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Attentats de Delhi : les séparatistes du Cachemire accusés

30 Octobre 2005 À 15:32

Les attentats qui ont fait au moins 61 morts samedi à New Delhi sonnent comme un avertissement des séparatistes cachemiris du Pakistan opposés au rapprochement avec l'Inde, jugent des experts indiens qui mettent en garde contre une possible montée en puissance des attaques.

"C'est une carte de visite laissée par les terroristes opérant dans le Cachemire (sous administration pakistanaise) pour montrer qu'ils sont toujours actifs malgré le séisme qui a fait 54.000 morts et tué 2.000 à 3.000 membres de la guérilla", estime Kapil Kak directeur de l'Institut indien d'études stratégiques et internationales.

Un groupe jusqu'alors inconnu du nom d'"Inquilab" (révolution) a revendiqué dimanche la paternité des attentats de samedi qui visaient des marchés populaires et un bus de la capitale. "De telles attaques se poursuivront jusqu'à ce que l'Inde retire ses troupes du Cachemire et y cesse ses activités inhumaines", a déclaré par téléphone Ahmed Yar Gaznavi, le porte-parole du groupe, à des journalistes à Srinagar la capitale d'été du Cachemire indien.
Cette revendication n'a toutefois pas été confirmée officiellement et la police a indiqué ignorer l'existence d'un tel groupe.

Selon des chaînes de télévisions locales, l'"Inquilab" est une émanation du groupe extrémiste Lashkar-e-Taiba (LeT), l'un des trois principaux mouvements de la guérilla séparatiste combattant les forces indiennes au Cachemire et réputé proche d'Al-Qaïda.

Le triple attentat est intervenu alors que l'Inde et le Pakistan finalisaient les modalités d'ouverture de la ligne de démarcation qui divise le territoire himalayen du Cachemire pour secourir les sinistrés du séisme du 8 octobre.
Or certains responsables politiques à Islamabad, gardiens de la ligne dure envers le rival indien, n'ont jamais digéré le réchauffement des relations avec Delhi entamé depuis 2002, selon S.D. Muni, expert en stratégie à l'université Jawaharlal Nehru de New Delhi.

"Ces éléments veulent saper le rapprochement indo-pakistanais (...). D'un côté, les deux parties font des ouvertures pendant que, de l'autre, des responsables pakistanais s'appliquent à faire dérailler le processus", affirme cet analyste.
Depuis 1989, de multiples mouvements islamistes mènent un djihad contre la présence indienne dans la province himalayenne du Cachemire, divisée et disputée entre le Pakistan et l'Inde depuis leur indépendance en 1947.

"Ces attentats entrent dans le cadre de la stratégie imaginée par des idéologues islamistes estimant qu'une domination doit être établie dans les zones peuplées en majorité de musulmans, dont l'Asie du Sud-est", juge pour sa part A.K. Verma, ex-directeur du département de recherches et d'analyse des services de renseignement indiens.

"Ils veulent faire passer un message. Cette guerre qu'ils imposent sera durable et je pense qu'elle montera en puissance si l'on observe l'évolution des attaques terroristes depuis celles de Bali ou de Londres", a-t-il ajouté.
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