L'humain au centre de l'action future

Hassan El Fad parle de ses sketches : «Faire rire est mon ultime intention»


Hassan El Fad fait partie des vrais artistes qui maîtrisent la solution miracle du rire.R>
>Ce sont ses gestes et son talent à dénicher les mots justes évoquant la vie quotidienne qui suscitent chez ses admirateurs cette insaisissable impulsion du

13 Avril 2005 À 15:39

Docteur Ghlala (Dr.escargot), un personnage terriblement loufoque et mythomane, et dont le comportement vous gêne vraisemblablement. Pourquoi avoir choisi précisément ce genre de personnage qui concilie humour et complexes sociaux ?

Le Dr Ghlala est le titre du spectacle et il fait partie d'une fresque composée de quatre sketches qui tentent de brosser le portrait de quatre personnages très différents les uns des autres. Le premier évoque le comportement tumultueux d'un gardien de voiture qui souffre de mythomanie, et traîne ces interlocuteurs dans des aventures invraisemblables.

Dr Ghlala est le second sketch qui fait allusion à un spécialiste distingué des hermaphrodites, et qui n'hésite pas à pénétrer le monde complexe du mollusque, expliquant à la fois leurs potentialités hygrométriques et culinaires.

Le troisième sketch met en scène un homme fabuleux, Tarik Bnou Ziad que j'admire énormément. Recevant les ordres d'un Djinn, C'est un bouffon qui se met dans la peau de Tarik Bnou Ziad, car il veut mettre la main sur un trésor. Le protagoniste du dernier spectacle est Haja Zohra qui à 60 ans, elle est au CE1, et elle compte partir en colonie de vacances avec son camarade de classe qui est le poissonnier du coin.

Si l'on regarde de très près le spectacle, on va se rendre compte que la diversification des personnages reproduit des situations rocambolesques, mettant en exergue nos troubles quotidiens et qui passent sans que nous ayons le temps de les comprendre.

Et comme je m'efforce à concilier l'alimentaire et l'expressif, je ne ménage aucun effort pour faire tordre les spectateurs de rire. Car, en dehors de toutes les considérations, faire passer de véritables moments de bonheur à mon public est mon ultime intention.

Ninja, Ci Bi Bi, Dr. Ghlala, vous donnez de drôles appellations à vos spectacles, pourquoi ?

Laissez-moi vous dire une chose. Mes titres sont le fruit de très longs moments de recherche. Des fois, cela m'arrive de sélectionner 40 titres, et je passe de longues heures de travail avant de faire le dernier choix. En plus, il faut que je prenne en considération le volet auquel j'ai fait allusion auparavant, celui de concilier l'alimentaire à l'expressif et produire un titre qui sache à la fois retenir l'attention, plaire au public et dont la mémorisation est facile .

Vous avez été très productif à la télévision et au cinéma, alors que vous avez disparu pendant trois ans du théâtre. Doit-on remercier Docteur Escargot de vous avoir interpeller et fait retourner sur les planches ?

Au cours des trois années précédentes, je n'étais pas absent de la scène artistique. Je me suis consacré à la télévision, et je me suis penché sur des parodies diffusées sur la TVM. Il y a eu la diffusion de 12 épisodes de «Kanat Ci Bi BI» (la chaîne du dindon) et Canal 36.

Les téléspectateurs ont certainement visionné ces parodies satyriques qui ont évoqué le comportement surprenant de certaines personnalités, mettant la lumière sur les invités des émissions de télévision qui parfois adoptent des discours inattendus et biscornus laissant les téléspectateurs sur leur soif. Il ne faut pas oublier non plus long-métrage du réalisateur Omar Chraibi, Rahma dans lequel j'ai joué le rôle principal.

Mais dès que j'ai eu l'occasion de revenir sur les planches, je ne l'ai pas raté. Et je suis terriblement heureux de présenter à nouveau mon deuxième one-man-show Dr Ghlala avec lequel j'ai entamé une tournée nationale qui a commencé le 12 avril dernier et qui s'achèvera le 25 de ce mois.

