LE MATIN
30 Mars 2005
À 16:10
Selon les chiffres de la délégation du ministère de l'habitat, la ville de Salé compte 6428 vieux bâtiments abritant plus de 11900 familles.
L'examen de 20 % des 6428 vieilles constructions par des spécialistes du ministère de tutelle a montré que 13,4 % d'entre elles sont détruits complètement ou partiellement, 58,6 % sont crevassés (dont 47 % menacent ruine) et seulement 5,9 % sont en bon état.
Les chiffres donnent froid dans le dos et montrent qu'il y a péril en la demeure. Il est urgent donc de mettre en place un plan de travail pour éviter que des effondrements ne coûtent la vie aux habitants. Les images de maisons d'anciennes médina de Fès sont vivaces dans les esprits et personne à Salé ne souhaite vivre un scénario similaire.
Parmi les 6428 vieux bâtiments recensés, se trouvent pas moins de 45 fondouks (caravansérails).
Ces fondouks qui représentent un patrimoine architectural et culturel de l'ancienne médina sont menacés également. S'ils viennent à disparaître, des pans entiers de l'Histoire de la ville des Corsaires disparaîtront. Nul n'ignore que ces fondouks ont joué un rôle économique de premier ordre dans le développement du commerce local.
La restauration et la réhabilitation de ces monuments historiques de la médina est donc une nécessité urgente. Elle devra être envisagée dans le cadre des projets inscrits dans le programme global de sauvegarde de la médina de Salé.
Le processus de réhabilitation et de sauvegarde devra prendre ne compte les aspects sociaux, économiques et techniques.
Mais outre les fondouks, c'est tout l'espace de l'ancienne médina qui est en train de se détériorer. Certains spécialistes avancent des chiffres alarmants : 30 % à 40 % du tissu urbain ancien est à refaire.
Ces chiffres, s'ils se vérifient, montrent à quel point des monuments historiques importants sont menacés. Ce qui est malheureux, c'est que ni le ministère de la culture, ni les communes ne font rien pour sauver ce qui peut l'être encore. Résultat, des monuments chargés d'histoire et qui sont les témoins d'anciennes civilisations sont dans un état lamentable. Les rares opérations de restauration qui ont été réalisées n'ont pas été vraiment réussies.
Superficielles et parfois carrément maladroites, elles consistaient seulement à colmater quelques brèches et à corriger quelques petits défauts.
Le manque de moyens souvent invoqué par les responsables pour justifier leur inertie n'est plus une excuse recevable.