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Grave déterioration de la santé du Pape Jean-Paul II : L'Eglise catholique et le monde retiennent leur souffle

01 Avril 2005 À 18:51

Le pape Jean Paul II, 84 ans, qui se trouvait vendredi matin dans un état "critique", a reçu jeudi soir le "saint viatique", c'est-à-dire qu'il a reçu la communion, proposée en "viatique" à ceux qui vont mourir.

La communion, ou eucharistie, est au coeur de la vie chrétienne et les catholiques les plus fervents communient tous les jours. Quand la fin est proche, l'eucharistie est reçue en "viatique" (c'est-à-dire en provision de route), pour aider le croyant à assumer sa propre mort. Mais il n'existe pas à proprement parler de "sacrement de la mort" dans l'Eglise catholique.

Aux malades dont la santé commence à être dangereusement compromise et qui demandent un réconfort, l'Eglise propose "le sacrement des malades". Il a été longtemps appelé "extrême onction" parce qu'il comprend un rite "d'onction" (apposition d'huiles saintes sur le front) et qu'il était réservé aux mourants.

Mais aujourd'hui, le "sacrement des malades" peut être demandé par tous ceux dont la santé est compromise. D'autre part, le cardinal italien Camillo Ruini, vicaire de Rome et chargé selon le droit canon d'annoncer la mort du pape, est arrivé vendredi matin au Vatican.

La mort du pape devra être constatée officiellement par le prélat en charge de la fonction de Camerlingue, le cardinal espagnol Eduardo Martinez Somalo. Elle sera ensuite annoncée au peuple romain par le cardinal vicaire de Rome.

Pour sa part, le père Konrad Hejmo, responsable des pèlerins polonais au Vatican et généralement bien informé, a estimé que le pape était prêt à mourir. "Le pape comprend que la situation est très difficile mais il est serein.

Il a concélébré la messe, il a pris la communion comme viatique, en fait il est prêt" à mourir, a dit le religieux polonais, alors que quelques centaines de fidèles se trouvaient rassemblés sur la Place Saint-Pierre, après avoir entendu les informations sur le chef de l'Eglise catholique.

Le Vatican a toutefois démenti dans la matinée que Jean Paul II soit dans le coma comme l'avait indiqué quelques instants plus tôt la chaîne d'information en continu Sky Italia.

Le pape "n'est pas dans le coma", a déclaré une source autorisée vaticane.
La porte-parole du Vatican avait annoncé hier dans une déclaration que le pape était dans un état critique. "Après qu'il eut souffert hier soir d'une infection urinaire, une septicémie s'est déclarée et il a eu un arrêt cardiaque", avait-il précisé.

"Le Saint Père a été immédiatement secouru par l'équipe de médecins de garde dans son appartement privé" et il a été placé "sous assistance cardio-respiratoire", a-t-il ajouté.

"Le Saint Père est lucide et conscient et serein", a-t-il précisé. Le porte-parole du Vatican a néanmoins confirmé que Jean Paul II avait reçu "le Saint Viatique jeudi à 19H17 (17H17 GMT)". Le Saint Viatique est l'eucharistie (la communion) qui est donnée aux malades proches de la mort, ce qui était auparavant appelé extrême-onction.

M. Navarro-Valls a également précisé que "le Saint Père a exprimé la volonté de demeurer dans sa chambre où lui sont assurés tous les soins". Selon le vaticaniste du quotidien italien la Repubblica, Jean Paul II avait demandé à ne plus être hospitalisé et exigé comme dernière volonté "de mourir dignement en souverain pontife dans sa chambre au Vatican devant la Place Saint Pierre".

L'infection urinaire est dramatique pour un malade du Parkinson comme le pape, qui est en outre très affaibli. Elle est la conséquence des problèmes de déglutition éprouvés par Jean Paul II qui ont entraîné une déshydratation et provoqué probablement une cistite, a commenté vendredi le neurologue italien Stefano Ruggieri dans le Corriere della Sera.

Les médecins redoutaient la septicémie qui s'est déclarée vendredi. L'Eglise catholique a commencé à préparer les fidèles à sa disparition, et invite un peu partout dans le monde à "prier pour le pape qui vit le dernier moment de sa vie".

Jean Paul II avait été contraint de déléguer à des cardinaux la présidence de toutes les célébrations pascales. Il est apparu à la fenêtre de son bureau pendant une quinzaine de minutes dimanche dernier après la messe de Pâques, mais malgré ses efforts, il n'a pas pu prononcer la bénédiction "urbi et orbi".

Si le pape vient à mourir, des services funèbres seront célébrés pendant neuf jours et il sera inhumé entre le quatrième et le sixième jour suivant son décès, selon les dispositions qu'il a édictées dans sa Constitution apostolique de 1996. Le conclave chargé d'élire son successeur doit se réunir dans un délai de 15 à 20 jours après la mort du pape.

Le document, très précis, édicte les procédures et les interdits après le décès du pape pour ses funérailles et l'élection de son successeur. Sa mort doit être constatée officiellement par le prélat en charge de la fonction de Camerlingue et annoncée au peuple romain par le cardinal vicaire de Rome.

Les cardinaux devront ensuite "fixer le jour, l'heure et de quelle façon le corps du Pontife défunt sera porté dans la basilique vaticane pour être exposé à l'hommage des fidèles". Son inhumation aura lieu en la Basilique Saint Pierre, sauf en cas de dispositions testamentaires contraires.

Selon certains de ses compatriotes, Jean Paul II aurait souhaité pouvoir être inhumé en Pologne dans le tombeau de famille à Wadowice, près de Cracovie. La question sera tranchée si le pape a laissé un testament.
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