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Houcine Saber, le gros bras du CAFC

30 Décembre 2005 À 15:08

C'est une véritable force de la nature. Quand on parle de Houcine Saber, on ne peut ne pas évoquer tous les joueurs de tennis que notre pays a connus. Il le dit sans ambages : « J'ai vécu avec toutes les générations qui se sont succédé et je suis toujours là pour vivre d'autres moments encore plus intenses ».

Car il faut bien préciser que ce joueur a d'abord connu les anciens, à savoir les Laïmina, Bouchaïb Haibabi, Abdellah Zemzaoui, qui ont dû céder leur place aux jeunes qui piaffaient d'impatience pour prendre la relève. Ce fut l'époque des Dlimi, Dislam, Chekrouni, Nadini. Si certains de ces anciens coéquipiers avaient raccroché, poussé par le poids de l'âge, lui a continué assidûment à participer aux tournois tant nationaux qu'internationaux.

Si bien qu'il fit partie de la 3e génération, voire de la 4e, celle des Outaleb, Ridaoui, Alami, Al Aynaoui, Arazi, Lalaoui, Blal etc…. «Et je suis encore capable de jouer contre les jeunes d'aujourd'hui» ajoute-t-il, non sans une certaine fierté. Il faut dire que la passion du tennis s'est emparée de lui alors qu'il n'avait que 8 ou 9 ans quand l'un de ses proches, en l'occurrence Laanaya Saber, alors entraîneur au club de la douane, le fit venir de Sidi Hajjaj comme ramasseur de balles. Il resta deux années dans ce club avant d'atterrir en 68 au CAFC.

Comme à l'époque, il lui était interdit par les responsables du club de toucher une raquette, il jouait en cachette et c'est à partir de là que son parcours va débuter. Là aussi, il va rester deux ans avant de se retrouver au Tennis Oasis, le club de François Kratochvil. Il fut l'un des tout premiers Marocains à participer à un tournoi, celui du RUC. « Le président de TO a fait appel à moi pour remplacer son fils qui ne pouvait jouer, rappelle Saber, et j'ai gagné mon match contre le fils Labaker par 6/2, 6/2. Par la suite, j'ai toujours fait partie de l'équipe du club ».

En 73, ce jeune crée une belle surprise en réalisant une performance contre Giraldi, ancien joueur du RUC et professeur de gymnastique à « l'indus », actuel lycée Al Khawarizmy. L'euphorie s'est emparée du jeune marocain qui va se lancer dans les tournois. En 75, Saber gagne le championnat du Maroc 3e série avec le CAFC qu'il va intégrer de nouveau. Il ne quittera d'ailleurs plus ce club qui l'a vu grandir. « Jamais je n'oublierais ce club et tout ce qu'il a fait pour moi, reconnaît-il. Je voudrais, en particulier, remercier le président Vladimir Chestakov pour l'aide précieuse qu'il m'a toujours apportée ainsi que les membres avec lesquelles il y a toujours eu un respect mutuel et tous les présidents de la section tennis».

Les saisons se sont suivies et les titres aussi. En 76, il remporte le championnat du Maroc 1re série. Grâce à ses excellents résultats, il attire l'attention des responsables de l'équipe nationale de Coupe Davis. En 77, il goûte aux délices de sa première sélection avec Bouchaïb Haibabi comme capitaine d'équipe et Laimina, Dlimi et Dislam comme coéquipiers.

L'aventure internationale commence sous de bons auspices pour lui puisque Saber gagne son premier match contre le no 2 Norvégien. Il portera les couleurs nationales pendant près d'une douzaine d'années. « J'ai joué un peu partout à travers le monde et j'ai toujours été fier de défendre les couleurs nationales que ce soit en Afrique, en Europe ou ailleurs. Le tennis m'a beaucoup apporté, en particulier dans mes relations avec les entraîneurs, les joueurs, les accompagnateurs. Je pense que la meilleure période fut celle que j'ai passée avec Bouchaîb Haibabi qui était un monument du tennis national.»

Sur le plan national, Houcine donne satisfaction et remporte deux titres au national, ceux de 83 au COC et de 85 à Oujda. Il est cinq fois finaliste. Il est à nouveau champion du Maroc 1re série en 8. Il mit fin à sa carrière internationale en 88 face à l'Egypte. Curieusement, c'est contre ce pays qu'il débuta avec l'équipe nationale en match amical. Aussi bien en championnat d'Afrique, qu'Arabe, Saber a un palmarès éloquent. « Je jouais beaucoup plus les doubles que les simples et mon principal coéquipier a toujours été Dlimi, se remémore Houcine. Nous avons remporté trois fois le double au Soudan, en Tunisie et en Libye en 83-84 et j'ai aussi gagné un double mixte avec Amina Chaouki. »

En simple, Sabir était le 3e joueur en Afrique. Il a participé à tous les tournois ATP au Maroc et à l'étranger où il réalisa de belles perfs. Il faisait partie des 355 meilleurs joueurs mondiaux, qui reste son meilleur classement. Il a joué près de 72 tournois de première série, une douzaine en 2eme série et huit en 3eme. Il est entraîneur depuis plus d'une trentaine d'années avec son club de toujours le CAFC. « J'étais joueur et entraîneur à la fois parce qu'il fallait bien que je gagne ma vie. J'en ai fait ma profession et je ne l'ai jamais regretté. J'ai formé des dizaines de jeunes qui sont aujourd'hui des encadreurs qualifiés.

J'ai formé aussi mon fils Mohamed qui est actuellement en Espagne.»Il a obtenu ses diplômes au Maroc. Il a même été appelé par la CAT pour encadrer l'équipe d'Afrique. En 87, il crée l'Amicale des encadreurs de tennis, l'ANET dont il devient président. Il le restera jusqu'à ces derniers jours où il présenta sa démission. « Je voudrais laisser la place à un jeune pour prendre la relève».

précise-t-il. Quand on lui demande ce qu'il pense du tennis actuellement, sa réponse est clair : « Nous avons eu une progression de 100%, en ce qui concerne la pépinière mais le niveau a chuté de 50% ». Durant sa longue et riche carrière, Houcine Saber a aussi côtoyé bon nombre de nos confrères auxquels il rend un hommage particulier .Merci Houcine.
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