à téléphoner lorsqu'elles sont maltraitées. On est en train de mettre en œuvre la stratégie gouvernementale de lutte contre la violence. Mais, il a été nécessaire d'établir avant tout ce numéro vert, explique une responsable.

Pour concrétiser réellement ce projet, il est indispensable de former le personnel aux techniques d'écoute. En outre, un mécanisme de suivi s'avère on ne plus important pour réaliser les objectifs désirés. Espérons que les femmes maltraitées recevront vraiment l'aide convoité pour limiter ne serait-ce que relativement le phénomène de violence qui va en s'accentuant.
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