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Entretien avec Caroline Dumas, professeur et chanteuse d'Opéra : «Je dois toute ma carrière à mon pays, le Maroc»

Chanteuse d'Opéra et professeur de chant à l'Ecole Normale Supérieure de Musique de Paris, Caroline Dumas fut invitée, dernièrement, au Maroc, son pays natal, pour donner des masters-class aux jeunes chanteurs du Conservatoire National de Musique et de Da

12 Février 2005 À 19:11

Quel est l'objet de votre visite au Maroc ?

Caroline Dumas : C'est une initiative du ministère de la Culture marocain et des Services culturels français qui m'ont demandé de venir faire des masters-class pour les jeunes étudiants du Conservatoire National de Musique et de Danse de Rabat dans le cadre d'une coopération qui s'est établie entre le Maroc et la France il y a deux ans et demi, permettant aussi d'amener en France des jeunes marocains qualifiés pour faire des études et des stages de chant.

Ce qui s'est déjà réalisé avec trois ou quatre étudiants qui sont allés terminer leurs études à Paris. J'espère que cette collaboration se poursuivra pour donner plus de fruits dans le futur.

Comment trouvez-vous le niveau des élèves du Conservatoire ?
Il y a de jolies voix qui ont besoin seulement d'être travaillées et mises en valeur. Il faut savoir que tous les jeunes chanteurs de Rabat chantent dans des chorales, Ce qui est tout à fait différent quant au chanteur soliste.

Il y a ici d'excellentes chorales, mais un chef de chorale ne peut, en aucun cas, être un professeur de chant, car la technique du chant est extrêmement délicate et très précise, nécessitant des études approfondies dans de grandes écoles spécialisées; ajoutant à cela que l'enseignant doit lui aussi être chanteur comme mon cas, puisque je continue toujours ma carrière de chanteuse de l'Opéra tout en exerçant mon métier de professeur. Ce qui me permet d'avancer et de transmettre mon savoir aux autres.

En tant que chanteuse de l'Opéra, parlez-nous un peu de votre carrière professionnelle ?

D'abord, je voudrais dire que je dois beaucoup au Maroc quant à ce que je suis devenue maintenant, puisque c'est le gouvernement marocain qui a financé mes études de chant en France au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, étant donné que je suis née à Casablanca.

Ensuite, j'ai obtenu au CNSM trois Prix consécutifs, ce qui m'a permis d'entrer à l'Opéra de Paris. Je dois, donc, toute ma carrière à mon pays le Maroc. C'est une chose que je n'oublierais jamais, car c'est très important pour moi. C'est pourquoi je voudrais tellement aider les jeunes chanteurs marocains qui n'ont pas beaucoup de débouchés.

Je leur dois bien quelque chose et à notre pays, le Maroc. Quant à ma carrière professionnelle, celle-ci a toujours été à l'Opéra de Paris et dans toute la France, comme j'ai fait beaucoup de concerts à l'étranger et je continue d'exercer aussi bien en tant que chanteuse et professeur, puisque cela fait douze ans que je donne des masters-class un peu partout dans le monde.

Je travaille aussi avec l'Opéra du Caire en formant des chanteurs égyptiens, dont certains font carrière en France. Cet hiver, je dois partir en Syrie (Damas) puis en Russie parce qu'on a maintenant beaucoup de jeunes chanteurs russes établis en France qui ont de superbes voix.

Dans quelque temps je vais être décoré par les Services culturels du Caire par «Les Palmes académiques» qui est une importante distinction en France que j'aurai l'honneur d'avoir et qui viendra couronner tout le travail que j'ai fait, notamment au Caire, mais aussi un peu dans le monde entier, par exemple au Japon, en Amérique, entre autres.

Après ce palmarès très riche en travail et en voyages, quel est votre rêve dans l'immédiat, après avoir entendu tous ces jeunes qui ont, comme vous dites, de superbes voix ?

J'ai un grand rêve, celui qu'on s'intéresse davantage à ces jeunes chanteurs et pour cela j'espère qu'on puisse un jour faire un grand concert avec tous ces talents devant les autorités et les responsables de ce pays pour leur prouver qu'il existe de très belles voix qu'il faut seulement mettre en valeur en les aidant à arriver.
En effet, ces jeunes ont, vraiment, besoin qu'on s'occupe d'eux.
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