Spécial Elections 2007

Franz Beckenbauer, est plus que jamais le «Kaiser» du football

10 Septembre 2005 À 15:37

Documentaires à la télévision, panégyriques dans la presse et une réception digne d'un chef d'Etat : toute l'Allemagne fêtera aujourd'hui les 60 ans de son fils prodigue, son "Franz" ou encore son "Kaiser", empereur du football allemand et sans doute, bientôt, européen.

Plus de vingt ans après avoir pris sa retraite sportive, Franz Beckenbauer reste le footballeur le plus célèbre d'Allemagne ; peut-être le plus riche aussi et sans nul doute le plus écouté et influent. Le fils de postier de Giesing, un quartier de Munich (sud), devenu directeur de conscience de tout un pays, est l'ami des stars, des hommes politiques et des chefs d'entreprise.

Ses anciens coéquipiers de la "Mannschaft" championne du monde en 1974, l'ex-champion de tennis Boris Becker ou la championne olympique de patinage artistique Katarina Witt, ils seront tous là pour souffler ses 60 bougies, aujourd'hui, devant les caméras de télévision.

Le président de l'Etat régional (Land) de Bavière, Edmund Stoiber, a lui convié jeudi prochain 350 invités pour une réception d'anniversaire de prestige dans les salons de... l'Empereur de sa résidence officielle à Munich. Alors qu'il pourrait songer à prendre une retraite dorée, Beckenbauer est bien trop occupé à organiser la Coupe du monde 2006 qui aura lieu en Allemagne du 9 juin au 9 juillet, à travailler à l'avenir de son club de toujours, le Bayern Munich, ou à lever des fonds pour ses oeuvres de charité.

Double champion du monde L'ancien libero de la "Mannschaft" (103 sélections) et du Bayern Munich (cinq titres de champion et quatre Coupes d'Allemagne, une victoire dans la Coupe d'Europe des clubs champions), double vainqueur de la Coupe du monde (1974 comme joueur, 1990 comme sélectionneur), dispose aujourd'hui d'une carte de visite aussi impressionnante que son palmarès. Il est le président du Comité d'organisation de la Coupe du monde 2006, vice-président de la Fédération allemande de football, président de son club du Bayern et trouve même le temps de conseiller son ami Dietrich Mateschitz, milliardaire autrichien qui veut faire du club de Salzbourg l'une des places fortes du football européen.

"Le joueur du siècle", tel que l'a baptisé un magazine allemand, joue de son image de mari, de gendre, de père, de grand-père et d'ami idéaux: un opérateur de téléphonie mobile, un fournisseur privé d'électricité, la Poste allemande, la Loterie nationale et une bière bavaroise l'ont choisi pour leur publicité.
L'ancien coéquipier de Pelé au Cosmos de New York à la fin des années 80 passe désormais plus de temps dans les avions que sur les parcours de golf, son autre passion.

Il a notamment entrepris de visiter les 31 nations qui participeront à "sa" Coupe du monde, souriant et serrant les mains tel un homme politique en campagne.
Bientôt l'UEFA? C'est d'ailleurs ce qui l'attend une fois la page du Mondial-2006 tournée: il veut en effet étendre son empire à l'Europe en succédant au président de l'UEFA, le Suédois Lennart Johansson, qui, à 75 ans, abandonnera son "trône" européen en 2007.

Face à Beckenbauer, un "jeunot" de 50 ans, Michel Platini: une autre figure du football mondial dont la trajectoire sur et hors des stades de football, de star incontestée à organisateur de la Coupe du monde 1998 en France, en passant par sélectionneur, est similaire à celle de son rival allemand.
Mais l'ancien numéro 10 de l'équipe de France ne possède pas l'entregent et les soutiens d'un Beckenbauer qui fait figure de grandissime favori.

Tout semble avoir toujours souri à l'élégant Beckenbauer: même ses déboires avec le fisc allemand - sa résidence fiscale est en Autriche - et sa vie conjugale mouvementée n'ont jamais durablement terni son image. "Franz a atteint un statut tel que tout lui est pardonné", résumait récemment, avec envie, son ancien coéquipier, Paul Breitner.
Copyright Groupe le Matin © 2025