Déception et amertume des Marocains installés en Tunisie
MAP
12 Octobre 2005
À 13:14
Le match Tunisie-Maroc, joué dernièrement à Radès dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde 2006, a laissé un arrière-goût d'amertume chez des Marocains à Tunis.
L'émotion n'est pas tombée et la déception ne s'est pas assoupie et pour cause. Des Marocains, fins connaisseurs, affirment que le Maroc avait raté, in extremis, sa qualification à Radès malgré la "partialité" de l'arbitre égyptien Abdelfattah.
Ils rappellent que le onze marocain a raté également sa qualification à Rabat en concédant un nul face à son concurrent direct la Tunisie (1-1).
Ce nul a constitué un propulseur et un stimulus pour les "Aigles de Carthage" qui traversaient, à l'époque, un passage à vide et doutaient de leurs moyens lorsqu'ils ont été battus à domicile par la Côte d'Ivoire de Henri Michel par deux buts à zéro (0-2) .
Certes, le combat direct maroco-tunisien n'a été remporté ni par l'équipe marocaine, ni par le onze tunisien, mais la Tunisie a gagné le duel à distance et surtout contre l'équipe de Kenya composée de joueurs presque démotivés et démobilisés et qui, de surcroît, réclamaient leurs indemnités.
En outre, le onze tunisien a joué à huis clos sur un terrain praticable sans public lui permettant d'empocher trois précieux points. Quelle aubaine ! En football, l'égalité de chances est aléatoire et l'erreur est irréparable car un point et un but d'écart pèsent très lourd dans le décompte final et le goal avérage.
Malheureusement, le Maroc s'est fait piégé une seconde fois et le triste scénario des matches qualificatifs au Mondial 2002 s'est répété contribuant, ainsi, à grignoter des points dans l'escarcelle marocaine et à donner l'avantage au Sénégal. L'histoire est-il un perpétuel recommencement ? La Namibie a joué le trouble-fête en 2002 en arrachant un match nul contre le Maroc à domicile avant de s'effondrer, par la suite, et de perdre des rencontres avec des scores fleuves. C'était le Sénégal qui en a tiré profit car un malheur ne vient pas tout seul.
A domicile, le Maroc a raté le coche, car il n'a pas pu redresser la situation en concédant un nul à domicile contre son concurrent direct le Sénégal qui a bien saisi la balle au vol. Et on en connaît la suite.
Cette année, c'est presque la réplique de ce qui s'est passé. Cette itération étonne plus d'un : le Malawi, qui a bien démarré, a arraché un match nul à domicile contre le Maroc lésé par l'arbitrage qui a privé "les Lions de l'Atlas" d'un penalty flagrant et indiscutable. Par la suite, le Malawi a craqué et donné l'occasion à l'adversaire direct du onze marocain de gagner avec un large score de pas moins de sept buts à zéro à Radès.
La Tunisie a remporté six points en deux matches aller (1-0) et retour contre le Kenya (0-2), alors que le Maroc a cravaché dur pour un nul (0-0) devant le public Kenyan et dans un terrain quasi impraticable où les techniciens marocains ont trouvé bien des difficultés pour contrôler la balle et la faire circuler.
Ce genre de terrain défavorise l'adversaire et influe sur le rendement des joueurs marocains techniciens, leurs qualités techniques et savoir-faire. Des Marocains à Tunis affirment que la validation de ces stades ne contribue nullement au développement du football africain et ne favorise guère l'égalité des chances.
On ne doit pas marcher à reculons, descendre de catégorie ou aller à rebours de l'évolution, soulignent-ils rappelant que les deux équipes "finalistes " en l'occurrence la Tunisie et le Maroc n'ont pas joué dans le même stade à Nairobi. Pourquoi ? Pour quelle raison ? , s'interrogent-ils.