Vous avez des projets en vue ?
En plus de ma tournée nationale, je suis en train de réaliser la co-écriture avec Younès Jamaa, d'une comédie dramatique dont le titre provisoire est " Les frangins ”.


Vos derniers spots publicitaires ont ravi les spectateurs, soulignant qu'ils ne se lassent jamais de leur diffusion.
Les sponsors sont des gens qui m'ont accordé une confiance totale. Et je ne vous cache pas que je me suis éclaté artistiquement, en prenant toute la liberté de manœuvrer toutes les éventualités créatives que j'ai jugées crédible pour le produit.

Comédien, musicien et peintre, quelles sont vos autres facettes cachées ?

Je fais partie de la première promotion technique d'art plastique. Ensuite, j'ai enseigné cette discipline pendant 15 ans. Cela ne veut pas dire que je suis peintre professionnel, mais je suis peintre amateur, dont les meilleures toiles sont accrochées chez moi et chez mes meilleurs amis. Quant à ma relation avec la musique, c'est vrai qu'elle est très étroite. Quant à ma vie privée, depuis 10 mois je suis papa, et mes vrais moments de détente sont ceux que je passe avec la petite à écouter ses joies et ses cris.

Faire la scène n'est certainement pas toujours facile ?
Faire le pitre, n'est pas du tout facile. Ajouter à cela, parfois l'artiste confronte des situations qui le dépassent socialement et culturellement. Très souvent, l'artiste construit tout un spectacle, non pas pour plaire à lui-même, mais plaire à son public.
Et le but final est surtout de faire rire le public. Seulement, je ne comprends pas pourquoi certaines personnes assistent à un spectacle et commencent à faire des lectures immédiates et hâtives rendant l'espace de partage un endroit de bourdonnement, gâchant par conséquent un moment rare normalement destiné au bonheur et au rire.

Repères
1986- Première prestation théâtrale au Conservatoire national
1993-Il joue la fameuse pièce théâtrale " Le Bourgeois gentilhomme” de Molière à Amsterdam, où il a été repéré par un réalisateur néerlandais, Jirrit Timmers et, depuis, il a intégré un projet multiculturel hollandais.

1997- Sa première présentation de la pièce théâtrale " Ninga ” à l'Institut français de Casablanca a réalisé un succès fulgurant.
1994 : le 30 juin, le Maroc a perdu un match de football contre les Pays-Bas et c'était le jour où Hassan El Fad a convolé en justes noces. Il estime que personne ne devait être malheureux, car on a fait match nul ce jour-là.

Des situations déphasées et humoristiques
Hassan El Fad se rappelle particulièrement de deux événements et pour lesquels il ne sait pas vraiment quoi penser : doit-il en rire ou garder son sang froid ? Et curieusement, la scène de théâtre des deux situations a été la mosquée. La première fois, comme chaque vendredi, Hassan El Fad s'est dirigé à la mosquée pour accomplir son devoir de musulman.

Au moment où l'imam a demandé aux fidèles de se ranger, un jeune homme a aperçu Hassan El Fad et éclata de rire. Gêné, l'humoriste lui a gentiment demandé de se calmer car le lieu ne se prêtait pas à ce genre de situation.

A peine s'était-il calmé pendant quelques secondes que le monsieur a repris de plus belle. Ne réussissant point à maîtriser son fou rire, il a pris ses babouches et il a quitté le lieu saint. Le second événement a eu lieu encore une fois à la mosquée, et comme Hassan El Fad a beaucoup d'admirateurs, plusieurs le saluaient naturellement à l'entrée.

Un homme posé s'est avancé vers Hassan El Fad, et visiblement il était content de le voir en chair et en os, et d'un air sérieux il lui posa la question : " Hassan, qu'est-ce que tu fais ici ? ”. Hassan El Fad s'est senti embarrassé par cette remarque, et a répondu : Mais voyons, je ne suis pas Ibliss (Satan) quand même !
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