Après les affaires Abidal et Oulmers : Les clubs européens protestent contre la FIFA
Trois mois après Charleroi (D1 belge), le champion de France Lyon a attaqué à son tour en justice mercredi la Fédération internationale (FIFA), marquant le début d'une révolte des clubs, et notamment ceux du G14, contre l'organisme gérant le football mondial.
Charleroi, Lyon et le G14, groupement rassemblant les 18 clubs les plus influents d'Europe, contestent la mise à disposition des joueurs pour les équipes nationales, sans indemnités, ni prise en charge des assurances par les fédérations nationales ou la FIFA.
«Nous contestons cette organisation dans laquelle les employeurs n'ont pas de pouvoir, ne sont pas concertés et dans laquelle il n'y a pas de respect du droit des clubs alors que ce sont eux qui interviennent sur le droit du travail et qui signent les contrats», a affirmé sans détours le président de Lyon, Jean-Michel Aulas, lors d'une conférence de presse avec le directeur général du G14, le Suisse Thomas Kurth.
«La FIFA organise sans risques des matches avec des joueurs payés par d'autres», a pour sa part souligné le G14, fondé en 2000, et qui a décidé en octobre de soutenir toutes les actions des clubs, même non membres du cénacle européen, qui s'estiment lésés par les équipes nationales.
En infraction Charleroi, Lyon et le G14 ont ainsi décidé de braver l'interdit de la FIFA qui gère le football mondial depuis 1904 et qui peut sanctionner "d'une exclusion" ceux qui se risqueraient à passer par d'autres juridictions que les siennes.
L'Olympique lyonnais a porté plainte devant le tribunal de grande instance de Lyon après avoir perdu pour trois mois son défenseur Eric Abidal (fracture du 5e métatarse du pied gauche) lors d'un match amical controversé de l'équipe de France en Martinique (le 16 novembre 2005, France-Costa Rica 3-2). Le Sporting Charleroi est engagé contre la FIFA devant le tribunal de commerce de la ville depuis le 6 septembre après la blessure (rupture du ligament de la cheville gauche) d'Abdelmajid Oulmers avec le Maroc (le 17 novembre 2004 lors d'un match contre le Burkina Faso).
"Les dispositions statutaires de la FIFA sont viciées dès l'origine", a souligné l'avocat du G14, Me Jean-Louis Dupont, qui estime que la Fédération internationale est en infraction vis-à-vis du droit européen de la concurrence.
"La Fédération internationale est à la fois un régulateur et une entreprise commerciale organisant un spectacle, et notamment la Coupe du monde générant environ 2,5 milliards d'euros", a-t-il fait remarquer.
"Pour produire ce spectacle, les joueurs sont des éléments de base et pour les avoir il faut partager avec les clubs, a-t-il poursuivi. Or, sur ce marché, la FIFA et les clubs s'adressent aux mêmes opérateurs TV et aux mêmes sponsors. Dès lors, la FIFA reprend son rôle de régulateur pour organiser le marché dans son propre intérêt." Plus qu'une simple indemnisation Le G14 voit d'ailleurs beaucoup plus loin qu'un simple fonds d'indemnisation des clubs pour les joueurs blessés.
Sans "être opposé aux équipes nationales", le G14 a estimé qu'il a le droit à une part du gâteau des droits télévisuels des grandes compétitions internationales, dont la Coupe du monde, plus grand événement sportif du monde en terme de téléspectateurs.
Le directeur général du G14, Thomas Kurth, lorgne ainsi sur "une partie des bénéfices générés par les Coupes du monde et les Championnats d'Europe" qui seraient versés aux clubs "au prorata du nombre de jours et de joueurs mis à disposition".
Ce système permettrait en outre aux clubs de ne pas avoir à solliciter individuellement chaque association nationale (dont les situations financières vont d'un extrême à l'autre) pour une indemnité financière concernant l'utilisation de chaque joueur.