Spécial Marche verte

Des milliers de personnes ont été affectées au Maroc : L'épidémie de grippe

Alors qu'elle avait sévit tout au long des derniers mois, l'épidémie de grippe devrait s'estomper prochainement. Selon l'institut national d'hygiène, les deux virus (A et B) à l'origine de cette pathologie, ont commencé à circuler de façon continue, touc

12 Mars 2005 À 18:20

C'est une affection qui ne ressemble à aucune autre, et en même temps, aucune autre maladie n'a été autant banalisée et dédramatisée, car lorsqu'elle survient sur un terrain sain, les symptômes qu'elle provoque, sont relativement bénins. Par contre, lorsqu'elle s'attaque à un organisme fragilisé, elle devient virulente, morbide, voire mortelle.

Elle se distingue surtout par l'extrême variabilité de son agent causal le myxovirus influenzae.

Problème de santé publique, infection communautaire par excellence, la grippe a à son actif un triste score puisqu'il s'agit de la deuxième cause de mortalité par maladie infectieuse après les pneumococcies.

La mortalité grippale est sous estimée, la grippe restant souvent méconnue au moment du décès. En effet, une maladie sous jacente peut induire une erreur de classification. C'est la raison pour laquelle elle fait l'objet d'une surveillance accru à l'échelle mondiale. Au Maroc, c'est le Centre national référence de la grippe de l'institut national d'hygiène qui se charge de cette mission en collaboration avec médecins sentinelles volontaires.

77 médecins répartis dans 8 villes du Royaume (Agadir, Marrakech, Tanger, Fès, Méknes, Oujda, Rabat, Casablanca et Lâayoune participent cette année à cette opération. Ils ont effectué 608 prélèvements qu'ils ont adressés au laboratoire de l'institut. Ces échantillons ont permis l'isolement et l'identification de 198 virus : 160 virus H3 et 21 virus B. «Tous les virus isolés sont apparentés aux souches vaccinales de la saison 2004 et 2005», précise une responsable de l'institut d'hygiène.

Le spectre de pandémie mondiale
«Chaque siècle, il y a eu trois ou quatre pandémies et il n'y a aucune raison de penser que nous serons épargnés. Il n'y a pas de date, mais il va y avoir une nouvelle pandémie», indique le responsable coordinateur du programme contre la grippe à l'OMS. En effet, cette infection a, à plusieurs reprises, dévasté la planète et a laissé d'innombrables traces dans l'histoire sous forme de pandémies. Son palmarès est si préoccupant que ses victimes se comptent par dizaines de millions de morts.

L'exemple le plus frappant des méfaits de cette maladie reste la grippe «dite espagnole» de 1918 qui a causé plus de 25 millions de morts (plus que les deux guerres réunies). La dernière grippe est apparue à Hong Kong il y a environ 30 ans et avait fait plus d'un million de morts. Selon les estimations de l'OMS, la prochaine pandémie pourrait se déclencher n'importe où et à tout moment.
Le responsable est le virus de grippe aviaire H5 NI. Depuis son apparition, l'OMS a lancé plusieurs mises en garde contre une mutation du virus qui se caractériserait par une redoutable transmission d'humain à humain. Les scientifiques savent que les virus grippaux sont génétiquement instables et qu'ils ont un comportement imprévisible.

La situation actuelle risquerait donc évoluer très rapidement. D'ailleurs, les estimations de l'OMS, en cas de propagation du virus, entre 2 et 7 millions décès et plus d'un milliard de contaminations. Pour faire face à cette pandémie, plusieurs pays ont élaboré des plans d'actions bien ficelés. Au Maroc, une commission s'est chargée de mettre en place un projet. Soumis au ministre de la Santé, ce projet n'a pas eu de suite.
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