L'humain au centre de l'action future

Don Quichotte de la Manche, une odyssée qui reflète la dichotomie humaine

21 Février 2005 À 16:21

L'œuvre romanesque de Miguel de Cervantès, «Don Quichotte de la Mancha» est loin d'être un simple roman, plutôt un mythe et une odyssée reflètant une dichotomie humaine, a souligné, Mohamed Berrada, auteur et critique marocain.

Lors d'une rencontre littéraire, tenue samedi à Casablanca, dans le cadre de la 11e édition du SIEL, autour de l'œuvre séculaire de Cervantès, Mohamed Berrada a mis en exergue les qualités littéraires de ce chef d oeuvre qui continue de prêter le flanc à diverses interprétations.

La richesse et le génie de Don Quichotte, a-t-il poursuivi, consistent en sa confusion et son ambiguïté, ainsi que dans les images de la réalité que présente ce roman et les différentes transformations narratives. Selon M. Berrada, ce roman, qui reflète une écoute attentive par Cervantès aux cris des couches les plus défavorisées, a pu mettre en avant une parodie satirique qui rompt avec les autres genres romanesques dominants qui présentaient une image d'un héros positif, omnipotent et toujours vainqueur.

Pour l'auteur du «Jeu de l'oubli», Cervantès, qui a adopté un style reposant sur la multitude des narrateurs, a voulu rompre avec ce modèle romanesque amadouant les attitudes et comportements humains, en les présentant tels qu'ils sont, sans retouches aucunes. Mettant en exergue l'importance de ce chef d'oeuvre qui est intervenu dans une époque de transformation radicale en Europe, Mohamed Berrada a souligné que Cervantès est pour la langue et la culture espagnoles, ce que Shakespeare est pour la langue et la culture anglaise, Goethe pour la langue et la culture allemandes et Molière pour la langue et la culture françaises.

De son côté, le professeur Cralos Garcia Gual, universitaire spécialiste de l oeuvre de Cervantès, a insisté sur la rupture qu'a consacrée l'auteur de Don Quichotte avec les autres genres de narration, à travers une chaîne de séquences narratives comiques et satiriques en même temps.

Il a précisé que cet héros (Don Quichotte) qui était tout à fait aux antipodes des héros habituels, impuissants, faibles et vieux, se transformait, au fil de la narration, en un héros malgré lui.

Et pour cause, a-t-il ajouté, la dimension humaine du roman est irréfutable, à la faveur des valeurs humaines dont la dignité. Pour ce spécialiste, Cervantès a mis en avant les prémices d'un roman réaliste, lié, dans une esthétique remarquable, aux questions profondes de la société.

Et Garcia Gual de conclure, lors de cette rencontre animée par l'universitaire Ahmed Salhi, que le succès de Don Quichotte était surtout tributaire de sa mort vers la fin de l'histoire du roman.
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