Le retour du Kenya après sa suspension a chambardé le calendrier en faveur de la Tunisie et permis à la donne de changer complètement et aux mérites individuel et collectif d'en pâtir, soulignent-ils, ajoutant que le niveau du football africain ne doit pas régresser. L'histoire du football africain ne manque pas, d'ailleurs, de tristes antécédents : favorisé par l'arbitrage aux détriments du Maroc et qualifié au Mondial 1974 en Allemagne, le Zaïre (actuelle RDC) a été cartonné par la Yougoslavie.
Ce score fleuve a démontré que la partialité d'un arbitre n'est qu'un bonheur éphémère et fugace pour l'équipe bénéficiaire et une injustice pour l'adversaire lésé. Pratiquant un jeu non sans originalité et haute facture, le Maroc premier pays africain et arabe à accéder au second tour du Mondial de 1986 à Mexico en terminant premier de son groupe composé des grosses cylindrées à savoir l'Angleterre, la Pologne et le Portugal, est devenu le cheval à battre. Ses joueurs sont étroitement marqués et sa tactique constamment "espionnée". Vivra heureux qui vivra caché.
En football, comme dit l'adage, la petite négligence accouche d'un grand mal et autant de têtes autant d'avis. Des Marocains constatent que le différend Zaki-Naybet entre l'entraîneur et le capitaine des "Lions de l'Atlas ", a été grossi exagérément par des médias tunisiens qui ont utilisé un problème non sans précédent dans l'histoire du football tant national, régional et international, pour essayer de démoraliser, en vain, l'équipe adverse.
D'ailleurs, les différends Aimé Jacquet-Cantonna et Lemerre-Jaziri n'ont pas fait couler autant d'encre.
Des Marocains affirment que ce différend entre deux gloires du football marocain a apporté de l'eau au moulin à certains médias et supporters tunisiens qui attendaient au tournant le onze national marocain et qui n'ont pas hésité à mettre en exergue ce différend pour enterrer vivant le Maroc et en ravalé le mérite ! Le Maroc est une grande nation et le vent ne saurait emporter la montagne, réaffirment des Marocains, à Tunis, la tristesse au cœur.
Des Marocains jeunes et moins jeunes regrettent de ne pas voir ce différend réglé à temps, sur la base des valeurs traditionnelles de la société marocaine qui prônent le pardon, la tolérance et la solidarité, avant qu'il ne soit trop tard et le différend réglé avant le match Kenya-Maroc à Nairobi (0-0) et Tunisie-Maroc à Radès (2-2) afin de resserrer les rangs sans se saborder. L'union fait la force.
La "partialité" des arbitres qui n'ont pas tenu la balance égale entre le Maroc et plusieurs de ses adversaires (finale Tunisie-Maroc CAN 2004, Malawi- Maroc, Guinée-Maroc et Tunisie-Maroc à Radès le 8 octobre) a influé négativement sur le décompte final, relèvent-ils.
Pourquoi le Marocain (ou Marroqui, appellation tunisienne) est étiqueté par certains tunisiens comme "Assas" (gardien) ou "Séhhar" (sorcier) et humilié après et avant chaque derby Tunisie- Maroc ? se demandent des Marocains. Revenant au Match, des médias tunisiens ont sorti des archives, le but marqué contre Zaki, ballon d'or, par Tarak Diab comme si le Maroc n'a pas inscrit de buts d'anthologie par notamment Hmidouch, Faras, Acila, Mustapha Yaghcha, Boudarbala, Kamatchou, Basir et contre des grands gardiens comme Attouga et Choukri Al Ouaer.
Ces faits n'expliquent pas la non qualification du Maroc au Mondial 2006 mais on demande que l'arbitrage soit impartial et qu'on respecte l'hymne national du pays adverse, soulignent des Marocains fiers de leur équipe, réaffirmant que le onze marocain n'a pas démérité, malgré le retournement des situations indépendants de sa volonté et les mauvaises conditions qui ont tourné, malheureusement, au désavantage des "Lions de l'Atlas", concluent-ils.