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Investiture officielle, aujourd'hui, du Président George W. Bush : un second mandat sous le signe de la continuité

C'est donc ce jeudi 20 janvier que George W. Bush prêtera serment pour un second mandat de quatre ans à la tête des Etats-Unis d'Amérique, désormais méga-puissance et «maître» incontesté de ce bas-monde. Elu le 2 novembre dernier à une confortable majorit

19 Janvier 2005 À 16:57

La tradition et la logique veulent que le président réélu consacre tout son temps et ses efforts à régler les problèmes internes - et ils sont à la fois nombreux et complexes - et à essayer ainsi de graver son nom dans l'histoire nationale en se lançant dans quelque grande entreprise d'ordre politique, économique ou social. Ce qui suppose qu'il aura apuré, auparavant, tous les dossiers internationaux et aplani toutes les questions – marginales ou de fond- n'ayant pas un caractère spécifiquement national.

C'est hélas loin d'être le cas et les derniers développements, sur la scène internationale, notamment, indiquent même que G. Bush non seulement, n'a ni l'intention ni la volonté de circonscrire les incendies qu'il a provoqués et attisés (en Irak et ailleurs) mais qu'il est aussi prêt à en allumer de nouveaux.

La crise qui couvait depuis plusieurs mois déjà entre Washington et l'Iran et que l'hôte de la Maison Blanche vient de faire monter de plusieurs crans par ses propos guerriers moins de vingt-quatre heures avant sa prestation de serment, aussi bien que ses prises de position et ses déclarations intempestives envers la Syrie, la Corée du Nord, le secrétaire général de l'ONU, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, etc., laissent présager un mandat tumultueux et des tensions - voire l'éclatement de nouveaux conflits - dont la planète se passerait volontiers.

Le moment choisi pour hausser le ton au sujet de la question du programme nucléaire iranien ajouté aux révélations (fuites contrôlées ?) sur la présence de commandos américains en Iran même est en soi révélateur des desseins de George Bush II.

Celui-ci semble cependant oublier que l'Iran n'est pas l'Irak tel que les soldats américains l'ont trouvé au printemps 2003 – exsangue et complètement démotivé – et que le monde, pas plus que le peuple américain lui-même, n'est pas prêt de se lancer dans une nouvelle aventure dont les conséquences seraient forcément plus désastreuses encore que ne l'ont été jusqu'ici celles de l'occupation de l'Irak.

L'ouverture d'un nouveau front en Iran serait en effet une pure folie pour une multitude de raisons dont les plus déterminantes nous semblent tenir à ceci :

-la capacité de résistance et dirions-nous, de nuisance de l'Iran est autrement plus forte que celle de l'Irak de Saddam Hussein. Une armée puissante, mieux équipée et entraînée et un peuple, quelque peu muselé certes mais nullement prêt à baisser sa garde et à se résigner à subir le sort de son voisin irakien, ajoutés à un possible recours à des armes non conventionnelles (les fameuses armes de destruction massive – ADM – donc) constituent l'atout majeur de Téhéran en cas de confrontation directe même si le rapport de forces reste très déséquilibré. Cela s'est déjà vu en Irak où la résistance combat presque à mains nues et inflige chaque jour des revers à l'armée U.S.

Qu'en serait-il alors si, d'aventure, M. Bush décide d'attaquer l'Iran ?
-échaudés par la tragédie irakienne puis chauffés à blanc par une éventuelle frappe contre l'Iran, beaucoup de pays qui ont choisi jusqu'ici de faire le dos rond seraient tentés de faire leur la fameuse théorie bushienne de "guerre préventive” et de prendre les devants en provoquant des conflits même marginaux ne serait-ce que pour faire diversion et disperser les efforts de Washington en l'obligeant à se battre sur plusieurs fronts à la fois.

-les organisations dites "terroristes” - Al Qaïda bien sûr, mais également une nuée d'autres groupes qui verraient le jour le moment venu – auront mille raisons et arguments supplémentaires pour mobiliser des hommes, lever des fonds et porter, partout dans le monde, la violence à des niveaux insoupçonnés et insoupçonnables.

Le peuple américain qui a réélu Georges Bush davantage parce que Oussama Ben Laden est inopportunément intervenu au dernier moment pour lui rappeler le traumatisme du 11 septembre que parce qu'il approuve tout ce que son président a fait ou envisage de faire est le seul dans ce cas à pouvoir éviter de nouveaux drames en exerçant suffisamment de pression sur ce dernier pour l'amener à changer de cap. Et ce ne sont ni les moyens, ni les canaux qui lui font défaut.
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