Dominique de Villepin : «Nous voulons aller plus loin»

«Permettez-moi de vous dire à quel point je suis heureux d'être au Maroc.» C'est en ces termes que le Premier ministre français, M. Dominique De Villepin, a entamé sa conférence de presse. C'était mardi, en début d'après-midi, à l'aéroport «Oujda Angad» à l'issue de l'audience qui lui a été accordée par S.M. le Roi Mohammed VI. Dans sa déclaration préliminaire, M. De Villepin qui avait co-présidé à Rabat la 7e rencontre franco-marocaine des chefs de gouvernement a rappelé que le but de cette réunion " était de donner une nouvelle dynamique à notre partenariat stratégique.» Vous savez, a-t-il dit, la relation entre le Maroc et la France est une relation d'exception et le nouveau dynamisme, nous voulions évidemment le donner sur l'ensemble des aspects de notre relation. Sur le plan politique, vous savez combien la France est aux côtés du Maroc.

Au-delà des rencontres permanentes et régulières entre nos responsables, nous nous retrouvons sur la majorité des grands dossiers. La France, vous savez, appuie les efforts et les ambitions du Maroc auprès des instances européennes. Nous soutenons sa demande d'un statut avancé et nous souhaitons également élargir le champ de notre coopération dans le domaine de la sécurité, de la défense, notamment et je tiens à saluer ici l'engagement précurseur du Maroc pour sa participation à l'opération ALTEA en Bosnie". Le Premier ministre français a également précisé que la France est le premier partenaire commercial du Maroc et le premier investisseur étranger, «donc c'est une relation extrêmement forte.

Comme elle l'est également sur le plan de la coopération, puisque le Maroc est notre premier partenaire avec une aide publique au développement de 180 millions d'euro par an», a ajouté M. De Villepin. «Nous voulons aller plus loin et développer en particulier les échanges entre nos deux sociétés, nos deux peuples”, a dit le Premier ministre français en précisant que «30000 Français vivent au Maroc, 800000 Marocains vivent en France, près de 15000 élèves marocains sont scolarisés dans le réseau français au Maroc qui est le plus important du monde et 30000 étudiants marocains poursuivent leurs études en France où ils constituent le premier contingent d'étudiants étrangers. Aujourd'hui, ce que nous souhaitons, c'est mieux structurer cette coopération pour la rendre plus efficace.

C'est une ambition qui existe de part et d'autre. Vous connaissez l'Initiative nationale de développement humain lancée par S.M. le Roi Mohammed VI et vous connaissez aussi notre ambition d'un développement économique et social, d'un volontarisme économique et social. C'est donc dans le même sens que nous souhaitons avancer».

Evoquant les travaux de la rencontre franco-marocaine de Rabat, le Premier ministre français a souligné que «Croissance sociale, croissance au service de l'emploi, c'est ce qui a évidemment sous-tendu l'ensemble des discussions lors du séminaire gouvernemental. Nous avons créé deux instruments nouveaux pour développer cette coopération entre nos deux pays, d'abord un groupe d'hommes d'affaires français et marocains qui permettra d'identifier les projets économiques et les secteurs les plus porteurs, dans le sens des grandes entreprises, mais aussi des petites et moyennes entreprises.

Nous avons également mis en place un deuxième instrument qui est un forum civil de partenariat pour renforcer les coopérations à tous les échelons, au niveau des communes, des départements, des régions, des villes, au niveau des chambres de commerce et d'industrie. Plus de 170 institutions françaises travaillent déjà dans les domaines comme l'écotourisme ou la démocratie locale».
Après avoir rappelé le contenu et la portée des accords signés dans le cadre de la rencontre, M. De Villepin a invité les journalistes présents à poser leurs questions.

Rappelons qu'un deuxième avion de la République française était également arrivé à Oujda avec à son bord les hommes d'affaires ayant accompagné le Premier ministre et une trentaine de journalistes installés en France. A une question sur le rôle de la France dans le rapprochement entre le Maroc et l'Algérie, M. De Villepin a souligné " toute l'importance que nous attachons à un Maghreb uni.

L'Europe avance dans la voie de son unité et tout ce qui va dans le sens de l'unité du Maghreb est susceptible de multiplier les ponts et les passerelles avec l'autre rive de la Méditerranée". Il a ajouté : "nous restons engagés en faveur d'une solution, notre position est claire et constante, vous la connaissez : une solution politique mutuellement acceptable par l'ensemble des parties qui doit être trouvée dans le cadre des Nations unies". Plusieurs journalistes sont revenus à la charge sur le rôle que pourrait jouer la France dans le règlement du conflit avec l'Algérie à propos de nos provinces sahariennes. Pour M. De Villepin, il n'y a que le dialogue. Il a affirmé : «Nous croyons aux vertus du dialogue. Un dialogue entre Rabat et Alger est de nature à favoriser le règlement de ce conflit…Nous sommes convaincues que seule une solution politique sera possible à ce conflit qui n'a que trop duré».

Comme l'Espagne et la France se relaient à la première place du partenariat avec le Maroc, le chef du gouvernement français a été invité à se prononcer sur la question. Avec sérénité, il dira : "La relation entre la France et le Maroc s'inscrit bien dans l'Histoire et chacun de nos compatriotes y est profondément attaché. L'extraordinaire vitalité de cette relation sur le plan culturel, sur le plan économique et sur le plan commercial est incontestable.

Les échanges entre les deux pays sont incessants et nous souhaitons encore davantage. C'est pourquoi dans les domaines, comme le développement économique, nous devons travailler dans de nouvelles voies. Il y a beaucoup à travailler en commun. Nous faisons face à des défis communs. Travaillons tous ensemble". D'autres questions ont été posées à M. Dominique de Villepin. Elles concernaient la politique intérieure française.