Spécial Elections 2007

Franz Beckenbauer, «l'empereur» allemand

10 Décembre 2005 À 15:07

Dans la constellation des gloires du football présentes à Leipzig (est) pour le tirage au sort de «sa» Coupe du monde, Franz Beckenbauer n'est qu'une star parmi d'autres, mais le «Kaiser» est, depuis qu'il a pris la direction du Comité d'organisation du Mondial-2006 en Allemagne, l'équivalent d'un chef d'Etat au capital de sympathie énorme.

«Avoir décroché l'organisation du Mondial-2006 est sans doute ce que j'ai fait de mieux dans ma vie», réitère souvent Franz Beckenbauer dont le soixantième anniversaire en juillet a été célébré comme une fête nationale.

Mais Beckenbauer, surnommé le «Kaiser», n'a pas attendu le 10 juillet 2000 et l'attribution de la Coupe du monde 2006 à l'Allemagne par la Fédération internationale de football (FIFA) pour être sacré «empereur» du football mondial.

Né le 11 septembre 1945 dans un quartier populaire de Munich, le jeune Franz rejoint pour d'obscures raisons souvent débattues en Allemagne tel un événement historique le Bayern Munich plutôt que le grand club bavarois de l'époque, le TSV 1860 Munich.

Beckenbauer fait rapidement ses débuts en équipe première et participe à l'accession en 1re division du Bayern en 1965.

Déjà père d'un enfant, courtier en assurance sans grande conviction, le libero, élégant et intraitable, propulse le Bayern au sommet du football allemand et européen: quatre titres de champion (1969, 1972, 1973, 1974), quatre Coupes de RFA (1966, 1967, 1969, 1971), triple vainqueur de la Coupe d'Europe des clubs champions (1974, 1975, 1976).

Epaule luxée Mais c'est sur la scène internationale que Franz Beckenbauer va écrire les plus belles pages de son mythe.

En 1970, lors du Mondial mexicain, il participe à l'inoubliable demi-finale RFA-Italie durant laquelle il se luxe l'épaule et reprend la rencontre le bras en écharpe, avant de s'incliner 4 à 3 après prolongation.

Quatre ans plus tard, en Allemagne de l'Ouest, il conquiert le titre mondial et écoeure les Pays-Bas de Johan Cruyff.

Hors des terrains de football, il est l'une des premières icônes du football moderne, riche, beau, se mêlant à la jet-set tandis que ses frasques conjugales font la Une des journaux.

En 1977, il part à la conquête de l'Amérique et rejoint à New York, au Cosmos, le Brésilien Pelé. En 1982, il met un terme à sa carrière après avoir conquis un cinquième titre de champion de RFA avec Hambourg.

Après deux ans de répit, Beckenbauer devient sélectionneur et conduit la «Mannschaft» en finale du Mondial-1986 et s'impose en 1990 en Italie.
Alors qu'il pourrait songer à prendre une retraite dorée et jouer au golf, sa nouvelle passion, il rejoint l'Olympique de Marseille (1re div. française) de Bernard Tapie: l'expérience tourne court.

VRP de luxe L'ancien libero de la «Mannschaft» (103 sélections) se consacre alors à son club de toujours, le Bayern dont il est président, devient vice-président de la Fédération allemande de football, se réinvente en VRP de luxe pour l'équipementier Adidas.

Aujourd'hui, celui qui est pour les Allemands «le joueur du siècle» joue de son image idéale de mari, de gendre, de père, de grand-père et d'ami: un opérateur de téléphonie mobile, un fournisseur privé d'électricité, la Poste allemande, la Loterie nationale et une bière bavaroise l'ont choisi pour leur publicité.

Depuis juillet 2000, il est l'omniprésent «Monsieur Mondial-2006». Et après?
Il pourrait succéder à la présidence de l'Union européenne de football (UEFA) au Suédois Lennart Johansson.

Mais les Allemands, dont il est l'une des personnalités préférées, le verraient mieux en président de la République.
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