Billet : Le poids quotidien du pain
LE MATIN
27 Mars 2005
À 16:08
S'il y a un produit, national, aussi largement utilisé et quotidiennement consommé c'est peut être le pain. Chaque citoyen en a besoin matin, midi et soir, car chez nous, nous sommes encore de grands consommateurs de pain.
Ceux qui le font pétrir et cuir chez eux, pour leur propre consommation, ne sont pas concernés par cette chronique, car ils sont seuls responsables du poids de leur pain quotidien. Si le prix de ce pain quotidien, pour ceux qui se trouvent dans l'obligation quotidienne d'aller l'acheter à la boulangerie du quartier ou chez l'épicier du coin, est officiellement fixé et que son tarif est appris par cœur par tout citoyen y compris ceux qui le confectionnent chez eux, ce tarif est normalement arrêté en fonction du poids de la baguette ou la galette.
La farine utilisée est aussi un critère, mais de peu d'importance pour le grand public des consommateurs, car par la force des charges ceux qui achètent leur pain ont fini par s'aligner sur l'achat du standard dont le poids est théoriquement et officiellement de deux cents grammes.
Mais comme personne, de ceux qui achètent leur pain quotidiennement, ne se donne jamais la peine d'en vérifier le poids, il paye le prix (officiel) pour un poids (officieux) généralement en dessous de la norme.
Et si nous faisons une petite vérification, nous nous apercevrons que le poids d'un pain, qui normalement devrait peser deux cents grammes, n'en pèse en fait qu'entre cent cinquante et cent quatre-vingts.
Autrement dit, dans le meilleur des cas nous payons une vingtaine de grammes de pain, par unité achetée, mais que nous ne consommons jamais.
Côté consommateur : si la moyenne est de cinq pains par jour c'est alors une perte de cent grammes de pain par jour qui subtilise à la bourse de ce citoyen un peu plus d'un demi dirham par jour.
Côté confectionneur : si nous prenons une boulangerie qui livre au marché mille pains par jour c'est en faite une économie de vingt milles grammes de pain quotidiennement, autrement dit de cent pains par jour, ce qui revient à un gain quotidien de plus de deux cents dirhams. Comme le client ne soupçonne rien on se paye sa tête, et comme personne ne contrôle le confectionneur du pain à la source, le revendeur n'y est pour rien.
N'est-il pas plus transparent de vendre le pain comme certains fruits ou légumes qui passent par la balance ? Et c'est alors que, au moins pour cette denrée, le prix correspondrait au poids.
*Directeur de l'Académie
régionale d'éducation et de formation.
Région de Meknes-Tafilalet