Ayant vécu au 3e siècle avant J.C : Mathos, Chef des Numides durant la Guerre des mercenaires
Après la première guerre punique, Mathos, comme les autres mercenaires de Carthage avait exigé le paiement des soldes arriérées, du blé et des chevaux. N'obtenant pas gain de cause, il s'associa à un autre mercenaire, un Campien du nom de Spendios, et souleva les Libyens habitant les territoires carthaginois.
L'historien grec Polybe, à qui nous devons le récit de cette révolte, rapporte que les Libyens avaient été durement traités par les Carthaginois qui, pour soutenir leur effort de guerre, avaient exigé la moitié des récoltes et doublé les tributs imposés aux villes. La révolte fut générale et les femmes, qui se rappelaient les exactions de l'occupant, contribuèrent aux frais de la guerre, en livrant ce qu'elles avaient de précieux. Mathos et Spendios purent ainsi régler la solde des mercenaires et lever une armée à laquelle se joignirent 70.000 Libyens.
Les villes d'Utique et de Bizerte, restées fidèles à Carthage, furent soumises au siège et l'occupation du camp de Tunis coupa Carthage du continent. Le général Hannon essaya de réprimer la révolte mais il échoua. Son successeur, Amilcar, réussit à forcer le blocus et, avec ses éléphants, il dispersa les insurgés. Ceux-ci durent lever le siège d'Utique et se replier sur Tunis.
Tandis que Mathos continuait à assiéger Bizerte, Spendios auquel s'était rallié le chef des mercenaires gaulois, Autarite, marcha sur Amilcar. Le général carthaginois se retrouva en mauvaise posture mais l'aide inattendue du chef numide Naravas le tira d'affaire. Les mercenaire et les Libyens subirent de nouveau une défaite et durent s'enfuir en laissant sur le terrain 10.000 morts et 4000 prisonniers.
Les carthaginois cherchèrent à négocier avec les insurgés mais ceux-ci refusèrent et mirent à mort les otages en leur possession. Amilcar, en représailles, massacra ses prisonniers en les faisant écraser pas ses éléphants.
Les vaisseaux de vivres venant des emporia - les possessions puniques- furent emportés par la tempête, réduisant carthage à la famine. Utique et Bizerte passèrent du côté des insurgés et massacrèrent les hommes que les Carthaginois avaient envoyés en renfort. Carthage finit par recevoir une aide de Syracuse et, Amilcar, secondé par Hannibal, le fameux Magonide qui avait pris la place de Hannon, put faire acheminer du blé. Rome, dont on redoutait une intervention en faveur des insurgés, demeura neutre, respectant le traité de paix signé à la fin de la guerre punique.
Mathos et Spendios redoublèrent d'efforts, réunissant 50.000 hommes et une troupe, commandée par un Libyen du nom de Zarzas, se mit en campagne. Les guerriers étaient braves mais sans tactique. Le rusé Amilcar leur porta de sévères coups et, par d'habiles manoeuvres, réussit à les encercler. Les insurgés épuisèrent leurs vivres et, pour ne pas mourir de faim, ils se mirent à dévorer les prisonniers puis les esclaves. Et n'ayant plus rien à manger, ils obligèrent leurs chefs à négocier.
Spendios, Zarzas et Autarite obtinrent une entrevue avec Amilcar et, accompagnés de sept autres capitaines, ils se rendirent au camp ennemi. Amilcar accepta la paix mais à la condition qu'on le laisse prendre, parmi les insurgés, dix otages de son choix. Le pacte fut conclu et Amilcar s'empara des négociateurs, ce qui priva la rébellion de ses chefs. Les mercenaires, qui ignoraient le pacte, crurent à une trahison et prirent les armes. Amilcar les fit écraser par ses éléphants. Il obligea les Libyens qui avaient pris fait et cause pour le rébellion, à faire leur soumission, puis il marcha sur Tunis, toujours aux mains de Mathos.
Spendios et ses compagnons furent conduits devant les remparts du camp et crucifiés. Mathos, refusant de se rendre, opposa une résistance farouche. Mais les carthaginois, réunissant toutes leurs forces, donnèrent l'assaut. Les derniers insurgés furent vaincus et Mathos fut pris. Avant de le tuer, les vainqueurs le soumirent à d'horribles tortures.
Ainsi prit fin la guerre des mercenaires. Ce ne fut, à l'origine qu'une révolte provoquée par des soldes impayées mais elle tourna vite en guerre contre Carthage qui avait imposé aux populations berbères un joug insupportable.